De Raoul Ruiz (France / Belgique, 2001, 2h)

Au XIX^e siècle, une jeune fille de la Drôme, Thérèse, s’enfuit de sa campagne avec son fiancé, Firmin. En ville, elle découvre qu’elle a du pouvoir sur les autres et qu’elle est une âme forte. Thérèse rencontre la mystérieuse et élégante Mme Numance, bienfaitrice qui aurait tant désiré avoir un enfant. Elle abuse de sa générosité sans limites.

« Les textes de Proust sont de fabuleux producteurs d’images. De manière différente, Giono est aussi cinématographique dans l’amalgame qu’il fait entre la géographie et la psychologie. D’un côté, des personnages aux comportements spéciaux, d’un autre, de beaux paysages indifférents et implacables. Rendre ça au cinéma est possible par le travelling et le plan-séquence en cinémascope, chose que je n’avais jamais utilisée avant ce film. Le cinémascope rend l’arrière-plan davantage présent. Le paysage est là et il est éloquent.
(…) On a trop vite qualifié Giono d’écrivain régionaliste. Il est beaucoup plus complexe que ça. Une région est un pays et ce pays est un monde qui a une âme pleine de complexités. (…) Giono, lui, exprime la Provence sans pittoresque. Il fait parler ses personnages sans souligner le régionalisme. J’ai essayé de faire la même chose dans le film : écarter l’élément régionaliste (l’accent) mais faire ressortir l’identité à travers les silences, les méfiances, la violence naturelle. Dans la Provence de Giono, on dit qu’il y eut un crime comme on dit qu’il y a une tempête. Fascinant, non ? » Raoul Ruiz.

Projection précédée d’une présentation par Jacques Mény, conseiller scientifique de l’exposition « Giono ».