Avec Florence Sarano (École nationale supérieure d’architecture de Marseille), Frédéric Joulian (École des hautes études en sciences sociales), Maelle Calandra (Centre de recherches insulaires et observatoire de l’environnement, Moorea), Misa Hirano (Université de Kyoto), Jules Stromboni (illustrateur, dessinateur BD), Claire Fau (paysagiste, dessinatrice)

Cette journée consacrée aux savoirs constructifs et à leur mise en récit explore la question des savoirs situés, des matériaux, des gestes et des « actions de peu », dans leur confrontation aux enjeux mondialisés des crises écologiques et politiques. Comment l’ethnologue, l’architecte, l’artisan et le dessinateur peuvent-ils agir de concert et offrir de nouvelles matières à la recherche-action ?

Programme

10h30  – 10h40   Introduction par  Frédéric Joulian (EHESS)
             
10h40 – 11h20  « Techniques vernaculaires et recyclage : l’exemple de l'école de Makoko, une architecture pour l’avenir d’une communauté face à la montée des eaux », par Florence Sarano (architecte, ENSA.M)

Le projet pour une école de l’architecte Kunley Adeyami ouvre de nombreuses pistes face aux enjeux de la montée des eaux pour les communautés lacustres, pauvres et rejetées. De plus, le choix des techniques constructives, mais aussi l’association des matériaux et des savoir-faire interroge nos stratégies face à l’exploitation des ressources. Ce projet et son histoire singulière démontre que seule une vision systémiques des jeux soutenables peut permettre d’apporter des solutions pertinentes et performantes. Il soulève aussi la question de la montée des eaux dans des territoires qui n’ont pas de tradition architecturale lacustre.
 

11h20  – 12h10 « Maisons et cyclones : réflexions sur les enjeux de la reconstruction dans un contexte de post-catastrophe », par Maelle Calandra (post-doct EPHE, CREDO)

À Tongoa, au Vanuatu, à l’issue du cyclone Pam (un événement de catégorie 5/5), de nombreuses ONG se sont succédées pour participer à la reconstruction des villages affectés par la catastrophe. Si dans un premier temps, l’aide fut appréciée par la population, elle suscita rapidement de vives réactions : les maisons vernaculaires venaient d’être remplacées par des maisons en tôles ondulées et en parpaings de ciment. Cette présentation reviendra sur le caractère paradoxal de l’aide humanitaire, mais aussi sur la place de l’ethnographe en situation de post-catastrophe.

12h10  – 12h40  « L’informel au cœur des sociétés : exemples camerounais », par Misa Hirano (Université de Kyoto)

On estime que 90% des travailleurs camerounais sont inclus dans le secteur informel. De 1997 à 1998, Misa Hirano a interviewé 120 travailleurs de Yaoundé sur leur carrière et leur parcours de vie. En 2017, 20 ans plus tard, elle les a contactés et interrogés à nouveau. Son intervention portera la façon dont ils ont réussi à faire face aux incertitudes des deux dernières décennies, en se concentrant particulièrement sur leurs maisons.
 
12h40 – 13h  Discussion animée par Denis Chevallier (conservateur général du patrimoine)

Pause repas

14h – 15h  « Narration et geste graphiques, des outils au service de la sensation », par Jules Stromboni (illustrateur, dessinateur BD)

« Mon approche de la bande dessinée se fait par le biais de la sensation. Si je change de technique à chaque histoire que je raconte, ce n'est pas pour montrer mon savoir-faire mais parce que j'utilise la technique graphique comme moyen de narration à part entière. Comment raconter au mieux cette histoire ? Utiliser un feutre, de l'argile ou un clou ? Choisir une technique implique une lecture d'emblée immersive et sensible et ce choix est ma priorité sur les outils narratifs dont je dispose pour construire une bande dessinée (bulles, mise en page, séquentialité...). En m'appuyant sur quelques ouvrages que j'ai publiés et d'autres travaux plus expérimentaux, je propose de vous faire part de ma pratique de dessinateur et plus largement d'interroger les liens qui existent entre observation, geste et création.»

 15h – 16h  « Dessin et photographie, deux langages pour raconter le paysage », par Claire Fau (paysagiste, dessinatrice)

Claire Fau est paysagiste et co-rédactrice en chef de la revue Paysageur (revue qui raconte le paysage via la photographie, le dessin, la littérature, l’anthropologie, etc.). La projection de ses projets de jardins prend d'abord forme avec le dessin. C'est son premier outil de communication pour échanger avec ses interlocuteurs. Elle fait également appel au dessin dans la revue, par le biais d'artistes et illustrateurs, pour raconter le paysage, raconter les mythes, apporter une autre proposition que celles des mots seuls.
 
16h – 16h30  Discussion générale animée par Aude Fanlo (responsable du département recherche et enseignement, Mucem)