Le Monde à l'Envers
Carnavals et Mascarades d’Europe et de Méditerranée




Dans les années 1960, on croyait pouvoir prédire la mort de Carnaval, réduit à une fête enfantine ou à une démonstration folklorique. Finalement, il n’en est rien. Cinquante ans plus tard, le Carnaval se porte bien. Partout, mascarades rurales et parades urbaines renaissent et se réinventent, cherchant à renouer avec des rites très anciens ou s’inspirant de formes revenues de très loin.
Le phénomène a pris une telle ampleur que le Mucem s’y est d’abord intéressé sous la forme d’une « enquête-collecte » destinée à enrichir les collections. Devant l’intérêt des résultats de la recherche, il fut décidé d’organiser sous le titre « Le Monde à l’Envers » une exposition consacrée aux pratiques carnavalesques contemporaines.
Mais qu’est-ce que le carnaval ?
On regroupe aujourd’hui sous cette appellation des manifestations très différentes :
—Les parades urbaines, liées ou non au calendrier liturgique, anciennes ou récemment inventées.
—Les mascarades rituelles de l’hiver, qui commençaient parfois à la Toussaint, caractérisaient ailleurs la période des 12 jours ou de l’Epiphanie ou les « jours gras » précédant le carême. Revisités, ces rites masqués connaissent aujourd’hui un renouveau général.
—Les carnavals tropicaux, qui connaissent un succès planétaire. Ils fascinent les Européens qui s’y rendent et sont pratiqués en Europe comme une fête identitaire par les immigrants originaires de la Caraïbe ou de l’Amérique du Sud.
—Les rites masqués de la rive sud de la Méditerranée : mascarades de l’Aïd-el-kebir et de l’Achoura dans les zones berbérophones du Maroc, nouvel an berbère (Yennayer) dans l’Algérie Kabyle, Pourim juive. Les mascarades berbères intégrées au calendrier islamique lunaire connaissent aujourd’hui une relance en tant que fêtes berbères anté-islamiques et se transforment parfois en carnavals urbains, comme à Inezgane, dans la région d’Agadir. Comme les parades de Pourim en Israël, les carnavals marocains actuels relèvent d’une culture mondialisée du carnaval, qui mêle comportements transgressifs, arts de la rue, revendications identitaires et joie de participer à la fête.
Si différentes à première vue, ces manifestations ont beaucoup en commun : des personnages archétypiques, que l’on retrouve dans les villes comme dans les campagnes, des comportements récurrents (excès alimentaire, licence sexuelle et scatologie, inversions en tous genres, droit des masques à révéler les inconduites et à critiquer la politique locale ou internationale), mais surtout des représentations communes de la fête. La liberté du carnaval, ses transgressions, ses jeux de masques, son impertinence, sa capacité à mettre en scène les diverses composantes sociales de façon souvent polémique appartiennent à un fonds commun, admis par tous. Le carnaval apparaît aujourd’hui comme une culture commune aux sociétés de l’espace euro-méditerranéen et à celles qui en sont partiellement issues, un substrat très ancien, fait d’emprunts réciproques et de métissages.
La plupart des « carnavaleux » savent qu’il s’agit d’une fête largement répandue dans le temps et dans l’espace, même s’ils y participent surtout pour se sentir membres de leur communauté. Vécu à la fois comme une fête identitaire et universelle, le carnaval, par ses jeux de masques et de dévoilement, nous parle des sociétés contemporaines.
Commissaire générale : Marie-Pascale Mallé
Commissaires associés : Françoise Dallemagne, Frédéric Mougenot
Scénographie : Massimo Quendolo et Léa Saïto
Co-production / itinérance : Musée International du Carnaval et du Masque à Binche (Belgique), partenaire de Mons 2015, capitale européenne de la culture
[Cette exposition sera présentée au MICM à Binche en Belgique sous une forme réduite (800 m²) de fin janvier à fin juin 2015]
Dans les années 1960, on croyait pouvoir prédire la mort de Carnaval, réduit à une fête enfantine ou à une démonstration folklorique. Finalement, il n’en est rien. Cinquante ans plus tard, le Carnaval se porte bien. Partout, mascarades rurales et parades urbaines renaissent et se réinventent, cherchant à renouer avec des rites très anciens ou s’inspirant de formes revenues de très loin.
Le phénomène a pris une telle ampleur que le Mucem s’y est d’abord intéressé sous la forme d’une « enquête-collecte » destinée à enrichir les collections. Devant l’intérêt des résultats de la recherche, il fut décidé d’organiser sous le titre « Le Monde à l’Envers » une exposition consacrée aux pratiques carnavalesques contemporaines.
Mais qu’est-ce que le carnaval ?
On regroupe aujourd’hui sous cette appellation des manifestations très différentes :
—Les parades urbaines, liées ou non au calendrier liturgique, anciennes ou récemment inventées.
—Les mascarades rituelles de l’hiver, qui commençaient parfois à la Toussaint, caractérisaient ailleurs la période des 12 jours ou de l’Epiphanie ou les « jours gras » précédant le carême. Revisités, ces rites masqués connaissent aujourd’hui un renouveau général.
—Les carnavals tropicaux, qui connaissent un succès planétaire. Ils fascinent les Européens qui s’y rendent et sont pratiqués en Europe comme une fête identitaire par les immigrants originaires de la Caraïbe ou de l’Amérique du Sud.
—Les rites masqués de la rive sud de la Méditerranée : mascarades de l’Aïd-el-kebir et de l’Achoura dans les zones berbérophones du Maroc, nouvel an berbère (Yennayer) dans l’Algérie Kabyle, Pourim juive. Les mascarades berbères intégrées au calendrier islamique lunaire connaissent aujourd’hui une relance en tant que fêtes berbères anté-islamiques et se transforment parfois en carnavals urbains, comme à Inezgane, dans la région d’Agadir. Comme les parades de Pourim en Israël, les carnavals marocains actuels relèvent d’une culture mondialisée du carnaval, qui mêle comportements transgressifs, arts de la rue, revendications identitaires et joie de participer à la fête.
Si différentes à première vue, ces manifestations ont beaucoup en commun : des personnages archétypiques, que l’on retrouve dans les villes comme dans les campagnes, des comportements récurrents (excès alimentaire, licence sexuelle et scatologie, inversions en tous genres, droit des masques à révéler les inconduites et à critiquer la politique locale ou internationale), mais surtout des représentations communes de la fête. La liberté du carnaval, ses transgressions, ses jeux de masques, son impertinence, sa capacité à mettre en scène les diverses composantes sociales de façon souvent polémique appartiennent à un fonds commun, admis par tous. Le carnaval apparaît aujourd’hui comme une culture commune aux sociétés de l’espace euro-méditerranéen et à celles qui en sont partiellement issues, un substrat très ancien, fait d’emprunts réciproques et de métissages.
La plupart des « carnavaleux » savent qu’il s’agit d’une fête largement répandue dans le temps et dans l’espace, même s’ils y participent surtout pour se sentir membres de leur communauté. Vécu à la fois comme une fête identitaire et universelle, le carnaval, par ses jeux de masques et de dévoilement, nous parle des sociétés contemporaines.
Commissaire générale : Marie-Pascale Mallé
Commissaires associés : Françoise Dallemagne, Frédéric Mougenot
Scénographie : Massimo Quendolo et Léa Saïto
Co-production / itinérance : Musée International du Carnaval et du Masque à Binche (Belgique), partenaire de Mons 2015, capitale européenne de la culture
[Cette exposition sera présentée au MICM à Binche en Belgique sous une forme réduite (800 m²) de fin janvier à fin juin 2015]


