• Ali, candidat au départ, Zarzis. Tunisie, 2011 © Patrick Zachmann Magnum Photos
    Ali, candidat au départ, Zarzis. Tunisie, 2011 © Patrick Zachmann Magnum Photos
  • Oussama, candidat au départ. Zarzis, Tunisie, 2011 © Patrick Zachmann Magnum Photos
    Oussama, candidat au départ. Zarzis, Tunisie, 2011 © Patrick Zachmann Magnum Photos
  • Autoportrait avec ma mère. Paris, 1983 © Patrick Zachmann Magnum Photos
    Autoportrait avec ma mère. Paris, 1983 © Patrick Zachmann Magnum Photos
  • Des parents, dont le fils a disparu en mer en février 2011, posent devant leur maison. Zarzis, Tunisie, 2011 © Patrick Zachmann Magnum Photos
    Des parents, dont le fils a disparu en mer en février 2011, posent devant leur maison. Zarzis, Tunisie, 2011 © Patrick Zachmann Magnum Photos

Mare-Mater, Patrick Zachmann


Mucem, fort Saint-Jean— Bâtiment Georges Henri Rivière (GHR)
| Du vendredi 29 novembre 2013 au mardi 28 janvier 2014

De juin 2013 à fin janvier 2014, le bâtiment Georges-Henri Rivière du Mucem accueille quatre expositions de photographies et vidéos en coproduction avec Marseille-Provence 2013, capitale européenne de la culture et en partenariat avec le musée Nicéphore Niépce, Ville de Chalon-sur- Saône.

Par le biais de vidéos et de photographies Patrick Zachmann, membre de Magnum Photos,  confronte sa propre histoire familiale à celles des migrants d’aujourd’hui. Il aborde en particulier leur rapport à la mer qu’ils traversent et à la mère qu’ils quittent.

Ce projet a un caractère d’évidence. Patrick Zachmann devait revenir et revoir sa Méditerranée. C’est ici que sa famille a vécu, c’est ici qu’il s’est confronté aux contradictions du monde. L’exposition du Mucem s’avère une opportunité. L’opportunité de confronter le travail de photographe à la biographie familiale. Par un concours de circonstances, une ruse de l’histoire, la Méditerranée s’est enflammée au moment où le passé resurgissait. Ce journal confronte divers moments, de l’Histoire aux moments plus intimes.

« Il s’agit d’un voyage, un voyage de mémoire et un voyage d’exils. C’est aussi un voyage intérieur. La voix qui porte ce voyage est celle de mon journal de bord. C’est elle qui va tisser le fil de toutes ces destinées que je croise, des migrants quittant leur pays de la rive sud de la Méditerranée, fuyant le chômage, la dictature, l’absence d’avenir, des femmes, des mères, qui les laissent partir ou découvrent qu’ils sont partis, et moi, à la recherche des racines de ma mère, celles qu’elle a voulu oublier. »

Le récit s’élabore autour de cette relation entre mère et fils, homme et femme. Au-delà de ses voyages en Tunisie, en Algérie, en Grèce ou à Malte, Patrick Zachmann n’oublie pas d’évoquer Marseille comme lieu central, aboutissement de toutes les migrations, point d’apaisement et tension.

L’exposition se concentre autour d’un film projetée en triptyque. Sur les trois écrans se succèderont, grâce à un montage original et captivant, des moments familiaux et intimes, des témoignages de migrants et de leurs proches, des séquences mêlant le doute et l’espoir. En parallèle, un mur de photographies retrace cette enquête poignante confrontant ainsi dans le même espace le caractère vivant de l’image animée à la puissance de l’image fixe.


Parcours de l'exposition

Les autres expositions

Lake Van, Eastern Turkey, 2007, Memory of trees © Kathryn Cook Agence vu
Lake Van, Eastern Turkey, 2007, Memory of trees © Kathryn Cook Agence vu

Les choses de ce côté du monde (Exposition collective)
Du 4 juin au 29 juillet 2013

Les choses de ce côté du monde : un titre générique pour quatre moments photographiques complémentaires et inédits. Le médium photographique est, avec la littérature, un support ouvert et subtil qui autorise la présentation d’un univers complexe se refusant à toute affirmation définitive, la Méditerranée. En quatre épisodes comment représenter les contradictions, les oppositions mais aussi les lignes de force qui ont créé cet espace unique et si fort, voilà l’apport de onze photographes et vidéastes.

L’exposition collective Les choses de ce côté du monde rassemble photographies et vidéos. Études architecturales et topographiques, points de vue politique et poétique constituent un ensemble de visions de la Méditerranée livrées par huit artistes contemporains : Claire Chevrier, Stéphane Couturier, Servet Kocyigit, Ange Leccia, André Mérian, Jean-Luc Moulène, Wael Shawky et Patrick Tosani.

 

Les mots du commissaire

« Les choses de ce côté du monde n’existent que par l’aveuglement et l’ombre. Face à la mer, l’écume blanchit et les sons se perdent dans les montagnes. On ne peut se faire une idée de la Méditerranée sans se rattacher à notre propre mémoire, si ce n’est à nos propres impressions. Pour tous ceux qui vivent loin de ses bords, la Méditerranée est un assortiment d’images, de poncifs et d’effets qui s’accordent mal mais qu’on visite les yeux fermés, à l’affût des souvenirs. Trop de choses se bousculent quand on emporte avec soi les images de ce Grand Tour.

Nous ne sommes pas obligés de comprendre. Depuis la chute de l’Empire Ottoman, la Méditerranée semble fuir la modernité. Y vivre, c’est renoncer à l’emballement de l’Occident, y contempler la machine avec amusement et gouverner le temps. On y a gardé le goût de l’échange et du jardin. Et, un peu à l’écart, là-haut dans la montagne, les villageois s’interpellent en sifflant par-dessus la vallée, surveillant les villes et les ports à l’attrait engageant et sournois.  Rien ne différencie Alexandrie de Thessalonique quand tout les sépare de l’arrière-pays des transhumances. Tout oppose le cosmopolitisme à la simplicité pastorale. Mais l’air a le même goût en Toscane et à Alep. Les odeurs jaillissent, puanteur de la pauvreté urbaine, de la pourriture bureaucratique, effluves des pins gris et des chênes. Les vents portent cette mixtion, ensablent et troublent, réchauffent et refroidissent cette vieille terre de pierrailles qui vit depuis si longtemps à son rythme.

Nous pesons si peu sur elle. Ses côtes ne sont que des plaies où Médée, faite d’une sève rouge, livre ses enfants à l’amour violent et primitif. Anges de Palestine, ils nous regardent, inquisiteurs, inconsolables.

Finalement, on ne s’égare pas dans la mer intérieure ; on y voyage par sauts de puces. A chaque arrêt, on croise les ombres de Laurence Durrel, on reconnaît les figures de Mahfouz. Le son du oud vous pénètre et les chants soufis vous rappellent, mécréants, que Dieu, l’unique, est né ici. Cette famille se plaît dans la plainte, les pleurs et la louange. Ce peuple, en apparence désuni, sait que les grandes forces se sont données rendez-vous quelque-part entre Tanger et Istanbul, Beyrouth et Marseille, dans ce pays jamais conquis, plus fort que tout, où subsistera toujours l’amour du vin et du miel, où jamais ne disparaîtra la famille et le clan.

Comment mettre un nom à cette histoire qui, tout compte-fait, change si peu, alliant sans logique superstitions et raison, pratiques magiques et monothéisme, cosmopolitisme et carnage, domination et résistance. »

François Cheval, commissaire de l’exposition

 

Odysseia, Antoine d’Agata
Du 10 aout au 23 septembre 2013

Antoine d’Agata a suivi des migrants, en redonnant à chacun de leurs parcours, la dimension d’une odyssée personnelle. Aux frontières de l’Europe, à l’assaut de la citadelle, ils tentent tous avec des moyens différents d’en forcer l’entrée. Par la photographie et la vidéo, l’artiste propose d’accéder à la réalité de ces itinéraires, de partager le quotidien de ces anonymes, fait de routes, de foyers, de centres de rétention, de zones portuaires,… Autant de road-movies à travers des paysages urbains, non identifiables, tous identiques, d’individus conscients de leurs conditions de vie de clandestins.

Coproduction : Kosice 2013, bibliothèque et Archives Départementales des Bouches-du Rhône, Atelier de Visu, MP2013. Cette exposition est réalisée dans le cadre du programme des Ateliers de l'EuroMéditerranée de MP 2013. Parallèlement à ses voyages, Antoine D’Agata a effectué une résidence au sein de la bibliothèque et des archives.

 

Memory of trees, Kathryn Cook
Du 4 octobre au 18 novembre 2013

Kathryn Cook, photographe de l’Agence Vu, réalise un travail sur la mémoire de l’histoire arménienne de 1915 à nos jours, des villages arméniens aux quartiers Marseillais. Memory of Trees regroupe des photographies et une vidéo de l’artiste qui confronte les archives historiques aux quelques traces qui subsistent en Arménie.

Outre l’intérêt documentaire que l’on pourra trouver à ces portraits et ces paysages recomposés, Kathryn Cook établit une relation nouvelle à la question de la représentation de la souffrance et du malheur. Elle procède par allitération et symboles. Là où d’autres désignent, elle suggère, contourne et jamais ne prescrit.  

Cette exposition est réalisée dans le cadre du programme des Ateliers de l'EuroMéditerranée de MP2013. Kathryn Cook est également en résidence au sein de l’association La Jeunesse Arménienne de France et des éditions du Bec en l’air.