• Persona
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  • Anca Benera & Arnold Estefan, Isa, por ës homou vogymuk (We are all dust and ashes) [Nous ne sommes que cendres et poussière], 2017-en cours © Courtoisie des artistes
    Anca Benera & Arnold Estefan, Isa, por ës homou vogymuk (We are all dust and ashes) [Nous ne sommes que cendres et poussière], 2017-en cours © Courtoisie des artistes
  • Ioana Nemes, The White Team (Satan),2009, Courtoisie de Ovidiu Șandor Collection © Tamás G. Juhász. Art Safari Bucharest
    Ioana Nemes, The White Team (Satan),2009, Courtoisie de Ovidiu Șandor Collection © Tamás G. Juhász. Art Safari Bucharest

Persona

Œuvres d'artistes roumains
Mucem, fort Saint-Jean— Bâtiment Georges Henri Rivière (GHR)
| Du vendredi 5 avril 2019 au dimanche 23 juin 2019

  • Derniers jours

L'exposition « Persona. Oeuvres d’artistes roumains » questionne les notions d'identité et d'identification à travers différents motifs, tel le masque.
 
Traditionnel ou contemporain, celui-ci peut intervenir dans le processus de construction ou de déconstruction d'une identité. Support de création, de déguisement ou de dissimulation, il ouvre de nouveaux horizons à celui qui le porte.
En Roumanie, la pratique du masque est une tradition ancienne, remontant aux rites païens célébrant les cycles de la vie et des saisons, faisant appel aux dieux et aux démons.
 
Prenant le motif du masque comme point de départ, l’exposition, imaginée par la curatrice Diana Marincu, propose une nouvelle approche de la question des identités multiples. Mêlant art contemporain, folklore et arts populaires, elle confronte des objets traditionnels roumains issus des collections du Mucem avec les créations de huit artistes roumains de générations différentes : Ioana Bătrânu, Anca Benera & Arnold Estefan, Răzvan Botiș, Mircea Cantor, Olivia Mihălțianu, Anca Munteanu Rîmnic, Ioana Nemeș. Elle présente dessins, installations, sculptures, photographies, vidéos et œuvres inédites créées spécialement pour ce projet.
 
L’exposition aborde dans un premier temps les liens entre le patrimoine ethnographique et les rites folkloriques et mythologiques, avant de proposer un vaste examen critique autour des appartenances nationales, culturelles ou ethniques.  Constituée de différents récits questionnant les nuances entre particularité locale et caractère universel, elle présente un panorama des engagements artistiques les plus significatifs de l'art roumain d’aujourd’hui.
 


—Commissariat : Diana Marincu, curatrice
—Scénographie : Pascale Linderme, Agence Privée

 

Entretien avec Diana Marincu, commissaire de l’exposition

 
Mucem (M.) Pourquoi avez-vous choisi le motif du masque, pour amorcer votre réflexion sur la notion d’identité

 

Diana Marincu (D.M.)

Le masque est un prétexte pour explorer un sujet plus vaste : je pense en effet que lorsque nous parlons du masque du point de vue des croyances anciennes et des cultures populaires, nous devons également aborder les thèmes de l’appartenance, de l’identité culturelle et des particularités nationales. En tant que support de création, de destruction ou de déguisement, le masque peut ouvrir de nouveaux horizons et de nouvelles identités, compte tenu de ses multiples fonctions. Son utilisation remonte aux rituels préchrétiens, où le fait de rejouer le diable ou une force positive (motivé par des superstitions et des croyances païennes) était en lien avec le rythme de la nature, les cycles de la vie, et la connexion entre le ciel et la terre. L’une des questions découlant de cette recherche est de savoir ce qui peut être considéré comme « national » et ce qui devient universel.

 

(M.)

Le masque est-il un élément fort de la culture traditionnelle roumaine ?

(D.M.)

Oui, le masque trouve ses origines dans les rituels anciens, préchrétiens et païens. Et aujourd’hui encore, la fabrication de masques se poursuit dans certaines communautés villageoises en Roumanie. Cela s’explique certainement par le fait qu’une telle activité permet de souder la communauté, car tout le monde participe à la décoration des masques nouvellement créés.
C’est le fonds de masques roumains conservé au Mucem qui a éveillé mon intérêt pour ce type d’objet. Ils constituent en effet une part majeure de la collection roumaine du musée.
Les différentes façons dont un masque peut faire office d’instrument dans la construction et la déconstruction d’une identité – qu’il s’agisse d’un symbole traditionnel ou d’un camouflage temporaire –, sont liées à sa faculté de libération (il nous permet de « quitter » notre corps), et aux pouvoirs conférés par cet objet magique. L’espace fictif dessiné par le masque efface les lois du temps et de l’espace, ainsi que la couche opaque qui sépare les hommes des autres mondes.

 

(M.)

Le propos de cette exposition va bien au-delà de la question du masque…
(D.M.)

L’exposition utilise différents éléments issus des recherches en ethnographie, mais son propos est plus large. Il ne s’agit pas seulement de faire un détour mythologique à travers les croyances et rituels anciens, mais aussi et surtout d’évoquer des problématiques majeures d’aujourd’hui. C’est une façon de « remettre à jour » certaines connaissances autour des traditions, mais aussi de déconstruire certains clichés liés à la notion de patrimoine culturel.

 

(M.) Entre art contemporain et ethnographie, cette exposition se cherche-t-elle aussi une identité ?
   
(D.M.)

L’exposition repose ouvertement sur l’idée d’une image à deux faces, ou, si vous préférez, d’une histoire en deux versions. C’est le cœur de la proposition. Il deviendra rapidement évident pour le visiteur que cette exposition est un moyen de remettre en question ce que nous savons être des faits établis, ainsi que d’intégrer des récits fictifs à l’histoire. Si nous devions nous limiter au seul niveau esthétique, nous supposerions que toutes les pièces présentées sont de simples références à une recherche ethnographique. Mais nous serons parfois confrontés à d’infimes et insignifiantes variations donnant un sens totalement nouveau à un objet ou une image. Prenons par exemple le totem artisanal des artistes Anca Benera et Arnold Estefan, qui se révèle être une déclaration subversive, un vocabulaire critique à l’égard des postures nationalistes.

 

(M.)

Comment avez-vous choisi les artistes sélectionnés pour ce projet ?

(D.M.)

C’est justement le choix des artistes qui m’a menée vers l’élaboration du propos de l’exposition. Je souhaitais avoir des positionnements artistiques forts et, depuis le départ, je recherchais des artistes réellement intéressés par le thème de la production culturelle en lien avec d’autres champs de recherche, et pas seulement les arts visuels. J’avais aussi à l’esprit une sélection d’artistes qui ne « représentent » pas au sens strict l’identité roumaine. Artistes de la diaspora, artistes vivant et travaillant en Roumanie, artistes de différentes générations, artistes d’origines ethniques différentes, artistes utilisant des techniques très variées ; chacun d’entre eux présente un point de vue particulier et une approche critique qui, ensemble, constituent le puzzle de cette exposition à plusieurs niveaux de lecture.


Publications

 

Catalogue d'exposition Persona, Oeuvres d'artistes roumains, MucemCatalogue d'exposition

Sous la direction de Diana Marincu, commissaire de l'exposition.
Avec les œuvres des artistes : Ioana Bătrânu, Anca Benera & Arnold Estefan, Răzvan Botiș, Olivia Mihălțianu, Mircea Cantor, Ioana Nemeș, Anca Munteanu Rîmnic.
Et les contributions de Daria Ghiu, Diana Marincu, Cristina Stoenescu et Françoise Dallemagne.
Livre trilingue, français, roumain et anglais
Éditions du Mucem
Format 16 x 23 cm, 64 pages
18 €
Parution avril 2019
ISBN 979-10-92708-17-2
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Activités et événements associés


Partenaires et mécènes

 

Exposition organisée dans le cadre de la Saison France-Roumanie 2019.
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Avec le soutien du comité des mécènes de la Saison France-Roumanie.

 

Comité des mécènes de la saison France-Roumanie 2019

En partenariat avec France Médias Monde