Mucem, Agriculture et alimentation

Agriculture et alimentation

Les collections du Mucem rassemblent les techniques agricoles mais aussi l’élevage, la cueillette, la chasse, la pêche. Elles concernent l’alimentation en tant que savoir-faire. Cet ensemble est constitué d’objets, d’estampes, de photographies, de fonds sonores et audiovisuels (chants, musiques, enquêtes) issus notamment du musée des Arts et Traditions populaires et du fonds «Europe» du musée de l’Homme.

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Barre de tonneau décorée de sirènes

1960.4.7.1-2

L’usage des fûts de grandes dimensions est une des caractéristiques du vignoble alsacien et le diamètre d’un tonneau peut atteindre deux mètres. La façade avant du tonneau est munie dans sa partie inférieure d’un portillon, par lequel un enfant du vigneron rentre dans le tonneau pour le nettoyer. Ce portillon a un sommet arrondi taillé en biseau, rentrant vers l’intérieur du tonneau, pour que, lorsque le fût est plein, le vin fasse pression sur le portillon qui vient buter à l’intérieur sur la façade du tonneau. A l’extérieur, le portillon est maintenu en place par une barre de bois transversale, débordant de chaque côté du portillon et appelée « verrou de fût ». Celle-ci représente deux sirènes allongées, une image récurrente sur les barres de tonneau en Alsace. Lorsqu’on enlève cette barre, maintenue sur le portillon par un boulon, une vis et un écrou, le portillon tombe nécessairement à l’intérieur du fût.
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Montre de berger

1953.85.96

Les bergers dans les montagnes étaient habitués à l'observation de la nature, aux mouvements des astres. Connu dès le Moyen Âge, le cadran de poche était couramment utilisé du XVIIe jusqu’au début du XXe siècle par les bergers des Pyrénées. Le cadran est constitué d'un cylindre de bois, souvent du buis, gravé ou recouvert de papier imprimé, et d'une lame d'acier pouvant se loger à l'intérieur du cylindre, le style. Sur ce petit cylindre est gravée la succession des mois, des jours (par décades) et des heures.
Ce cadran solaire est fondé sur les variations de hauteur du soleil car l'élévation du soleil sur l'horizon permet l'estimation de la longueur de l'ombre du style sur un cylindre.

Pour lire l’heure, il faut dévisser la partie supérieure et sortir le style du corps. Ensuite, il faut remettre le chapeau, puis revisser l'anneau supérieur sans le bloquer. Le chapeau doit être tourné avec le style de manière à faire coïncider ce dernier avec la date de la mesure. Ensuite on lit, à la base du fût, les initiales des mois puis les jours d'où dix-huit parties égales représentant chacune une décade. Cette division annuelle couvre deux fois six mois, une même verticale servant deux fois à des dates symétriques par rapport aux solstices d'été ou d'hiver.

L'anneau est pris entre le pouce et l'index puis on laisse pendre le cadran. On peut aussi fixer le cadran à un fil comme un fil à plomb et le faire penduler. On l’oriente au soleil de manière à obtenir une ombre bien verticale.
Le cadran était complémentaire à l’église du village que l’on entendait sonner les heures au loin, notamment les jours de temps nuageux.
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Chaussures à écorcer les châtaignes

1958.71.3.1

Ces chaussures, appelées « soles » étaient utilisées dans les Cévennes entre le XIXe siècle et les années 1950. Ces pointes métalliques sous les semelles étaient forgées par le forgeron du village et l’assemblage était effectué par le fabricant de galoches ou le producteur de châtaignes. La récolte des châtaignes se déroulait en septembre et octobre : les fruits naturellement détachés de leurs bogues étaient ramassés au sol. Les bogues et les feuilles restaient d’abord dans la châtaigneraie puis étaient mises en tas. Puis arrivait le séchage des châtaignes, dans un séchoir spécifique, fonctionnant au feu de bois, appelé « la clède » ou « clèda ».
Le décorticage suivait immédiatement le séchage. L’opération consistait à ôter le péricarpe, l’écorce marron de la châtaigne, et le tan, la petite peau brune et velue qui entoure chaque fruit. Ce travail s’effectuait souvent à l’extérieur, devant la porte de la clède. Chaussées des soles cinq ou six personnes piétinaient les châtaignes dans une sorte d’auge trapézoïdale en bois de châtaigner, « la pastière ». On versait à l’intérieur de chaque compartiment environ 20 kg de châtaignes et chacun se mettait à les piétiner. D’abord, chaque homme avait les soles noyées par les châtaignes et levait les pieds de bas en haut. Cette action permettait de retourner les châtaignes et d’ôter le péricarpe des fruits. Chaque homme conservait son équilibre en prenant appui sur deux cordes ou à une barre de bois. Ce travail dégageait beaucoup de poussière et était très pénible. En raison de la pénurie de carburant pendant la seconde guerre mondiale, les soles ont été à nouveau utilisées jusqu’au début des années 50.
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Araire

1966.66.89

Parmi tous les instruments aratoires actionnés par la force animale, on distingue l’araire et la charrue. Tandis que l’araire rejette la terre de part et d’autre du sep (partie de l’instrument qui rentre dans la terre), la charrue ne la rejette que d’un côté et la retourne grâce à un versoir. Des deux, l’araire est l’instrument le plus ancien, dont les premiers témoignages remontent au IVe millénaire avant notre ère. En France, certaines régions en conservent parfois l’usage jusqu’au XXe siècle, et la charrue ne se répand réellement qu’à partir du XIXe siècle. L’araire ne peut effectuer un travail profond (15 à 20 cm) et la nature du sol ainsi que les conditions climatiques expliquent en grande partie qu’il soit cantonné aux terres pauvres (régions de montagne notamment).

Cet araire a été collecté par le musée lors de sa grande enquête sur l’Aubrac dans le hameau des Fajoux (commune de La Trinitat, Cantal), à 1245 m d’altitude. Il fut utilisé par Laurent Girbal, qui l’avait lui-même fabriqué, jusqu’en 1965, date de l’abandon de la culture des céréales aux Fajoux. Attaché au joug tiré par une paire de bœufs ou de vaches, maintenu à l’arrière par le laboureur, il servait pour les labours préparatoires à l’ensemencement et le retournement des prairies.

Outre la France méridionale, ce type d’araire a été implanté dans une grande partie de l’Espagne, au nord de l’Allemagne, au nord de la Grèce, au sud et centre de la Bulgarie ainsi qu’au Liban.
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Surjoug

1983.7.1

Les surjougs sont de très beaux objets de l’art populaire en forme d’obus que l’on plaçait, grâce à une cheville métallique fixée sur le joug, au-dessus de celui-ci et en son centre. C’est une pièce d’attelage, car la base de l’objet, en forme de bobine, permettait de supporter l’anneau d’attelage. Ces objets en bois tourné, très colorés, étaient garnis de clochettes qui tintaient lors du déplacement de l’attelage. Localisés dans une aire géographique restreinte des vallées garonnaises autour de Toulouse (région de l’Isle-Jourdain, ouest de la Haute-Garonne et extrémité nord de l’Ariège), ils connaissent leur apogée au XIXe siècle.

C’est surtout un symbole de prestige social, chacun rivalisant de hauteur, de forme complexe, de couleurs vives, d’un nombre croissant de clochettes. Confectionnés au tour en ormeau ou en sycomore, certains surjougs ont des formes très caractéristiques et des décors homogènes. Même si l’on ne peut parler d’écoles, certains artisans ont dû se spécialiser dans telle réalisation qui était vendue localement sur un rayon de quelques dizaines de kilomètres. L’usage du surjoug, qui, avec ses décors de cœurs, pouvait constituer un cadeau de mariage, a disparu dans les années 1930.
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Fusil canardière

1992.30.1.1-3

La canardière désigne à la fois la partie d'un étang ou d'un marais aménagée pour prendre des canards sauvages dans des nasses ou des filets, mais aussi la hutte d'où les chasseurs à l'affût tirent sur les oiseaux, et enfin le long fusil portant très loin, propre à chasser les canards sauvages et autres oiseaux difficiles à approcher. La canardière est un fusil à piston ou à culasse (dans les années 1920) qui était fixé sur un canot léger, monoplace, à fond plat, spécifiquement destiné à la chasse au gibier d'eau, appelé « petit canardier » ou « arlequin ». Le déplacement du bateau se faisait avec de petites rames et le chasseur était couché sur le fond du bateau. Le gouvernail articulé était manœuvré avec le pied. Dès qu’un groupe de dix à vingt canards étaient attirés par les appelants et posés sur l’eau, le chasseur tirait un coup avec un fusil simple de la main gauche pour provoquer l’amorce de l’envol des volatiles, puis il tirait à la canardière avec la main droite au moment où les oiseaux écartaient les ailes et commençaient à se lever de l’eau. Les chasseurs tiraient jusqu’à cinq coups de canardière par jour et retournaient entre chaque coup dans le gîte. Mais il semble que toucher les oiseaux était assez aléatoire. Cette chasse se pratiquait par n’importe quel temps, pluie, bise et neige. Elle était pratiquée de façon professionnelle, notamment sur la Saône autour de Marnay, Allériot, La Colonne, et les canards étaient vendus sur les marchés ou auprès des restaurateurs. L’usage de la canardière a été interdit en 1951.
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Piège à mâchoires

1994.7.4

Le piège le plus emblématique parmi des formes extrêmement diverses est le piège à mâchoires. Entièrement métallique, il est constitué d’un ressort plat sur lequel sont fixées deux mâchoires mobiles garnies de piques et d’une palette amovible servant à actionner les mâchoires. Un appât peut être également y être placé. Il est installé par le piégeur sur un itinéraire que l’animal convoité a l’habitude de suivre et dissimulé sous des feuilles mortes, brins d’herbes, petites brindilles ou écorces. Dès que l’animal (pas nécessairement celui que l’on attendait) exerce une pression avec la patte ou le museau sur la palette, la tige qui maintenait le piège ouvert se soulève et les mâchoires se referment. L’animal ainsi capturé est généralement mutilé et ne tarde pas à mourir.
Ce type de piège, dit à loup, bien qu’il ne soit pas spécifiquement destiné aux loups, était placé par les bergers à proximité de l’enclos des moutons et permettait ainsi de capturer les animaux ennemis du troupeau.

En 1994, le musée a mené une campagne d’acquisition sur le piégeage et a permis d’actualiser les collections sur ce thème. A cette époque la loi imposait que les mâchoires du piège soient lisses et garnies de bandes de caoutchouc afin de ne pas blesser l’animal capturé. Ce piège a été fabriqué dans la dernière fabrique encore en activité à l’époque, la Maison Fouré à Sourdeval (Manche), qui produisait également des outils de jardinage. Aujourd’hui, l’utilisation du piège à mâchoires est interdite.
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Canne à mouche en bambou refendu

1997.21.1.1-4

Dès le début du XXe siècle, les articles utilisés pour la pêche à la ligne sont en général manufacturés comme en témoigne le catalogue de la Manufacture française d’armes et de cycles de Saint-Etienne. Ces objets étaient, pour la plupart d’entre eux, diffusés sur l’ensemble du territoire national voire même exportés. L’utilisation de ces articles est davantage liée à un type d’écosystème particulier (pêche en étang, en rivière, en torrent, en fleuve) et au choix du poisson recherché.

La plus ancienne manufacture de cannes à pêche française était la maison Pezon et Michel, installée à Amboise dès les années 1860. Cette maison a fabriqué toutes les gammes de cannes à pêche depuis les modèles en roseau qu’aux modèles luxueux en bambou refendu qui apparaissent à la fin des années 1930 et connaissent un succès mondial jusque dans les années 1950. Après la seconde guerre mondiale, se répand la canne en fibre de verre creuse, beaucoup plus légère, flexible et résistante. Puis, la canne en fibre de carbone qui domine actuellement.

Après une longue période d’abandon du bambou refendu, Alain Ourtilani, passionné de pêche, décide de remettre au goût du jour la canne en bambou refendu à partir de 1992. Il fabrique sa première canne en bambou refendu au rabot et au moyen de gabarits selon un principe proche de celui utilisé jadis par Pezon et Michel. Après de nombreuses expérimentations, il met au point, après 1992, une machine robotisée qui permet de calculer automatiquement la courbe de la canne pendant l’action de pêche. Pour alléger davantage la canne, l’intérieur des baguettes des scions est creusé à la lame de rasoir. Cette fabrication spécifique associe la légèreté et l’efficacité de l’action de pêche, grâce au travail effectué sur le bambou, au luxe des matières utilisées.
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Charrette de parade

2003.1.1

Les charrettes en bois polychrome sont une caractéristique majeure de l’art populaire sicilien autant qu’un symbole identitaire de l’île depuis le XIXe siècle et, ce, encore aujourd’hui. Principalement dédiées au transport de produits agricoles (fruits ou légumes), à celui du fumier ou du charbon de bois, les voitures richement décorées dépassaient leur simple fonction utilitaire et prenaient place dans les fêtes patronales de quartier. A Palerme, ce type de charrette décorée était également utilisé lors de la fête du palio, concours entre quartiers d'une cité ou entre entités territoriales voisines, en général disputé avec des chevaux ou autres animaux. L’imagerie touristique, dès le début du XXe siècle, en fait un élément emblématique du patrimoine sicilien.

Sujet de fierté ou symbole de prestige social, ces charrettes pouvaient être peintes par des artisans spécialisés qui les ornaient des motifs géométriques ou floraux ou des scènes narratives inspirées de la littérature orale ou écrite, religieuse ou historique. Ce bel exemplaire est ainsi décoré sur toutes ses faces de motifs représentant le combat des Maures et des chrétiens. Le répertoire des scènes figurées renvoie aux grands textes de la Renaissance italienne : la Jérusalem délivrée du Tasse, le Roland furieux de l’Arioste, et le Roland amoureux de Boiardo.
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Pain en forme de sirène

2004.9.578

Les collections du Mucem sont riches d’objets relatifs à la chaîne opératoire qui conduit du blé au pain, d’ustensiles nécessaires aux différentes étapes de son élaboration, du pétrissage de la pâte à sa cuisson et à sa consommation. Cette jolie sirène a été acquise en 2004, en même temps que plus de 1000 pains, auprès d’une collectionneuse qui pendant 15 ans sillonna l’Europe à la recherche de pains figuratifs.

La place dans l’alimentation européenne des préparations issues d’une pâte à base de farine, pétrie à cru et cuite à sec, pains et galettes, héritage des civilisations proche-orientales et égéennes est centrale. Denrée nécessaire, dont la présence est garante de la paix sociale, mais dont le manque est source de désespoir et de révoltes, le pain est omniprésent, accompagnant tous les moments de la vie, au cœur des rites religieux des peuples sédentaires bien avant le christianisme, qui reprend cependant dans son calendrier liturgique les grandes dates des fêtes correspondant au temps des semailles ou de la moisson. Parfois zoomorphes, souvent anthropomorphes, tressés ou entrelacés, moulés ou sculptés, en forme d’étoile ou de couronne, pains et gâteaux sont au cœur des traditions relatives à la fécondité, à la mort, à la foi.
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Bouquet de moisson

2014.3.1

Les bouquets de moisson confectionnés par les moissonneurs sont des assemblages plus ou moins complexes d’épis de blé. Ils étaient traditionnellement exposés à l’église lors de la messe des moissons ou offerts à la maîtresse de maison qui avait préparé le repas des moissonneurs clôturant cette importante corvée. Apposé parfois sur la porte des granges, le bouquet pouvait être un symbole de protection de la récolte.

Pendant la période communiste, en Pologne, les terres n’ont pas été collectivisées et les fêtes des moissons se sont parfois maintenues. Aujourd’hui très populaires, ces festivités illustrent l’osmose entre fête religieuse et fête laïque avec kermesse. Les bouquets deviennent des constructions sophistiquées et des concours sont organisés partout dans le pays. Ce bouquet est inspiré de motifs observés dans un almanach : autel et ostensoir, pain, fleurs séchées et grappes de raisin. Un mois a été nécessaire à sa confection par un groupe de voisins. Le bouquet a obtenu le premier prix du concours de bouquets de moisson de Lubaczów en 2013. Aujourd’hui, à l’issue du concours, les bouquets sont le plus souvent détruits et aucune vertu protectrice ne leur est plus accordée. Seules importent la performance esthétique et la dynamique de solidarité entre amis et voisins.
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Presse à fourrage

2014.5.1

Cette presse à fourrage était destinée à confectionner des bottes de foin. Elle marque, du point de vue technique, les prémices de la mécanisation de certaines tâches agricoles, étape de transition entre un travail de fenaison complètement manuel, quand le foin était entreposé en vrac dans des greniers ou en meules, et le moment où les bottes de foin sont réalisées directement dans les prés avec une botteleuse tractée. La presse pouvait être mobile. Elle nécessitait la présence de deux hommes qui actionnaient les deux leviers latéraux de la machine pour faire lever, à l’intérieur, un plateau et comprimer le foin sur les côtés de la machine. Le liage des balles se faisait manuellement, en ouvrant les deux portes latérales, avec des fils de fer ou de la ficelle de lieuse. Finalement, ce travail était encore très manuel et demandait beaucoup d’énergie humaine et de temps. Néanmoins cette machine témoigne d’une étape vers la rationalisation des tâches agricoles.

Originaire de Saône-et-Loire, la fabrique de matériel agricole Plissonnier s’installe à Lyon vers 1847 et connaît un essor important grâce à Simon Plissonnier (1847-1931), personnalité importante du monde agricole et député de l’Isère. Cette maison fabriquait une vaste gamme de matériels, participait au développement de la mécanisation et à de nombreux concours agricoles en régions et à Paris. Au concours de Valence de 1897, Plissonnier remporte une médaille d’argent pour sa presse à fourrage, inspirée d’un modèle anglais de Waite Burnell apparu en France vers 1877.
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Modèle funéraire

2014.7.1

Cette pièce est un exemple de ce que l’on appelle les « modèles funéraires », de petits groupes sculptés qui étaient placés dans les tombes des élites égyptiennes entre le XXIIIe et le XIXe siècles av. J.-C. Comme à d’autres époques les reliefs et peintures sur les parois des tombeaux aristocratiques, mais en trois dimensions, ces modèles représentent des scènes de la vie quotidienne dans la vallée du Nil : pêche, travaux d’ateliers, labours, engrangement des récoltes et décompte des troupeaux.

Même s’il ne saute pas aux yeux de l’observateur moderne, le réalisme de ces compositions est essentiel. Ici la couche de stuc qui couvre les figurines en bois permet de modeler avec un grand sens de l’observation les formes caractéristiques des bovidés (leur large encolure, leur croupe découpée ou encore la silhouette des pattes), tandis que la couleur et l’ajout de pagnes en tissu véritable – s’ils sont authentiques – renforcent l’authenticité désirée. L’objectif n’est pas de donner l’illusion de la vie, mais de capter l’essentiel des personnages figurés pour qu’ils puissent être viables dans l’autre monde. Par la magie de l’image, les modèles doivent remplacer dans l’au-delà la réalité que l’on connaît ici-bas. Ainsi ces deux bovidés, sous la bonne garde de leurs bouviers, ont-ils pour mission de garantir éternellement au défunt tous les avantages de l’élevage bovin : lait, viande, cuir, corne, et prestige social.
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Tribulum pour dépiquer le grain

DMH1975.112.30

De forme rectangulaire ou trapézoïdale, le trillo ou tribulum est constitué deux planches de bois placées côte à côte et assemblées par trois traverses. Cet instrument est garni sur sa face interne de plusieurs rangées d’éclats de pierre, souvent des silex taillés, placées en quinconce. Le tribulum sert simultanément à dépiquer les céréales, c'est-à-dire à faire sortir les grains des épis, et à hacher la paille. L’étude de l’usure de silex (tribologie) fait remonter l’usage des tribulums au moins au IVe millénaire avant notre ère, en Mésopotamie. Cet instrument témoigne d’une pérennité d’utilisation remarquable jusque dans les années 1980, en Espagne ou en Syrie.

Sur une aire durcie en terre battue, les tiges de céréales moissonnées sont étalées en une épaisse couche. Incurvé à l’avant et muni d’un anneau, le tribulum est tiré par un animal (mulet, cheval, bœuf) voire deux, tandis que son conducteur est le plus souvent debout à l’arrière de la planche, la lestant encore davantage. Par des rotations répétées, les silex du tribulum hachent menu la paille et les épis, action conjuguée au piétinement des animaux. La paille hachée est éjectée vers l’arrière, alors que des rotations répétées sont nécessaires pour hacher totalement la couche de céréales.

S’ensuit le vannage, qui utilise la force naturelle du vent associée à certaines outils (différentes sortes de pelles, de fourches…), indispensable à la séparation des grains, des balles, de la paille et de la poussière. Les grains sont enfin passés au crible pour un nettoyage parfait.
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Joug de garrot

DMH1937.61.16

On trouve au nord-ouest du Portugal, dans les régions littorales, de part et d’autre de Porto et de la vallée du Douro, de magnifiques jougs de garrot, parmi les plus beaux au monde. Un joug est une pièce de bois servant à atteler une paire d’animaux de trait. Celui-ci est très développé en hauteur mais il est presque plat, confectionné en frêne, noyer ou chêne-liège. Les grands jougs portugais sont sculptés et souvent ajourés, parfois peints et proposent un programme décoratif extrêmement riche : motifs végétaux, rosaces et autres motifs géométriques, mais aussi motifs religieux comme des croix et des ostensoirs destinés assurer la protection des animaux et peut-être aussi des hommes. Ces jougs, placés sur l’encolure des animaux sont également fixés aux cornes par des courroies : ils sont donc à la fois joug de corne et de garrot, et sont ainsi plus stables. La liaison joug-timon est assurée par des anneaux mobiles.
Ces jougs exceptionnels sont connus sur le littoral portugais à partir du milieu du XIXe siècle, on les retrouve également en Amérique centrale. Bien que très richement ornés, ces jougs sont utilisés pour les travaux quotidiens, traction de véhicules et d’instruments agricoles.
Bien que les agronomes aient longuement discuté de la supériorité du joug de corne ou du joug de garrot, ce dernier présente de nombreux avantages : il ne nécessite pas un dressage important des bovins, il permet d’associer deux animaux de races différentes – vache et âne par exemple – et il peut s’adapter facilement à des bêtes aux cornes importantes comme le yack et le zébu. Le joug de garrot est en effet le mode traction le plus répandu à travers le monde et on le trouve sur tous les continents.