Conférence de Constance Rivière (directrice du Musée National de l'Histoire de l'Immigration, Palais de la Porte Dorée).

Cette année, la Semaine de la pop philosophie, sur une proposition de Jacques Serrano, explore la question de « l’art pour tous ».

« L’art pour tous » serait-il devenu un slogan vide de sens, une assertion dans laquelle le peuple ne se retrouverait pas et qui dénoterait même involontairement un certain mépris à son égard ?

Au Mucem, nous évoquerons plus particulièrement le cas des musées avec Constance Rivière, directrice générale du palais de la Porte Dorée, anciennement chargée de la culture et de la citoyenneté sous le mandat présidentiel de François Hollande et auteure de Une fille sans histoire (2019), La Maison des solitudes (2021) et La Vie des ombres (2023). 

Cette conférence sera introduite par Pierre-Olivier Costa, président du Mucem, et suivie d’un échange avec Constance Rivière, Marie-Charlotte Calafat, directrice scientifique et des collections du Mucem et Fabrice Raffin, socio-anthropologue.

Ouvrir les musées

Depuis quelques années nous assistons à un retour en force des musées d’histoire et de société. L’envie de comprendre mais aussi de participer aux grands débats qui agitent le monde, de créer une dynamique, montre que ces musées connectés aux questions du temps présent, répondent aux attentes des publics. Les très bons chiffres de fréquentation du Musée national de l’histoire de l’immigration depuis la réouverture du parcours permanent, confirment cette tendance qui revêt aujourd’hui des exigences nouvelles poussant les musées à se réinventer.

De la présentation des collections à l’écriture des textes, du choix des œuvres lors des acquisitions à la programmation des expositions temporaires, en passant par la médiation ou la programmation artistique et culturelle, tous ces outils sont à la disposition des institutions pour passer du modèle rêvé de musée universel à celui de musée partagé, ouvert, débarrassé de certains codes et d’une forme de surplomb indifférent aux évolutions de la société. Car les musées ne sont pas neutres. C’est ce qu’avait souligné avec force le bureau l’ICOM aux Etats-Unis, lors de l’assassinat de George Floyd « Les musées ne sont pas séparés de leur contexte social, des structures de pouvoir et des luttes de leur communauté… Le silence n’est pas de la neutralité, c’est un choix – le mauvais choix ».

Partant de là nos institutions font face à des enjeux communs pour en bousculer la conception classique, les reconnecter avec les préoccupations de la société, et s’ouvrir à de nouveaux publics, en ayant toujours comme boussole ces questions essentielles : Quel impact ? quel rôle social ? Comment faire de nos musées des lieux de croisements et de frottements, assumer la plurivocalité de nos sociétés sans perdre le temps long, la scientificité, et surtout sans jamais omettre la joie ?

Constance Rivière