Recomposer les images et les sons de Marseille
ARTISTES ET COLLABORATEURS
De Elio Martusciello
Production : Mucem
Coproduction : Grim – GMEM
En résidence à Marseille, le musicien italien Elio Martusciello a trouvé, en l’archipel du Frioul, un territoire propice à l’inspiration et à la création. Son installation Critical Connection prend ainsi la forme d’une « île multimédia » où sont réunies les images et les sons collectés par l’artiste à travers la cité phocéenne.
Le public est invité à entrer dans cette installation immersive pour tenter de reconstituer les fragments (sonores et vidéo) de Marseille.
Le 27 août 2016 à 15h, Elio Martusciello propose une performance multimédia durant laquelle ses propres créations musicales entrent en résonnance avec les sons et les visions produites par la ville et l’archipel du Frioul.
Né en 1959 à Naples (Italie), Elio Martusciello est compositeur de musique expérimentale et électroacoustique. Il intervient aussi dans le champ des arts visuels. Musicien autodidacte, il enseigne la musique électronique au conservatoire San Pietro a Majella de Naples. Ses œuvres ont obtenu de nombreux prix, notamment lors des Grands Prix Internationaux de musique électroacoustique (Bourges). |
INTERVIEW D'ELIO MARTUSCIELLO
Quels sont les lieux qui vous ont inspiré lors de votre résidence à Marseille ?
Je suis resté 6 jours dans la superbe ville de Marseille. J’ai effectué la majeure partie de mes enregistrements audio et vidéo dans le centre-ville (Vieux-Port, Canebière, Mucem, Belsunce, Notre-Dame-de-la-Garde, rue de Rome, Prado, Périer…). Mais le lieu qui m’a le plus inspiré, c’est l’île du Frioul : sa roche blanche, la mer bleue, le cri des gabians, le phare, la rumeur légère du vent, et la sensation générale de paix qui en émane.
Ce n’était pas votre première visite à Marseille…
En effet, je suis déjà venu plusieurs fois. La première, c’était en 1993 : l’Olympique de Marseille venait de battre le Milan AC en finale de la Ligue des champions : ce fut une grande fête dans toute la ville ! Le hasard a voulu que cette année, je vienne à Marseille alors que la ville accueille l’Euro de foot… Et j’ai cette fois assisté aux violences entre hooligans russes et anglais ; un événement auquel je n’ai pu rester indifférent, et que l’on retrouvera aussi dans mes enregistrements.
Vous avez noué un lien particulier avec deux structures marseillaises dédiées à la création musicale : le Grim (Groupe de Recherche et d’improvisation musicale) et le GMEM (Groupe de musique expérimentale de Marseille - Centre national de création musicale)…
En effet. Durant ces 23 dernières années, je me suis partagé, lors de mes voyages à Marseille, entre le GMEM et le Grim. Parce que toute mon activité artistique se partage entre composition et improvisation. C’est d’ailleurs à l’occasion de mes résidences au GMEM que j’ai pris l’habitude de me retirer au Frioul, pour aller y chercher idées et inspiration, avant d’entrer en studio. Voilà pourquoi cette île m’est si chère.
Vous vivez à Naples : une ville en résonnance avec Marseille ?
Ces deux villes se ressemblent en de nombreux points : le golfe, les massifs qui entourent la ville, les plages, les îles, une population colorée, joyeuse et bruyante... Aussi, depuis quelques années, Naples connaît une certaine effervescence, y compris sur le plan artistique : les espaces culturels se sont multipliés, proposant des initiatives stimulantes. Bien sûr, il manque encore des institutions solides comme le Grim ou le GMEM peuvent l’être à Marseille, mais ces innombrables petits espaces culturels irriguent désormais l’ensemble du tissu urbain napolitain.
Votre création pour Marseille Résonance se compose d’une installation multimédia et d’une performance. Pouvez-vous nous décrire votre proposition ?
L’idée, c’est de relier différents contextes de la ville de Marseille d’une manière compositionnelle, de façon à permettre à l’auditeur/spectateur de produire une synthèse résonnante de la cité. En premier lieu, il s’agit de créer une sorte de « petite île multimédia » dans laquelle plusieurs écrans et haut-parleurs reproduisent différents moments et lieux de la ville : un espace où les fragments de Marseille viennent se réunir, mais interprétés selon des trajectoires et des configurations toujours différentes. Evidemment, les méthodes de composition que j’utiliserai pour l’installation ne seront pas sans lien avec la relation que j’ai pu nouer avec cette ville au fil des années. Il ne s’agit pas pour moi de proposer un regard objectif, comme une forme de travail statistique, mais au contraire, de développer un regard très personnel sur cette ville.
Ce qui sera encore plus évident lors de votre performance…
Tout à fait : ce sera le moment de ma confrontation personnelle avec le visage de Marseille. Si pour l’installation, l’ensemble de la matière utilisée aura été recueillie dans la ville, durant la performance, cette même matière sera mise en dialogue avec ma propre pratique performative. Il y aura enfin un concert audiovisuel dans lequel seront montrées toutes les vidéos utilisées dans l’installation, et où la matière sonore sera produite par mes propres instruments digitaux ainsi que par les musiciens marseillais que j’ai pu rencontrer durant ma résidence.
En résumé, la performance privilégiera une approche « musicale », tandis que l’installation sera plutôt du type « paysage sonore ». Celle-ci invitera le public à être immergé dans les sons de la ville : il sera littéralement à l’intérieur du système de diffusion audio, et en même temps, pourra se déplacer librement autour du parallélépipède d’écrans (« l’île ») qui diffusera en continu les différentes visions fragmentées de la ville.