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Du cinéroman au roman-photo
Autour de l'exposition « Roman-Photo »
En complément de l’exposition « Roman-Photo », le Mucem et dfilms proposent une programmation cinéma à découvrir du 18 au 21 janvier à l’auditorium du musée : « Du cinéroman au roman-photo ».
Depuis les premières expérimentations du cinéma muet jusqu’aux outrances formelles de Dario Argento, entre raretés néoréalistes et chefs-d’œuvre intemporels, entre coups de foudre et coups de couteaux ; il s’agit de montrer les relations incestueuses qu’entretiennent, depuis plus d’un siècle, cinéma et roman-photo.
Dans le cadre de la manifestation de dfilms : « ADDICTION à l’œuvre, une histoire de cinéma qui s’accorde aux autres arts de 1895 à 2019 ».
- Roman-ciné-photo, par Olivier Séguret, critique littéraire et cinéma
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À l’origine, c’est une sale histoire. Une sorte de maltraitance dans le cercle familial des images, où le cinéma serait un grand frère exubérant et brutal, un tombeur de foules dominateur et le roman-photo son souffre-douleur paisible et silencieux. Ils appartiennent pourtant au même clan populaire et déclassé, mais justement : c’est comme si le cinéma avait cherché à se venger du mépris qu’on lui faisait subir en le reproduisant sur un petit frère encore plus mal loti que lui.
Le plan a fonctionné : son ascension sociale parmi les arts nobles a conduit le cinéma sur le trône des images et rejeté le roman-photo aux oubliettes de la culture. Du moins l’avons-nous pensé...
Ou bien c’est une histoire darwinienne. Dans l’impitoyable nature des images, le cinéma et le roman-photo appartiennent au même nid d’aigle, mais le premier va tout faire pour voler sa pitance au second, le déplumer, le faire chuter. C’est d’une cruauté sans bavure mais sans la moindre malveillance non plus : seul l’instinct de survie est en jeu. Là encore, par la simple vertu du rapport de force, le cinéma a triomphé. Du moins l’avons-nous cru...
Car nous comprenons aujourd’hui que c’était en fait un scénario à la David Cronenberg, une inquiétante histoire de monstres siamois et manipulateurs, mélangés jusqu’à l’inceste et dont la progéniture bizarre, clandestine, n’a cessé de tapisser nos écrans.
Il est temps d’en redécouvrir quelques spécimens.