Table ronde

Avec Nicolas Détrie, urbaniste, Yes We Camp, Kamel Guémari, L’Après M, Laura Spica, Noailles Debout
Modération : Margaux Darrieus

Marseille a la réputation d’avoir vu naître des collectifs parmi les plus dynamiques réunis autour d’actions et de valeurs communes. En 2013, le collectif d’urbanistes Yes We Camp installe son premier camping d’été à L’Estaque. Dix ans plus tard, il est devenu maître dans le développement de projets d’urbanisme transitoire à vocation sociale, dont Foresta ou Coco Velten à Marseille. En plein cœur de la ville, l’association Noailles Debout a pour objet la production culturelle, la création patrimoniale et la participation des habitants à la définition des politiques urbaines en matière d’aménagement et de vie sociale et culturelle. Au carrefour des quartiers Nord, L’Après M a inventé un nouveau modèle solidaire en créant une plateforme d’entraide et un restaurant solidaire, dans les locaux dans un ancien McDonald’s. Quelles formes prennent ces énergies communes aujourd’hui à Marseille ? Comment ces projets sont-ils des modèles pour le reste du monde ?

Nicolas Détrie

Formé à l'économie urbaine, Nicolas Détrie a connu ses premières expériences professionnelles dans le service public : à la SNCF, puis dans un office HLM. Il a ensuite dirigé Les Ateliers de Cergy pendant six ans, et organisé des atelierscréatifs sur les stratégies urbaines dans une vingtaine de villes et pays. En 2013, il participe à la création de Yes We Camp, dont il assure la direction. Il pilote alors les nombreux déploiements du collectif : lieux-projets à Marseille et Paris, résidences artistiques, missions d'accompagnement, création du diplôme universitaire "Espaces Communs". Il intervient également auprès d'autres organisations culturelles et politiques. Ce travail est salué par différents organismes : Palmarès national des Jeunes Urbanistes, Fellow Ashoka, sélection Grand Prix de l'Urbanisme.

Kamel Guémari

Kamel Guémari entre au Mcdonald's du quartier Saint-Barthélémy à 17 ans. Il y travaille pendant vingt ans, changeant de poste au fur et à mesure jusqu’à en devenir le directeur adjoint. Lorsque le géant du fast-food décide de fermer son restaurant, il milite pour la création de l’Après-M dans les locaux de l’ancien MacDo occupé qui sera transformé en « fast social food », une coopérative à vocation sociale, désormais en activité.

Laura Spica 

Laura Spica est une habitante de longue date du quartier de Noailles, voisine des immeubles 63 et 65 effondrés le 5 novembre 2018 à la rue d'Aubagne et engagée dans la lutte contre le mal logement. Anthropologue, musicienne et couteau-suisse, elle travaille désormais sur différents fronts à l'application des droits culturels et du droit à la ville. Passée de la recherche à l'action, elle pratique l'éducation populaire et musicale auprès des habitant·es du centre-ville de Marseille à travers des outils associatifs, des projets et des expérimentations collectives qu'elle co-pilote avec Noailles Debout ! et Vacarme Orchestra, et participe à de nombreuses dynamiques territoriales sur des sujets de prédilection que sont l'aménagement des espaces publics et la maîtrise d'usage des habitant·es, les pratiques culturelles, artistiques et collectives des amateur·es, la mémoire traumatique et la santé mentale dans les quartiers populaires.

Margaux Darrieus

Critique d'architecture, Margaux Darrieus est maîtresse de conférences à l’Ensa Bretagne, et membre du laboratoire de recherche ACS UMR AUSser 3329. Elle est également, depuis 2011, journaliste au sein de la rédaction de la revue spécialisée en architecture AMC. C'est dans ces multiples lieux et dans divers formats (articles, commissariat d'exposition, enseignements, recherche) qu'elle déploie son activité de critique d'architecture, pour valoriser une qualité du cadre bâti en prise avec les enjeux socio-environnementaux contemporains, alors que l'urgence climatique oblige à revoir les outils et les méthodes de l'architecture et des architectes.