• Raphaël Chatelain, Nu dans les criques levantines, juin 2021 © Raphaël Chatelain
    Raphaël Chatelain, Nu dans les criques levantines, juin 2021 © Raphaël Chatelain
  • Paul Oltra, Bâtiment nouveau avec piscine au centre, Port Ambonne, Centre hélio-marin Oltra, entre 1968 et 1971. Collection Marie-Hélène Oltra © Collection Marie-Hélène Oltra
    Paul Oltra, Bâtiment nouveau avec piscine au centre, Port Ambonne, Centre hélio-marin Oltra, entre 1968 et 1971. Collection Marie-Hélène Oltra © Collection Marie-Hélène Oltra
  • Club gymnique de France (CGF), vers 1930 © Club gymnique de France
    Club gymnique de France (CGF), vers 1930 © Club gymnique de France
  • Pierre Audebert, Ile du Levant, 1935, coll. Éliane Schoeffert-Audebert © Archives Pierre Audebert
    Pierre Audebert, Ile du Levant, 1935, coll. Éliane Schoeffert-Audebert © Archives Pierre Audebert

Paradis naturistes


Mucem, J4— J4
| Du mercredi 3 juillet 2024 au lundi 9 décembre 2024

  • Pourquoi et comment la France est-elle devenue le « paradis des naturistes » ?

Un nouvel engouement se manifeste aujourd’hui pour les pratiques de nudité dans la nature, engouement qui va de pair avec la recherche d’une alimentation saine, végétarienne, ou encore le recours aux thérapeutiques naturelles, à la méditation ou au yoga en plein air. Ces modes de vie, mais aussi le rejet des diktats qui pèsent sur nos corps, sont autant de clés de lectures contemporaines pour comprendre les enjeux des naturismes d’hier et d’aujourd’hui.

La France est la première destination touristique au monde pour les naturistes : son climat tempéré et la présence de trois mers ont facilité l’installation de communautés, qui – excepté en Suisse – ont peu de véritables équivalents ailleurs en Europe, où le naturisme se pratique de manière plus libre, hors de communautés constituées. Mais d’autres raisons, historiques, culturelles, juridiques, expliquent la singularité et la longévité des communautés installées en France.

Alors, vivre nu en communauté pour communier avec la nature serait-il le secret du bonheur et de la santé ? Pourquoi et comment la France est-elle devenue un « paradis naturiste » ? Mais au fait, naturisme et nudisme, est-ce la même chose ?

En tant que musée de société implanté à Marseille, cité méditerranéenne autour de laquelle plusieurs lieux naturistes importants se sont développés, il semblait naturel que le Mucem cherche à explorer ce phénomène singulier et fédérateur qu’est le naturisme, ou plutôt les naturismes, car ils sont pluriels.

Dans une scénographie solaire conçue par l’agence Trafik, l’exposition « Paradis naturistes » réunit 600 photographies, films, revues, objets quotidiens, peintures, dessins, livres, estampes et sculptures.

Ils sont issus des archives des communautés naturistes, ainsi que de collections privées et publiques françaises et suisses, parmi lesquelles : le Musée national d’art moderne MNAM/CCI Centre Pompidou, le musée du Louvre, la Bibliothèque nationale de France, le musée Bourdelle, le musée des Beaux-Arts de Rennes, le musée de l’Éphèbe et d’archéologie sous-marine d’Adge, le musée des Beaux-Arts de Dole, la Cinémathèque de Paris, l’INA, les Archives départementales des Yvelines, les Archives municipales d’Agde, le syndicat d’administration d’Héliopolis – île du Levant, la Fondation Henri Cartier-Bresson, la galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois, la Bibliothèque nationale suisse à Berne, le Bündner Kunstmuseum à Coire, la Cinémathèque de Berne, la Fondazione Monte Verita à Ascona.

 
Commissariat :
—Bernard Andrieu, philosophe, professeur au sein de l’Institut des sciences du sport et de la santé de Paris, université Paris Cité.
—Jean-Pierre Blanc, directeur de la villa Noailles.
—Amélie Lavin, conservatrice en chef au Mucem, responsable du pôle Corps, apparences, sexualités.
—David Lorenté, ingénieur des systèmes et techniques audiovisuels et multimédia à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et doctorant, université Paris Cité.
Commissaires associés :
—Julie Liger, directrice adjointe de la villa Noailles.
—Thomas Lequeu, associé à la direction artistique pour la villa Noailles.
Scénographie : agence Trafik

Un parcours naturiste dans 6 lieux marseillais

À l’initiative de Jean-Pierre Blanc, co-commissaire de l’exposition « Paradis naturistes », six lieux marseillais proposent un parcours original d’expositions naturistes, d’œuvres choisies, d’ateliers et de rencontres à travers la ville, pour célébrer le vivre-nu.

— « Enter the Zone »
Une exposition collective explorant le concept de « flow » dans le monde du tennis, ainsi que les liens entre la nudité
et le sport.

Double V Gallery, 28 rue Saint-Jacques
Du 20 juin au 31 août

— « Pierrette et la vérité »
Où se découvrent des relations espiègles aux « culs-nus ».

Cabane Georgina et Mont Rose,
2 chemin du Mauvais Pas Du 22 juin au 1er décembre
(animations naturistes les 6 et 7 juillet)

— « Sonia Sieff »
Une vision de la masculinité loin des canons érotisés et idéalisés du corps des hommes.

Jogging 1993, 22 rue Saint-Jacques
Du 24 juin au 22 août

— « Le cas érotique, performances, concerts et poésie » 
Une façon d’interroger notre fascination pour les représentations de l’érotisme au travers d’expositions, de performances littéraires et musicales, d’ateliers et d’animations naturistes.

La Ruche K, 61 rue Belle de Mai
Du 27 juin au 6 juillet et du 29 août au 15 septembre

— « Carte blanche à Pierre Passebon autour de l’oeuvre de Jacques Sultana »
Dans les images de Jacques Sultana, le rayonnement solaire de la jeunesse côtoie la mélancolie d’un paradis perdu.

Pavillon Southway, 433 Bd Michelet
Du 2 juillet au 6 septembre

— « Scalzo nudo, Claudio Bonuglia & Scalzo »
Ce cycle d’ateliers de peinture et de dessin dirigé par l’artiste romain Claudio Bonuglia en immersion dans le quotidien de naturistes se terminera par une exposition des œuvres des participants suivie de baignades sauvages et de repas partagés.

La Traverse, 16 traverse Sainte-Hélène
Du 18 juillet au 11 août

 

Visites nues en partenariat avec la FFN

Le naturisme s’invite au Mucem et se visite dans le plus simple appareil dès le 16 juillet jusqu’en décembre 2024 en collaboration avec l’association naturiste phocéenne, PPNP et la région PACA Corse.

7,5€ par participant sur présentation obligatoire de la licence /
11€ pour les non licenciés / gratuité pour les moins de 18 ans
Inscription auprès de la Région Paca : secretaire.general.urn@gmail.com

En savoir plus


Catalogue d'exposition

Paradis Naturistes

Cet ouvrage permet de contextualiser l’apparition du mouvement naturiste mais aussi de montrer comment il rencontre nos questionnements actuels. Face à la diversité des corps et des milieux, les pratiquants du naturisme défendent très tôt des valeurs écologiques et égalitaires : être ensemble implique le respect de l’intégrité corporelle de chacun et chacune, le partage d’expériences et de milieux naturels, la recherche d’une santé durable. Des valeurs qu’on retrouve aujourd’hui dans l’engouement croissant pour les médecines alternatives, pour l’alimentation bio et le mouvement body-positive, qui lutte pour l’acceptation et l’appréciation de tous les types de corps.

Avec des contributions de Gérard Amaudric, Thelma Bacon, Arnaud Baubérot, Gilles Boëtsch, Jean-Luc Bouland, Marc Cluet, Jean Da Silva, Rita Hofstetter, Nicolas Kssis-Martov, Thomas Lequeu, Philippe Liotard, David Lorenté, Jon Monnard, Pierre Philippe-Meden, Bruno Py, Cornelia Regin, Xavier Riondet, Abigail Solomon-Godeau, Bruno Saurez, Olivier Sirost, Bernd Wedemeyer-Kolwe…

Coédition La Martinière / éditions du Mucem
Livre broché, tranche imprimée
35 euros
240 pages
979-1-04-011990-6

Sous la direction de Bernard Andrieu et Amélie Lavin

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Avec le soutien de : 

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Cette exposition fait partie de la programmation des Rencontres d’Arles dans le cadre du Grand Arles Express

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Partenaires média :

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Le Mucem alerte le public sur l'image de la nudité intégrale s'agissant de personnes photographiées ou filmées dans leur pratique du naturisme.

 

Entretien avec Amélie Lavin, co-commissaire de l’exposition 

 

Mucem.

Pourquoi le Mucem a-t-il choisi de s’intéresser au naturisme pour cette nouvelle exposition ? 

A.L.

Le naturisme est un phénomène de société contemporain qui connaît depuis quelques années un vrai renouveau, notamment en France, première destination touristique au monde pour les naturistes. Les littoraux du Sud, notamment les bords de la Méditerranée, attirent particulièrement celles et ceux qui sont à la recherche d’espaces de nature préservée pour libérer leur corps de toutes formes de contraintes. Ôter ses vêtements est un geste de libération, une utopie de retour à une vie plus essentielle, en symbiose avec la nature et le vivant. Pour un musée de société comme le Mucem, il paraissait évident et nécessaire de se pencher sur ce fait de société et sur son histoire, d’autant que ce sujet est totalement inédit en France, où jamais aucune exposition n’a encore été organisée autour de ces questions.

 

M.

Qui étaient les premiers naturistes ? Comment cette pratique a-t-elle évolué ?

A.L.

Les premiers naturistes, contrairement à ce qu’on imagine, étaient médecins et avaient en commun un rejet de la vie urbaine et de l’industrialisation foudroyante subie par l’Europe pendant le 19e siècle. Le naturisme est d’abord une pratique thérapeutique qui invite à fortifier son organisme au contact des éléments naturels : bain d’eau, air pur, exposition au soleil, alimentation végétale et soins par les plantes. La nudité n’en est qu’une des composantes, on se déshabille peu à peu pour profiter au mieux des bienfaits offerts par la nature, on modèle son corps en faisant du sport en plein air, on ne mange pas de viande, on ne boit pas d’alcool. Le végétarisme et l’hygiène de vie sont vraiment des éléments essentiels dans les tout premiers cercles naturistes en Allemagne, en Suisse, puis en France. Peu à peu, la nudité intégrale s’expérimente puis s’installe. La dimension médicale et un peu austère des débuts laisse place à des pratiques plus hédonistes : le plaisir du soleil sur la peau, la liberté totale, sans contraintes, dans des petits paradis de nature. 

 

M.

L’exposition s’attarde sur plusieurs communautés naturistes françaises. Qu’est-ce qui les caractérise ? 

A.L.

Ce qui est intéressant avec l’histoire des naturismes en France, c’est qu’elle s’est construite entre les deux guerres, dans un pays où la nudité était marquée par la honte et la censure du corps nu, contrairement à l’Allemagne, par exemple, où la Freikörperkultur, la « culture du corps libre », s’est ancrée dans les mœurs dès la fin du 19e siècle. Puisque montrer son corps dénudé était inconcevable, il fallait inventer des lieux clos pour se protéger des regards : les premières communautés se sont créées dans des châteaux privés, ou sur des îles. Il fallait aussi construire des réseaux d’adeptes et débattre, communiquer, pour faire accepter ces nouvelles formes de pensées et de vie. Chacune des communautés sur lesquelles nous nous attardons dans l’exposition a joué un rôle essentiel dans l’histoire des naturismes français et européens. Chacune, grâce à la personnalité de ses pères et mères fondateurs, a inventé « son » naturisme, contribuant à forger des pratiques diverses plutôt qu’un naturisme uniforme et monolithique.

 

M.

En quoi le rapport au corps et à la nudité est-il différent selon les pays en Europe ? 

A.L.

Tous les pays d’Europe n’ont pas le même rapport à la nudité, ni les mêmes juridictions. En France, si le délit d’atteinte à la pudeur n’existe plus depuis 1994, il a été remplacé par un délit d’« exhibition sexuelle imposée à la vue d’autrui ». De fait, il reste interdit de se montrer nu dans tous les espaces publics, sauf, justement, dans certains lieux soumis à autorisation comme les campings ou plages naturistes. Même chez soi, la nudité n’est « légale » que si l’on reste caché aux regards extérieurs. Au contraire, depuis quelques années, voire quelques décennies, plusieurs pays d’Europe, comme l’Allemagne, l’Espagne, la Suisse, la Grande-Bretagne, ont vraiment dépénalisé la nudité, en la différenciant clairement de l’exhibition sexuelle lorsqu’elle est pratiquée dans des lieux comme les parcs, les bords de rivière, les forêts, les plages – ou même des espaces privés, comme sa maison, son balcon ou sa voiture… Dans les pays scandinaves également, et de longue date, la nudité est possible partout, sauf là où elle est expressément interdite. Exactement l’inverse de la loi française, qui juge la nudité comme forcément sexuelle, et donc répréhensible, partout où elle n’est pas explicitement autorisée.

 

M.

Cette exposition est-elle interdite aux mineurs ? 

A.L.

Absolument pas ! L’exposition ne montre rien de pornographique, ni rien d’explicitement sexuel, elle n’a donc pas de raison d’être interdite aux mineurs. Notre objectif est justement de déconstruire les idées reçues et stéréotypes sur le naturisme, qui est d’abord une philosophie de vie, une pratique familiale réunissant des gens de tous âges et de tous milieux, qui cherchent à vivre avec simplicité au contact de la nature. La question de la sexualité n’est pas plus centrale dans les milieux naturistes qu’ailleurs – sauf à Agde, où certaines communautés libertines se sont développées autour de lieux hypersexualisés que nous évoquons brièvement, mais sans montrer d’images. 

Bien sûr, nous avertissons tous les publics que de nombreux corps entièrement nus sont visibles dans l’exposition. Chacun pourra donc choisir en toute liberté de venir découvrir, seul ou en famille, la joyeuse aventure de la liberté naturiste.

 

 

Propos recueillis par Sandro Piscopo Reguieg (mai 2024)

 


Audios / vidéos


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