Meriem Bennani, Life on the Caps (detail), 2022. Courtesy of the artist
Meriem Bennani
Festival Art Explora
Meriem Bennani développe depuis plusieurs années une pratique protéiforme de films, d'installations et d'environnements immersifs entrelaçant les références à la culture populaire mondialisée avec la représentation vernaculaire de sa culture marocaine natale et l'esthétique visuelle qu'elle capture avec son iPhone. Avec un humour ironique et une subtile agilité à détourner les clichés de la culture moyen-orientale, son travail interroge notre société contemporaine et ses identités fracturées, les questions de genre et la dominance omniprésente des technologies numériques. Si elle apparaît comme l'une des artistes les plus fascinantes de sa génération, c'est précisément en raison de sa capacité à déconstruire les dichotomies entre ce que l'on attend du monde occidental et ce que l’on attend du Sud global, et à dévoiler les complexités des productions culturelles, des disciplines artistiques et des identités plurielles. Dans un monde globalisé de plus en plus clivé par les politiques identitaires issues du capitalisme tardif, il y a, dans l'approche extensive et généreuse de Bennani, l'espoir sans fin ou peut-être l'utopie insensée que ce que nous avons en commun peut surpasser ce qui nous divise.
Ghariba (2017) est un portrait ludique et émouvant de quelques femmes au Maroc. Évoquant la télé-réalité, la vidéo personnelle et le film ethnographique, son langage visuel est à la fois intime et fantaisiste, les manipulations numériques de la réalisatrice amplifiant et sapant tour à tour les présentations de soi de ses sujets. Les femmes de Bennani discutent d’amour et de romance, de rencontres et d’amitié, de solitude et de communauté, le tout contre la terreur du vieillissement.
2 Lizards (2020) est une série d’animation en huit épisodes qui dépeint une vision surréaliste des premiers mois de la pandémie de Covid-19.
La trilogie Life on the CAPS (2018-2022) se déroule dans un futur surnaturel et dystopique sur CAPS, une île fictive au milieu de l'océan Atlantique qui héberge des migrants surpris en train de se téléporter illégalement et installés dans des enclaves animées. Superposant des séquences d'action en direct et des animations générées par ordinateur, Bennani adapte intuitivement les techniques de montage qui évoquent le film documentaire, la science-fiction, les séquences téléphoniques, les vidéoclips et la télé-réalité.
Meriem Bennani est née en 1988 à Rabat, au Maroc, et vit et travaille aujourd'hui à New York. Elle est diplômée de The Cooper Union et de l'École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris. Son travail a notamment été présenté au Whitney Museum, MoMA PS1, The Guggenheim Museum, Julia Stoschek Collection à Berlin, Fondation Louis Vuitton à Paris, Nottingham Contemporary, Renaissance Society à Chicago et Kamel Lazaar Foundation à Tunis.
Séance présentée par Martha Kirszenbaum, curatrice et critique d'art, dans le cadre du Festival Art Explora.
- Marta Kirszenbaum
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Marta Kirszenbaum est une commissaire d'exposition et critique d'art basée à Paris et à Los Angeles. Elle a été la commissaire du Pavillon français de la Biennale de Venise en 2019 représenté par Laure Prouvost, et elle a fondé et dirigé Fahrenheit à Los Angeles. Elle a organisé des expositions au ICA, au Palais de Tokyo, au Kistefos Museum, au Beirut Art Center et à la Pejman Foundation.
Tarifs |
Entrée libre dans la limite des places disponibles |
Lieu | Mucem, J4— Auditorium |
Horaires | Lundi 17 juin 2024 à 19h |