Nous rêvons aujourd’hui encore la Grèce en blanc : celui de ses statues comme de ses temples. Contre l’évidence physicochimique de ses couleurs. C’est à Johann Joachim Winckelmann, l’auteur de la toute première Histoire de l’art dans l’Antiquité, parue en 1764, que nous devons au 18e siècle la formalisation de ce mythe fondateur de l’Occident : « Un beau corps sera d’autant plus beau qu’il sera blanc » De tels « blanchiments » de mémoire, qui relèvent de l’erreur scientifique et du contresens historique, sont aussi l’écho de nos propres aveuglements idéologiques.

Avec Philippe Jockey, professeur d’histoire et de civilisation grecque à l’Université d'Aix-Marseille (AMU)

Rencontre suivie du film Olympia, Fest Der Völker (Les Dieux du Stade, Fête des peuples)

Olympia, Fest Der Völker (Les Dieux du Stade, Fête des peuples)

De Leni Riefensthal (Allemagne, 1936)
Projection de deux extraits commentés - durée : 1h
20h30 • Auditorium • Entrée libre dans la limite des places disponibles

Leni Riefenstahl, cinéaste favorite d’Adolf Hitler, réalise un film en deux parties portant sur les jeux Olympiques de Berlin de 1936.

Ce film exhalte l'idéologie nazie et célèbre le mythe de la Grèce blanche.

Rencontre et film sont proposés dans le cadre du cycle Porteurs de rêves

Les Porteurs de rêve
Tous les jeudis à 18h30, de septembre à décembre.
Entrée libre dans la limite des places disponibles

Conçu dans le sillage de l’exposition « Le Noir et le Bleu. Un rêve méditerranéen », le cycle de rencontres « Les Porteurs de rêve » est composé autour de grands personnages de la pensée, de la politique ou de la littérature, que la Méditerranée a inspirés, entre le 18e et le 20e siècle. Ils incarnent ce rêve, parfois somptueux, mais aussi parfois destructeur, de conquête ou de concorde, qui révèle la puissance d’attraction particulière de la Méditerranée comme lieu de civilisations. Dessiner l’histoire par ces visages, ces oeuvres, ces récits, ces inspirations qui ont, souterrainement ou spectaculairement, transfiguré le réel en sachant voir le monde au-delà de l’ordre des choses : c’est le fil qui relie ces « Porteurs de rêve ».

Cette galerie de portraits offre ainsi un parcours où les regards parfois se croisent ou se répondent, entre les deux rives ou entre les siècles. Chaque rencontre est une invitation, par la parole des conférenciers, les images, les documents, les lectures, la musique et le cinéma, à entrer dans un univers singulier. Mais gageons qu’au terme du voyage, nos Porteurs de rêve auront peint, avec la polychromie qui lui sied, un possible monde commun.

Une programmation proposée par Catherine Portevin et Antonia Naïm. Actuellement rédactrice pour Philo Magazine, elle a dirigé avec Thierry Fabre, l’ouvrage Les porteurs de rêves (éditions Textuel/MuCEM) qui accompagne l’exposition « Le Noir et le Bleu. Un rêve méditerranéen ».