Pourquoi le Mucem conserve-t-il les textiles dans ses collections?
Le Mucem conserve plusieurs dizaines de milliers de pièces textiles. Cette collection est constituée d’un ensemble hérité du Musée national des Arts et Traditions populaires, collecté dès la fin du XIXe siècle ; du dépôt au Mucem des collections européennes du Musée de l’Homme, ainsi que de nouvelles acquisitions menées depuis les années 2000. Datant de la fin du XVIIIe siècle à nos jours, elles sont les témoins uniques d’une histoire du costume régional et du vêtement populaire.
En effet, le Mucem conserve un extraordinaire ensemble de costumes d’Europe et de Méditerranée, dont beaucoup proviennent des régions de France, des Balkans et de l’Europe de l’Est. S’il s’agit en grande partie de costumes d’apparat, liés à fêtes, rituels et cérémonies, le musée est aussi une institution de référence en ce qui concerne les textiles de tous les jours. Linge de maison, vêtements de travail, mais aussi pièces emblématiques d’une époque ou d’une mode (c’est la minijupe des années 1960, ou encore le jean « pattes d’eph » des années 1970) permettent de suivre, au plus près, le fil d’une histoire du quotidien.
Les fibres textiles sont des matériaux particulièrement fragiles, dont la conservation est un défi de chaque instant. Malgré tout, ces pièces constituent une richesse patrimoniale de premier ordre. Elles sont des sources précieuses pour l’analyse de techniques aussi diverses que le tissage domestique, la teinture, la broderie, comme pour une histoire des modes, des normes, des cultures. Toujours à mi-chemin entre les registres de l’intime et du public, les textiles du Mucem sont une ressource majeure – et particulièrement émouvante – pour l’étude des sociétés.
Coline Zellal—Conservatrice, responsable du pôle "Corps, apparences et sexualités"