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Entretien avec Émilie Girard, directrice scientifique et des collections du Mucem
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Mucem.
À partir de décembre 2023, le Mucem présente une nouvelle exposition permanente au rez-de-chaussée du bâtiment J4. Quelles sont les intentions de cette nouvelle présentation ?
Émilie Girard
Cette nouvelle exposition permanente s’inscrit dans le cadre des 10 ans du Mucem et de la volonté du musée de placer les collections au cœur de son projet. Nous souhaitions en effet mettre en valeur la richesse de cette collection, en montrer les différentes facettes, notamment les plus surprenantes, de manière à offrir un panorama le plus fidèle possible de la variété et de la masse de cette collection. Mais l’objectif le plus important, peut-être, à nos yeux, est d’en révéler le côté « humain » : montrer que derrière ces objets du quotidien se cachent et se révèlent des histoires de femmes et d’hommes qui témoignent aussi des sociétés dans lesquelles ils ont vécu. C’est d’ailleurs pour cela que dès l’introduction, nous avons choisi de présenter une sélection d’une cinquantaine de pièces portant la marque de leurs fabricants ou de leurs utilisateurs : des objets signés, qui portent juste des initiales, ou encore une date. Car tout l’intérêt de notre collection réside dans ce qu’elle raconte de la vie des gens qui ont réalisé ou fait vivre ces objets.
M. Toute l’équipe de conservation du Mucem s’est réunie autour de ce projet…
É.G. Il était important que toute l’équipe de la conservation participe à son élaboration. Cette équipe travaille sur la collection depuis longtemps, tous les conservateurs avaient envie de partager leur amour des objets, leur passion pour cette collection, son histoire et la variété de ces fonds. Chacun a contribué à cette exposition, soit une douzaine de personnes : ils et elles ont établi les listes d’objets, co-construit le parcours, rédigé les textes et les cartels. C’est la première fois, depuis l’ouverture du musée, qu’une exposition fédère autant de monde dans l’équipe scientifique !
M. Comment s’organise le parcours dans cette Galerie de plus d’un millier d’œuvres et objets ?
É.G. Le principe de départ était de présenter la collection pour elle-même, et non pas en fonction d’un discours construit a priori. Nous avons réfléchi à la manière la plus juste de hiérarchiser et d’organiser le parcours et nous avons proposé de l’appuyer sur les grandes catégories qui sont, sinon celles des musées des Beaux-Arts, celles des musées d’arts décoratifs : la peinture, la sculpture, la mode, l’architecture, le mobilier, les arts du verre, la céramique, le métal, ou encore les naturalia. Nous avons ainsi conçu un parcours en neuf étapes qui permettra aux visiteurs de découvrir ou redécouvrir la richesse des collections. L’exposition s’attache à la dimension « technique » des objets, car cette collection d’art populaire explore des techniques très différentes, tout en abordant des thématiques transverses, plus anthropologiques. La partie consacrée à l’architecture, par exemple, propose d’évoquer la manière dont l’homme habite son environnement et l’adapte au contexte naturel. La section dédiée à la mode permet de montrer, à travers l’accessoire ou le costume, comment les normes construites socialement s’imposent (ou pas !) aux individus. Cette exposition a enfin vocation à présenter ce que ces objets racontent de nos sociétés euroméditerranéennes.
M. Des dispositifs numériques rythment aussi le parcours…
É.G. Tout à fait. Un espace dédié à une expérience immersive a été imaginé. Les visiteurs sont invités à y pénétrer munis d’un casque audio afin de découvrir, projetés sur les murs de la salle, une sélection d’objets. Lorsqu’on s’approche de l’un d’eux, il s’anime et son histoire est racontée à travers un récit fictionnel incarné par des personnages. Ces récits expriment autrement le rapport qu’un musée de société peut avoir à l’objet. Comme je le disais, il était important, pour nous, de montrer l’aspect humain de notre collection. Dans cette même logique, nous avons proposé à quatre auteurs de rédiger, pour près d’une centaine d’objets, un très court texte né de leur propre vision de l’objet, de ce qu’ils projetaient sur lui, de l’émotion qu’il leur provoquait ou de ce qu’il éveillait en eux. Car chacun d’entre nous peut développer son propre récit sur ces objets finalement proches. L’exposition propose ainsi un double parcours, un parcours scientifique « classique », et un parcours plus imaginaire, fictionnel et littéraire, peut-être plus personnel ou subjectif.
M. Cette Galerie des collections est-elle destinée à évoluer, à l’image de la collection du Mucem ?
É.G. Bien sûr. La collection continue à vivre et à s’enrichir, et c’est pour cela que l’exposition se termine par un espace dédié aux nouvelles acquisitions. On y évoque la manière dont la collection continue à vivre par le biais de son enrichissement, en présentant quelques objets tout récemment entrés dans les fonds et amenés à évoluer en fonction de l’actualité des acquisitions. En plus, un outil numérique permet aux visiteurs d’explorer les acquisitions récentes par un accès au catalogue du musée, et ainsi d’avoir un aperçu juste de la manière dont le musée travaille à l’enrichissement de ses fonds.
Propos recueillis par Sandro Piscopo-Reguieg