© L DRULHE
Zelig RTM – (H)acktivismes : l’information veut toujours être libre
TRANS//BORDER - Les enseignements de Nathalie Magnan
Conception, coordination : Peggy Pierrot (chercheuse indépendante), Philippe Rivière (journaliste)
Quelle articulation entre les paroles et pratiques féministes/LGBT et les questions technologiques (internet, logiciels, outils techniques) ? Depuis l'élection américaine de 2016, internet peut être perçu comme une arme de « désinformation massive ». L'opposition binaire des années 1990-2000 entre « mass médias » et « médias alternatifs » est aujourd’hui à réévaluer. À l’heure des réseaux sociaux omniscients et des « téléphones espions » (smart-phones), une analyse critique d'internet s’avère indispensable.
Le titre de cette séquence fait référence au héros du film de Woody Allen Zelig (1983), personnage mutant qui apparaît toujours là où on ne l’attend pas. Le nom « Zelig » a été utilisé, avec des variations diverses (zeligConf, no-zelig, zelig.rc2), au début des années 2000 pour désigner plusieurs rencontres organisées à Paris autour des usages activistes de l'internet. Nathalie Magnan y avait organisé des ateliers non-mixtes, exclusivement ouverts « à toute personne se déclarant femme le temps de l’atelier ».
11h
Internautes
Projection
De Nathalie Magnan (1995, 13 min)
Réflexion sur le réseau internet, son histoire, ses utilisations et ses conséquences politiques. Un montage efficace d’interviews et d’images d’archives, réalisé en 1995 pour La Nuit Cyber de Canal+.
Suivi de :
Communautés de médias tactiques actives aujourd’hui
Table ronde
Avec Aris Papatheodorou (Réseau Samizdat), Philippe Rivière (visionscarto), Marie Lechner (Gaîté lyrique), Geert Lovink (théoricien des médias)
Face à un réseau internet de plus en plus centralisé et surveillé, des artistes et des « hacktivistes » multiplient les projets invitant à s'extraire du cloud et à réactiver l'idée originelle d'un réseau de pairs, en développant leurs propres outils de contournement et leurs propres mini-réseaux locaux.
- Aris Papatheodorou
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Aris Papatheodorou est directeur artistique du journal Le Monde. Militant des logiciels libres, il a créé le réseau Samizdat avant d’organiser en 2001 et 2002 les Zelig conférences qui rassemblent des représentants de l’internet et des logiciels libres en Europe.
- Philippe Rivière
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Détourné de la recherche en mathématiques par l'arrivée d'internet, Philippe Rivière est devenu webmestre et journaliste. En parallèle il s'implique dans la constitution de collectifs défendant le « web indépendant » et les libertés civiles, autour de sujets (migrations, santé publique) et d'outils (SPIP, rezo.net) où la présence de Nathalie Magnan était une évidence. Depuis 2014, il travaille comme cartographe indépendant dans le cadre du projet Visionscarto.net.
- Marie Lechner
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Marie Lechner est responsable de programmes artistiques à la Gaîté lyrique (Paris). Ancienne journaliste à Libération en charge des cultures numériques, elle a notamment été en 2017 commissaire de « Lanceurs d’alerte » à la Gaîté Lyrique et auteure de « Résistances numériques », projet en ligne présenté dans le cadre de l'exposition « Soulèvements » au Jeu de Paume.
- Geert Lovink
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Geert Lovink est un théoricien néerlandais des médias. Il est l’auteur de Uncanny Networks (2002), Dark Fiber (2002), My First Recession (2003), Zero Comments (2007), Networks Without a Cause (2012) et Social Media Abyss (2016). Il a fondé en 2004 l’Institute of Network Cultures à l’université des sciences appliquées d’Amsterdam. Cette structure organise des conférences, réalise des publications et met en place des réseaux de recherche. Ses plus récents projets traitent de l’édition numérique et de l’avenir de la critique d’art. Il enseigne également à l’European Graduate School (Saas-Fee/Malte), où il supervise des doctorants.
15h
Chelsea
Performance
Par Anne Laforet (artiste)
Chelsea est une performance pour, et à propos de Chelsea Manning, combinant approche documentaire et personnelle. Une performance symbolique traitant de questions liées au genre, aux bases de données, à la répression des lanceurs d'alerte et des hackers…
- Anne Laforet
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Anne Laforet est artiste, chercheure et enseignante à la Haute école des arts du Rhin (HEAR) à Strasbourg.
Suivi de :
Libertés et surveillance à l’ère du numérique
Table ronde
Avec Seda Gürses (chercheuse), Nicolas Malevé (artiste, développeur), Jean-Marc Manach (journaliste d’investigation), Rayna Stamboliyska (consultante et chercheuse indépendante)
Comment les récents développements dans la pratique de l'ingénierie logicielle peuvent-ils nous obliger à changer nos conceptions de la surveillance ? S’agit-il, pour les fabricants de logiciels, de mieux connaître les utilisateurs ou bien de capturer et « marchandiser » leurs grammaires d'action ? Les machines seraient-elles plus habiles que les humains pour détecter notre orientation sexuelle par l’utilisation des technologies de reconnaissance faciale ? Le monde dans lequel nous vivons est-il orwellien ou kafaïen ? Les points de vue peuvent diverger. Ils seront argumentés. Ces questions nous concernent.
- Seda Gürses
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Chercheuse basée à Bruxelles, Seda Gürses est membre du collectif d’artistes Constant. Elle travaille principalement sur les technologies relatives à la protection de la vie privée, interrogeant leur interaction avec les formes de surveillance publiques et privées. Plus récemment, elle s’est intéressée à l’économie politique de l’ingénierie logicielle.
- Nicolas Malevé
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Nicolas Malevé est un artiste, programmeur et « data activiste ». Ses travaux de recherche actuels portent sur les algorithmes de vision. Nicolas est membre de Constant depuis 1998 et de l'Institut scandinave de vandalisme computationel. Il vit et travaille à Bruxelles et à Londres.
- Jean-Marc Manach
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Journaliste d'investigation, Jean-Marc Manach travaille notamment sur les questions de surveillance, de vie privée et de renseignement. Il a traduit ou écrit de nombreux manuels de sécurité informatique expliquant comment protéger ses sources et communications, travaillé avec Reporters sans frontières pour leur kit de survie numérique, avec WikiLeaks à de nombreuses occasions, écrit deux livres sur la vie privée et la société de surveillance, un documentaire pour Arte (une Contre-histoire de l'Internet), et un Cash Investigation sur le Business de la peur. En tant qu'hacktiviste de la vie privée et de la cryptographie, il était également - à l'époque - l'un des organisateurs des ZeligConf.
- Rayna Stamboliyska
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Rayna Stamboliyska aka Malicia Rogue est consultante et chercheuse indépendante. Elle est spécialiste des technologies et des données ouvertes ainsi que de la lutte contre la corruption dans le milieu des affaires. Son expertise professionnelle se situe aussi dans les domaines des relations internationales, de la gestion des risques et des réponses aux crises, au Moyen-Orient comme en Europe de l'Est.
17h
Atlas critique d’Internet
Projection-Navigation web
Par Louise Drulhe (artiste)
Louise Drulhe présente son travail de recherche plastique et théorique à travers son Atlas critique d’Internet : l’objectif est d’utiliser l’analyse spatiale comme clé de compréhension des enjeux sociaux, politiques et économiques présents sur internet.
- Louise Drulhe
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Diplômée de l’Ensad (École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs) Louise Drulhe vit et travaille à Paris. Elle construit une recherche théorique et plastique sur la cartographie et la représentation de l'espace d’internet. Elle envisage la spatialisation comme un outil de compréhension socio-politique de cet espace. Son travail a été exposé récemment à la Biennale internationale de design de Saint-Etienne, à la Biennale internationale d’art contemporain de Moscou, ainsi que dans des galeries (Drugo More en Croatie, La Couleuvre à Paris) et des centres d’art (iMAL à Bruxelles).
Suivi de :
L'internet critique, entre (des)illusions et spéculations
Table ronde
Avec Patrice Riemens (géographe), Jacques Servin (The Yes men), Spider Alex (Gender and Technology Institute), Valentin Lacambre (pionnier de l’internet, co-fondateur de gandi.net, altern.org)
La critique d’internet et des TIC « patriarcales et capitalistes » n’est pas seulement le fait de mini-communautés de spécialistes. Au-delà même de la critique, le panorama actuel des cyberféminismes post-coloniaux montre comment s’imaginent de nouvelles façons d'habiter le cyberespace et comment se développent des mouvements qu’il est intéressant d’observer… et de rejoindre.
- Patrice Riemens
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Patrice Riemens est géographe, anciennement « de choc » (Yves Lacoste), mais maintenant paisiblement (?) en retraite. N'ayant jamais été très à l'aise - et de moins en moins - à l'université, il est passé dans l'activisme ; squatteur dans les années 1970 et hacker à la fin des années 1980. C'est ainsi qu'il a participé à la formation d'un « domaine numérique public » (c’est-à-dire ni commercial ni gouvernemental) aux Pays-Bas et internationalement (grands rassemblements hackers, fournisseurs d'accès, Hacktic-XS4ALL, DDS-Ville Digitae d'Amsterdam, liste nettime, etc.). Ayant quitté les Pays-Bas pour l'Italie, il est maintenant actif dans les mouvements (et la recherche) activistes urbains (inura.org) et dans les questions d'économie politique du Net (critique du « solutionnisme techno », crypto-monnaies) et d'économie politique tout court (précarité, revenu de base/dividende de citoyenneté).
- Jacques Servin
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Jacques Servin est l’un des fondateurs du groupe The Yes Men, dont les activités depuis 2000 ont été largement relayées dans le monde entier. Les Yes Men sont nés de ®™ark, un système conçu par Jacques Servin en 1996 pour diffuser, financer et encourager des projets militants. Fort de son expérience avec les Yes Men, Servin a fondé le Yes Lab en 2010. À l’université de New York, où il fut professeur invité durant quatre ans, il a animé une série de conférences, les Creative Activism Thursdays. Il a également fondé le Critical Tactics Lab à l’université de New York.
Il avait participé au projet Sailing for Geeks 2, conçu par Nathalie Magnan.
- Alex Haché aka Spider Alex
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Alex coordonne actuellement le projet « Sécuriser les libertés en ligne et hors ligne pour les femmes : expression, confidentialité et inclusion numérique ». Ce programme vise à former des militantes à la sécurité globale et à permettre la création de réseaux de solidarité et de soutien. Sociologue et chercheuse sur les TIC, Alex s’est impliquée durant la dernière décennie dans le développement de collectifs cyberféministes et d’initiatives de souveraineté technologique pour la transformation politique et sociale de communautés de quartiers, de réseaux de recherche engagés, de mouvements sociaux et de groupes de femmes.
- Valentin Lacambre
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Valentin Lacambre est un des pionniers de l’internet français. Il est à l’origine du service 3615 MINITEL (qui permettait de se connecter à internet à partir d’un minitel) et de la Fédération Internet et Libertés (FIL). Il est membre-fondateur de la commission permanente des médias libres. Il est co-fondateur de Gandi (gestion et attribution des noms de domaines sur internet). En 1992, il crée le site d’hébergement altern.org.
Tarifs |
Entrée libre |
Lieu | Mucem, J4— Auditorium |
Horaires | Samedi 17 mars de 11h à 19h |