TRACES MATERIELLES DE LA MORT DE MASSE : L’objet exhumé
Colloque
« A boot is more human than a bone » (Layla Renshaw)
La pratique d’enfouissement des cadavres s’enracine dans l’histoire longue des violences de masse, qu’elles aient été produites dans le cadre d’affrontements guerriers, de génocide ou de répression politique. Celle de leur exhumation semble s’inscrire, elle, dans une dynamique propre à un XXe siècle à la fois traversé par des violences extrêmes d’une ampleur inédite et marqué par l’épanouissement de la figure victimaire. Le développement de l’archéologie funéraire, les progrès de la médecine légale qui permet l’identification ADN des cadavres des années après le décès, associés à l’intérêt croissant de nos sociétés pour le passé et sa mémoire ainsi qu’à la soif de justice et de réhabilitation mémorielle des victimes, ont contribué à l’essor de la quête des cadavres enfouis à la hâte dans des contextes extrêmes partout dans le monde.
Traces matérielles du massacre, ces fosses et les restes qu’elles contiennent sont un outil à la disposition des chercheurs certes, mais aussi des familles, de la justice et des États pour établir une vérité méconnue, oubliée, refoulée ou niée. On le devine : les motivations des uns et des autres ne concordent pas nécessairement et les conflits associés (qu’ils soient symboliques, politiques, immobiliers ou diplomatiques) sont à la hauteur du degré de sensibilisation des sociétés au passé soulevé par ces traces.
Ce colloque réunit chercheurs, praticiens et experts autour d’une dimension spécifique de ces traces : l’objet exhumé. En effet, si les fosses communes abritent les restes humains des victimes, elles contiennent aussi divers objets qui interpellent tout autant les professionnels des exhumations, les chercheurs que les proches des victimes. Trop souvent laissés à la marge, considérés comme des appendices des restes osseux, ces objets sont non seulement des sources riches en informations, mais aussi des signes porteurs d’émotions et d’interrogations multiples. C’est à ces objets, signifiants en soi, à leur fonction dans la pratique exhumatoire et à leurs usages postérieurs dans les pratiques de réinhumation et d’entretien du souvenir, que ce colloque est consacré.
Sont attendus archéologues, historiens, anthropologues, historiens de l’art, politistes, criminologues venus des Etats-Unis, du Royaume-Uni, d’Espagne, d’Autriche, de Russie, d’Ukraine.
Une conférence plénière sera impartie par Mme Jan Ramirez, Conservateur du Mémorial du 11 septembre à New-York, le 5 novembre à 18h.
Tout le programme du colloque sur http://www.colloque-objet-exhume.com/
Tarifs | |
Lieu | Salles de réunion et de conférences de l'I2MP |
Renseignements / Réservation |
Entrée libre sur inscription : i2mp@mucem.org |