La construction des boîtes répond à un objectif qui pourrait paraître simple, celui d’ajuster un contenant et un contenu. Et pourtant, derrière cet objectif se cachent des problèmes complexes d’optimisation. Comment maximiser le volume intérieur d’un contenant tout en minimisant son emprise externe ? Quelle valeur accorder à l’espace inoccupé à l’intérieur de la boîte ? Faut-il le réduire à des fins de rentabilité ou d’hygiène, comme dans une conserve ? Ou faut-il au contraire le préserver pour faciliter, par exemple, la respiration ou la circulation des êtres vivants qui s’y trouvent ?

En fonction de ces calculs, les arbitrages évoluent entre deux situations opposées : soit le contenant s’impose au contenu au point de redéfinir son format (on peut penser au projet de produire des tomates carrées), soit le contenant s’adapte au contenu parce que, comme une œuvre d’art, celui-ci est fortement valorisé.

De telles considérations atteignent un autre degré lorsque des contenants doivent être contenus dans d’autres contenants : l’effort d’optimisation consiste alors à imposer des rapports de proportionnalité entre tous les formats. Le produit ultime de ces réflexions, le carton pliable, est ainsi standardisé afin de tenir sur une palette elle-même censée tenir dans un conteneur. La forme privilégiée du capitalisme semble donc être le quadrilatère. Mais comme le montre l’histoire du suremballage, cette optimisation économique peut s’avérer désastreuse d’un point de vue environnemental. C’est ce que nous examinerons à travers l’histoire du stockage et du transport des marchandises ou des œuvres.

Une proposition de Samir Boumediene, enseignant-chercheur (IHRIM, UMR 5317, ENS de Lyon) chargé de mission au sein du Mucem pour le projet « Mises en boîtes : histoire, anthropologie et muséographie d’une pratique quotidienne ».