Anne-Marie Filaire

Zone de sécurité temporaire

Colonie israélienne de Maale Adumim, Palestine, juillet 1999. Photo © Anne-Marie Filaire.
Colonie israélienne de Maale Adumim, Palestine, juillet 1999. Photo © Anne-Marie Filaire.
Colonie israélienne de Maale Adumim, Palestine, juillet 1999. Photo © Anne-Marie Filaire.
Dahiyeh, Beyrouth, Liban, septembre 2006. Photo © Anne-Marie Filaire.
Dahiyeh, Beyrouth, Liban, septembre 2006. Photo © Anne-Marie Filaire.
Sanaa, Yémen, novembre 2001. Photo © Anne-Marie Filaire.
Sanaa, Yémen, novembre 2001. Photo © Anne-Marie Filaire.
Kalandia, Palestine octobre 2004 (c) Anne-Marie Filaire
Kalandia, Palestine octobre 2004 (c) Anne-Marie Filaire
Gaza, Palestine juillet 1999 (c) Anne-Marie Filaire
Gaza, Palestine juillet 1999 (c) Anne-Marie Filaire
Camp de réfugiés syriens, Azraq, Jordanie, juin 2014. Photo © Anne-Marie Filaire.
Camp de réfugiés syriens, Azraq, Jordanie, juin 2014. Photo © Anne-Marie Filaire.

La possibilité des images

« Dans ma photographie, le paysage n’est pas une continuité, mais une accumulation. Une accumulation de temps, de moments. »

Anne-Marie Filaire

La photographe Anne-Marie Filaire construit depuis plus de vingt ans une œuvre dense et engagée, aussi rigoureuse qu’empreinte de poésie.

Principalement tourné vers l’observation du paysage dans sa dimension politique (traces de l’histoire dont celui-ci recèle, villes malmenées par les guerres, etc.), son travail s’ancre autour des problématiques liées aux espaces « frontières » et autres « zones tampons », notamment au Moyen-Orient.

L’exposition prend comme fil rouge le travail de terrain qu’Anne-Marie Filaire a réalisé en Israël-Palestine de 1999 à 2007. Elle présente également des photographies prises après la guerre qui a opposé le Liban à Israël en 2006, ainsi qu’une série réalisée en 2014 à la frontière jordano-syrienne et un ensemble d’images prises au Yémen et en Erythrée, notamment dans la zone de sécurité temporaire.

L’interview d’Anne-Marie Filaire

Mucem (M)

En quoi votre travail diffère-t-il de celui d’un photojournaliste ou d’un reporter de guerre?

Anne-Marie Filaire (AMF)

Je n’allais pas chercher des situations de pays en guerre, j’allais voir des paysages, des pays désertiques qui me parlaient, qui semblaient répondre à des questions que je me posais sur le sens que j’avais donné à ma vie. Une sorte de page blanche pour comprendre en dehors des personnes, des conflits, de tout ce qui m’embarrassait. Je suis artiste et j’évolue parfois sur le même terrain que les médias—des zones en situation de guerre—, mais je ne travaille pas dans le même temps, je m’installe dans la durée alors que les journalistes relaient l’information de façon immédiate. Je n’ai pas d’obligation de restitution. Si la démarche est différente, c’est pourtant la presse, Libération, qui a relayé en premier mes travaux, c’est la dimension politique qui les a intéressés. Avant d’aller sur le terrain, il y a du travail, des préparatifs, et les images que je réalise sont extrêmement construites. La lumière et la violence sont la beauté que je suis venue chercher.

M

De la beauté… dans ces lieux hostiles?

AMF

Si la beauté exorcise la violence, c’est ça que j’ai voulu photographier.

Le temps est un aspect fondamental de votre travail. On le voit, notamment, dans votre série réalisée entre 2004 et 2007 à Jérusalem…

Lors de la construction du mur à Jérusalem, je suis venue sur place régulièrement, pendant trois ans, pour faire des relevés de terrain, photographier les lieux de façon récurrente, et documenter cette période où l’espace s’est fermé. Je me suis installée dans le temps. Pour rappel, ce travail technique d’observation, je le faisais déjà pour la Mission de l’Observatoire photographique du paysage en France. La construction du mur représentait bien la mesure de la souffrance, d’une marque indélébile.

M

Pourquoi cette fascination pour les frontières?

AMF

La frontière c’est savoir ce qui m’appartient, ce qui ne m’appartient pas, là où est ma place et là où elle ne l’est pas.

La possibilité des images

« Dans ma photographie, le paysage n’est pas une continuité, mais une accumulation. Une accumulation de temps, de moments. »

Anne-Marie Filaire

La photographe Anne-Marie Filaire construit depuis plus de vingt ans une œuvre dense et engagée, aussi rigoureuse qu’empreinte de poésie.

Principalement tourné vers l’observation du paysage dans sa dimension politique (traces de l’histoire dont celui-ci recèle, villes malmenées par les guerres, etc.), son travail s’ancre autour des problématiques liées aux espaces « frontières » et autres « zones tampons », notamment au Moyen-Orient.

L’exposition prend comme fil rouge le travail de terrain qu’Anne-Marie Filaire a réalisé en Israël-Palestine de 1999 à 2007. Elle présente également des photographies prises après la guerre qui a opposé le Liban à Israël en 2006, ainsi qu’une série réalisée en 2014 à la frontière jordano-syrienne et un ensemble d’images prises au Yémen et en Erythrée, notamment dans la zone de sécurité temporaire.

L’interview d’Anne-Marie Filaire

Mucem (M)

En quoi votre travail diffère-t-il de celui d’un photojournaliste ou d’un reporter de guerre?

Anne-Marie Filaire (AMF)

Je n’allais pas chercher des situations de pays en guerre, j’allais voir des paysages, des pays désertiques qui me parlaient, qui semblaient répondre à des questions que je me posais sur le sens que j’avais donné à ma vie. Une sorte de page blanche pour comprendre en dehors des personnes, des conflits, de tout ce qui m’embarrassait. Je suis artiste et j’évolue parfois sur le même terrain que les médias—des zones en situation de guerre—, mais je ne travaille pas dans le même temps, je m’installe dans la durée alors que les journalistes relaient l’information de façon immédiate. Je n’ai pas d’obligation de restitution. Si la démarche est différente, c’est pourtant la presse, Libération, qui a relayé en premier mes travaux, c’est la dimension politique qui les a intéressés. Avant d’aller sur le terrain, il y a du travail, des préparatifs, et les images que je réalise sont extrêmement construites. La lumière et la violence sont la beauté que je suis venue chercher.

M

De la beauté… dans ces lieux hostiles?

AMF

Si la beauté exorcise la violence, c’est ça que j’ai voulu photographier.

Le temps est un aspect fondamental de votre travail. On le voit, notamment, dans votre série réalisée entre 2004 et 2007 à Jérusalem…

Lors de la construction du mur à Jérusalem, je suis venue sur place régulièrement, pendant trois ans, pour faire des relevés de terrain, photographier les lieux de façon récurrente, et documenter cette période où l’espace s’est fermé. Je me suis installée dans le temps. Pour rappel, ce travail technique d’observation, je le faisais déjà pour la Mission de l’Observatoire photographique du paysage en France. La construction du mur représentait bien la mesure de la souffrance, d’une marque indélébile.

M

Pourquoi cette fascination pour les frontières?

AMF

La frontière c’est savoir ce qui m’appartient, ce qui ne m’appartient pas, là où est ma place et là où elle ne l’est pas.

Colonie israélienne de Maale Adumim, Palestine, juillet 1999. Photo © Anne-Marie Filaire.
Colonie israélienne de Maale Adumim, Palestine, juillet 1999. Photo © Anne-Marie Filaire.
Dahiyeh, Beyrouth, Liban, septembre 2006. Photo © Anne-Marie Filaire.
Dahiyeh, Beyrouth, Liban, septembre 2006. Photo © Anne-Marie Filaire.
Sanaa, Yémen, novembre 2001. Photo © Anne-Marie Filaire.
Sanaa, Yémen, novembre 2001. Photo © Anne-Marie Filaire.
Kalandia, Palestine octobre 2004 (c) Anne-Marie Filaire
Kalandia, Palestine octobre 2004 (c) Anne-Marie Filaire
Gaza, Palestine juillet 1999 (c) Anne-Marie Filaire
Gaza, Palestine juillet 1999 (c) Anne-Marie Filaire
Camp de réfugiés syriens, Azraq, Jordanie, juin 2014. Photo © Anne-Marie Filaire.
Camp de réfugiés syriens, Azraq, Jordanie, juin 2014. Photo © Anne-Marie Filaire.