Passions partagées
De Basquiat à Edith Piaf, la Collection Lambert au Mucem
Mucem, J4—
J4
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Du mercredi 17 avril 2024 au lundi 23 septembre 2024
Un dialogue inédit entre les collections d’Yvon Lambert et les collections du Mucem.
Un dialogue inédit entre La collection Lambert, en particulier celles données à l’État, et les collections du Mucem.
L'exposition suit le parcours d’Yvon Lambert, à commencer par son lien avec les cultures provençales et méditerranéennes, pour s’attarder ensuite sur quelques thématiques autour desquelles dialoguent les deux collections : le populaire et le quotidien, l’homme et la nature, la poésie et la littérature, l’intime et l’existence.
La culture méditerranéenne a profondément façonné le destin du grand marchand d’art Yvon Lambert, dont le nom et l’histoire résonnent avec les richesses culturelles de la Provence.
Né en 1936 à Vence, Yvon Lambert a grandi au cœur d’une région imprégnée par la présence de grands artistes tels qu’Henri Matisse à Vence ou Paul Cézanne à Aix-en-Provence.
Dès les premiers temps de la galerie d’Yvon Lambert, le marchand d’art se fait également collectionneur et commence à constituer des ensembles importants d’œuvres d’artistes de son temps, pour la plupart encore inconnus. Ainsi commence presque 60 années d’une histoire intime de l’art. Son regard singulier est marqué par la poésie, l'amour, la liberté de pensée et la défense de l'art de son temps. Chaque pièce traduit l'amitié indéniable entre le collectionneur et les artistes. La donation exceptionnelle faite en 2012 à l’État français par Yvon Lambert a permis de consolider la présence d’un grand musée public d’art contemporain à Avignon : la Collection Lambert.
Amoureux des objets insolites, témoignages des croyances populaires de tous les âges, en particulier issus de la culture provençale, Yvon Lambert ressent une proximité naturelle forte avec les collections du Mucem. Leur constitution lente et fabuleuse lui rappelle ses propres recherches vagabondes d’objets étonnants, entre ex-voto fantasmagoriques et scènes de genre de petits maîtres provençaux, ou de la bibliothèque félibrige de son père aux ustensiles et pièges à grives que ce dernier fabriquait.
Les objets d’art populaire du Mucem sont le fruit de collectes d’enquêteurs sur le terrain : ethnologues, observateurs des mutations de la société et défenseurs des savoirs du peuple. Ces collections sont des témoins précieux, des documents sur nos modes de vie et sur l’évolution des mœurs, mais ils présentent aussi une valeur esthétique qui se fait particulièrement jour dans des analogies étonnantes avec des œuvres d’art.
L’exposition commence par l’évocation du parcours d’Yvon Lambert, lié aux cultures provençales et méditerranéennes, pour s’attarder ensuite sur quelques thématiques autour desquelles dialogueront ses collections et celles du Mucem : le populaire et le quotidien, l’homme et la nature, la poésie et la littérature, l’intime et l’existence.
Ainsi, la rencontre entre la Collection Lambert et celle du Mucem présentée lors de l’exposition « Passions partagées – De Basquiat à Edith Piaf, la collection Lambert au Mucem » est bien plus qu’une juxtaposition de collections exogènes. Des fils sensibles tissent spontanément leur toile par résonances formelles et poétiques entre les œuvres d’art et celles issues de cultures populaires. Par affinité réciproque de récits et de formes, le dialogue entre ces deux collections patrimoniales exceptionnelles est une tentative de voyage au centre d’un regard singulier, celui d’une personnalité majeure de l’art contemporain, et invite les visiteurs du Mucem au jeu des coïncidences, de la libre interprétation et des associations poétiques empreintes du charme et des passions tenaces qui ont été les ferments de ces deux grands musées.
Œuvres exposées
Le Mucem bénéficie de prêts exceptionnels d’Yvon et Ève Lambert, mais aussi du Centre national des arts plastiques (CNAP) : 80 œuvres ont été soigneusement sélectionnées parmi les 600 œuvres données par le marchand et collectionneur Yvon Lambert à l’Etat en 2012. Ces pièces couvrent une large gamme de médiums artistiques, tel que la peinture, la sculpture, l’installation, la vidéo ou la photographie.
Elles côtoient 150 œuvres de la collection du Mucem, référence dans le domaine des arts populaires. Ces objets du quotidien se mêlent subtilement avec les créations contemporaines.
Artistes présentés
Parmi les artistes dont les œuvres de la collection Lambert seront présentées, on compte notamment Jean-Michel Basquiat, Andres Serrano, Christian Marclay, Sol Lewitt, Daniel Buren, Mircea Cantor, Marcel Broodthaers, Cy Twombly, Kiki Smith, Nan Goldin, Christian Boltanski, Louise Lawler…
Catalogue d'exposition
Une conversation entre Yvon Lambert et Marie-Charlotte Calafat est menée dans cinq lieux différents. Elle débute dans les réserves du Mucem, au cœur de la mémoire provençale, point commun entre les objets collectés dans la région par le musée des Arts et traditions populaires et l’enfance du collectionneur à Vence.
L’échange se poursuit chez Yvon Lambert pour aborder ses rapports personnels et intimes avec les artistes, questionnant aussi la notion de chef d’œuvre et l’important don qu’Yvon Lambert a fait à l’État, puis dans les rues d’Avignon où la Collection Lambert est installée dans les hôtels de Caumont et de Montfaucon. Cette déambulation est l’occasion d’évoquer les processus de création qui s’opèrent dans l’espace public et la scénographie.
Dans la librairie Lambert à Paris, il est ensuite question du récit folklorique, de la littérature comme source d’inspiration et de la façon dont on peut écrire sur l’art. Enfin, l’exposition au Mucem est le cadre idéal pour aborder la question de la spiritualité, de la mort et du portrait.
Avec les interventions de Stéphane Ibars, Ryoko Sekiguchi (poèmes) et David Quéré.
Et avec, par ordre d'apparition Daniel Dezeuze, Jean Charles Blais, Yves Rousguisto, Andres Serrano, Eve Lambert, Robert Combas, Daniel Buren et Niele Toroni.
Editions du Mucem
192 pages
28 euros
979-1-09270-827-1
Commissariat :
Marie-Charlotte Calafat, Conservatrice en chef du patrimoine, Responsable du département des collections et des ressources documentaires et Responsable du secteur histoire du Mucem
Stéphane Ibars, Commissaire d’exposition, enseignant et directeur artistique de la Collection Lambert
Scénographie : Agence NC Nathalie Crinière
Une exposition conçue et organisée par la Collection Lambert et le Mucem
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Entretien avec Marie-Charlotte Calafat et Stéphane Ibars, commissaires de l’exposition
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Mucem
Quelles sont les résonances entre la collection Lambert, qui est une collection d’art contemporain, et celle du Mucem, axée sur les arts populaires ?
Marie-Charlotte Calafat
Yvon Lambert est un des galeristes et marchands d’art les plus influents de la seconde moitié du XXe siècle. Il a découvert des artistes contemporains majeurs qu’il a soutenus et avec lesquels il a constitué des liens d’amitié solides. Sa sensibilité artistique pour les avant-gardes s’est développée durant son enfance à Vence qui est une terre de passage de nombreux artistes, de Raoul Dufy à Matisse en passant par Cézanne. Son attachement à la Provence, à son histoire et son goût de bibliophile trouvent un écho intéressant dans les collections du Mucem, qui elles aussi, à leur manière, traduisent une variété de parcours de vie. Le fil rouge de ce projet est l’histoire intime qu’on entretient avec les objets : que ce soit le collectionneur, le collecteur, l’artiste, le regardeur… Cette exposition propose une présentation des chefs-d’œuvre de la collection Lambert vus sous un angle nouveau, au prisme des collections d’art populaire.
Stéphane Ibars
Quand il ouvre à Paris une galerie d’art contemporain au milieu des années 1960 (on parle à ce moment-là d’« art actuel »), Yvon Lambert s’engage aux côtés d’un groupe d’artistes aux avant-postes de la création, dont les œuvres et les réflexions bouleversent considérablement les rapports à l’art et à la société dans laquelle il s’inscrit. Passionné et audacieux, à l’écoute des soubresauts de l’histoire de son temps, il n’a dès lors de cesse de partager l’aventure de celles et ceux qui, par leurs gestes, en accompagnent ou en initient les mouvements. Il expose et collectionne leurs œuvres comme autant de souvenirs d’histoires personnelles et collectives vécues avec passion. Il nous est paru évident que l’ensemble des œuvres qui constituent aujourd’hui sa collection – dont une partie importante est venue enrichir les collections publiques française en 2012 – pourraient dialoguer à merveille avec la somme de ces objets merveilleux qui peuplent les réserves du Mucem et qui eux aussi sont les témoins privilégiés de nos rapports à l’espace et au temps, à l’histoire.
Mucem Qu’est-ce qui a inspiré Yvon Lambert dans la collection du Mucem ?
S.I. Dans les réserves du Mucem, Yvon Lambert a rencontré quantité d’objets, dont certains très familiers. Ils racontaient parfois son attachement particulier à un patrimoine, à des traditions inscrites au cœur de sa Provence natale, ou de cette Méditerranée si chère à son cœur et dont il a partagé l’amour avec certains des plus grands artistes de notre temps, de Cy Twombly à Nan Goldin, Niele Toroni, Louise Lawler, Robert Combas ou Giulio Paolini pour ne citer qu’eux. Parfois, certaines découvertes permettaient de renouveler le regard sur un corpus d’œuvres, d’en révéler une dimension plastique ou simplement de rappeler l’essentiel : la relation indéfectible qu’entretiennent les artistes avec leur environnement quotidien, la manière qu’ils ont d’en révéler la beauté, d’en transformer l’expérience.
Mucem Qu’est-ce qui a inspiré le Mucem dans la collection Yvon Lambert ?
M.-C.C. La collection donnée à l’État par Yvon Lambert est constituée d’œuvres issues de plusieurs courants artistiques contemporains majeurs. Cette exposition ne peut présenter cette collection de manière exhaustive dans une approche d’histoire de l’art, mais elle propose des dialogues choisis, pensés comme des histoires qui relient l’art contemporain et l’art populaire, un artiste et un objet. Pour cela, il a été inspirant de choisir des œuvres pour faire des rapprochements formels et sensibles avec la collection. Le parcours permet de questionner les grandes typologies et grands domaines des arts populaires comme autant de sujets qui parlent à toutes et à tous, jusqu’aux artistes contemporains : le rapport au quotidien ou à l’espace, ou bien encore les mythes et légendes, les questionnements sur la fragilité de l’existence.
Mucem Comment ces deux collections s’unissent-elles aujourd’hui au sein de ce projet commun ?
S.I. et M.-C.C. Cette exposition se veut généreuse, à l’image d’Yvon Lambert et des nombreux donateurs qui ont enrichi les collections publiques, dont celles conservées au Mucem. Elle a été pensée comme une chambre d’écho dans laquelle résonne la capacité de certains et certaines à s’émerveiller du monde qui les entoure, à en parcourir la dimension sensible avec une curiosité et une frénésie hors norme, à en collecter et à en partager les richesses avec nous toutes et tous.
Propos recueillis par Sandro Piscopo Reguieg (février 2024)
Une exposition conçue et organisée par la fondation Lambert et le Mucem
Avec le soutien de
Partenaires médias
En partenariat avec
- « Passions partagées » en gare d'Avignon du 15 avril au 30 mai
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