Lieux saints partagés
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Du mercredi 29 avril 2015 au lundi 31 août 2015
La question des identités religieuses est l’une des plus sensibles parmi celles qui se posent au « vivre ensemble » en Méditerranée. De ce point de vue, la mer Intérieure semble être l’espace de la séparation et du conflit.
A chacun son Dieu, ses écritures, ses saints. Les échanges se déclinent au pire sous la forme de guerre de religions et de choc des civilisations, au mieux sous celle de dialogues érudits, laborieux et souvent stériles.
Un phénomène religieux peu connu du grand public mais très présent en Méditerranée est porté à la connaissance des visiteurs du Mucem : les lieux saints partagés par des fidèles de religions différentes.
Fruit de plusieurs années de recherches scientifiques conduites au sein du CNRS et de l’Université d’Aix-Marseille, l'exposition pose un regard différent sur les comportements religieux des populations méditerranéennes et mettra en évidence l’un des phénomènes les plus intéressants (et aussi parmi les plus méconnus) de la région, à savoir le partage, l’échange entre communautés religieuses.
Elle focalisera son attention sur des situations de contact dans lesquelles des lieux et des figures de la sainteté mettent en communication des traditions distinctes. Sans tomber dans la rhétorique creuse du « dialogue des cultures et des religions », il semble important, au milieu des débats concernant le choc des civilisations, de montrer que la distanciation et la détestation de l’autre ne sont pas des modalités nécessaires de l’interaction entre les religions en Méditerranée.
«Même si les dogmes des trois religions monothéistes semblent incompatibles, elles partagent en réalité des figures bibliques, des saints et des lieux. »
L’objectif principal de l’exposition est de faire connaître à un large public ces phénomènes méconnus qui concernent pourtant, hier comme aujourd’hui, des millions de personnes autour de la Méditerranée. En faisant découvrir des lieux, des figures et des pratiques, l’exposition est conçue comme une invitation à parcourir cette Méditerranée inédite.
Pour faire face à la montée des fondamentalismes et des théologies exclusivistes, il faut de nouvelles clés pour comprendre au mieux la complexité des échanges entre religions méditerranéennes. C’est ce que l’exposition souhaite offrir à ses visiteurs.
L’exposition « Lieux saints partagés » produite par le Mucem a connu un grand succès au Musée national du Bardo à Tunis, où elle a été présentée du 19 novembre 2016 au 12 février 2017.
Bilan de l'exposition Lieux saints partagés Tunis
Elle sera la première exposition à être présentée au public dans le nouveau musée des Confluences de Marrakech, à l’automne 2017.
Communiqué de presse : Signature d’une convention de partenariat
L’exposition « Lieux saints partagés » a été présentée au Musée de l’Histoire de l’immigration de la Porte Dorée, à Paris du 24 octobre 2017 au 21 janvier 2018.
Musée de l’Histoire de l’immigration
L'exposition « Lieux saints partagés » a été présentée dans une version adaptée au Musée Notre-Dame de la Garde, à Marseille du 16 septembre 2023 jusqu'au 6 janvier 2024, sous le titre « Ave Maria. Un pèlerinage en Méditerranée ».
Parcours de l'exposition
Partie 1 : Prophètes et patriarches
Tout au long de l’histoire, le culte des grands prophètes communs aux trois monothéismes a généré des croisements interreligieux. Dans la première partie de l’exposition, le visiteur part à la découverte des lieux saints associés à ces prophètes. Ces lieux sont devenus étapes ou pèlerinages au cours de l’histoire et leur fréquentation est révélatrice d’attitudes variées : appropriation, revendication. Même s’ils sont parfois lieux de partage, ils peuvent aussi cristalliser les antagonismes. Dans cette partie, le visiteur est au plus près du coeur symbolique et théologique des religions, plus brûlant et favorisant les antagonismes. Les trois religions monothéistes présentent des divergences doctrinales mais aussi une série de correspondances, de porosités, de superpositions. Ainsi, plusieurs personnages bibliques (rois, patriarches ou prophètes) constituent autant de référents partagés par les trois monothéismes. Leurs traces se matérialisent dans des sanctuaires où convergent souvent les fidèles de religion différente.
Le contrôle de ces lieux, qui ont une valeur symbolique centrale, est généralement convoité par différentes autorités religieuses. Cela génère souvent une situation de tension plus ou moins ouverte, dont l’intensité dépend beaucoup des enjeux politiques. Au Proche-Orient, certains sanctuaires sont devenus des lieux d’affrontements dans le cadre du conflit israélo-palestinien. D’autres, plus périphériques, admettent encore une fréquentation commune moins encadrée et plus pacifique.
Abraham, père d’une multitude
Père des trois religions et premier pèlerin, Abraham est une figure importante. Les lieux saints liés aux épisodes de sa vie sont également reconnus par les trois monothéismes. Ancêtre commun, il a généré de nombreuses relations entre les « Gens du Livre », selon l’expression coranique. Le visiteur sera accueilli par des oeuvres replaçant Abraham dans son rôle de patriarche, de pèlerin et évoquant sa vie. Ces oeuvres sont issues d’horizons culturels différents, chacune marquée par l’un des trois monothéismes. D’après la Bible, Abraham a longtemps habité la chênaie de Mambré, près d’Hébron. Ce lieu est le théâtre de l’hospitalité offerte à trois étrangers souvent considérés comme des anges (Genèse 18 ; Coran XI, XV et LI).
L’épicentre d’Hébron (Al-Khalil, « l’Ami de Dieu » en arabe) est le caveau des Patriarches où auraient été inhumés Abraham, Sarah et leur descendance. Si le site de Mambré porte encore la tradition de l’hospitalité issue de la rencontre d’Abraham avec les trois anges, le caveau des Patriarches offre en revanche un exemple de partition sans échange : aujourd’hui, l’intérieur est physiquement divisé, un espace étant réservé aux musulmans, l’autre aux juifs. Ce lieu saint cristallise les tensions les plus vives du conflit israélo-palestinien.
Le tombeau de Rachel, une appropriation exclusive
Situé près de Bethléem, le sanctuaire consacré à la mémoire de Rachel, femme du patriarche biblique Jacob, était fréquenté depuis le Moyen Âge par les fidèles des trois religions. La situation a changé au cours des dernières décennies. Après avoir été le théâtre de plusieurs confrontations violentes, la tombe de Rachel a été séparée de la ville de Bethléem par le mur en béton érigé par le gouvernement israélien. L’accès au sanctuaire est maintenant contrôlé par un check-point et réservé aux juifs.
Élie au mont Carmel, un partage pacifié
En contre-champ des cas précédents, on évoquera un cas de fréquentation mixte plus pacifique entre les trois monothéismes : la grotte d’Élie au mont Carmel.
Dominant la Méditerranée et la ville d’Haïfa, le mont Carmel est le lieu où, selon la Bible, le prophète Élie a combattu les prêtres du dieu Baal. Au pied du promontoire se trouve une grotte où aurait habité le prophète. Depuis le Moyen Âge, ce lieu saint est partagé par les trois monothéismes, en dépit de la succession des appropriations confessionnelles.
Aujourd’hui, ce sanctuaire est juif, mais on y croise régulièrement des chrétiens, des druzes et des musulmans. Le partage est ici beaucoup plus pacifié que dans les cas brûlants de Jérusalem ou d’Hébron.
Au Sinaï, dans les pas de Moïse
Le mont Sinaï a été le cadre de deux évènements majeurs de la tradition biblique également reconnus par les musulmans : le Buisson ardent et la remise des Tables de la Loi à Moïse. En outre, le prophète Muhammad y aurait séjourné avant la révélation du Coran.
À ce titre, cette région est devenue lieu de pèlerinage en tant que tel, mais aussi comme étape vers Jérusalem ou La Mecque.
Au sommet du mont Moïse, où le prophète aurait reçu la loi divine, une chapelle côtoie une mosquée. Au pied de la montagne, le monastère grec orthodoxe de Sainte-Catherine abrite depuis le XIIe siècle une autre mosquée. Aujourd’hui, l’accès au monastère est extrêmement limité en raison de l’insécurité de cette zone.
Une approche iconographique du monastère et de son architecture permet de visualiser cette cohabitation et de découvrir la pratique pèlerine. Cette cohabitation est également mise en avant à travers l’écoute de récits de voyageurs de siècles différents. Enfin, l’accueil des pèlerins et la cohabitation entre les Bédouins et les moines seront évoqués à travers des photographies contemporaines. Dans cette partie, une lecture de récits de pèlerinage accompagne le visiteur au cours de sa visite.
Partie 2 : Marie la chrétienne, Marie la musulmane
Marie est un pont entre christianisme et islam. Pour les chrétiens, elle est la mère du fils de Dieu, pour les musulmans, elle est la mère du prophète Jésus. Marie est mentionnée plus souvent dans le Coran que dans l’ensemble du Nouveau Testament (34 occurrences contre 19) et est le personnage central de deux sourates.
D’importantes marques de dévotion mariale se sont installées dans les pratiques des musulmans, qui font souvent appel à la Vierge en se rendant dans des sanctuaires chrétiens. Certains sites sont ainsi fréquentés par des fidèles des deux religions.
Le visiteur est accueilli au sein de cette partie par deux sculptures qui montrent l’appréhension de cette figure commune à travers des codes esthétiques différents, l’une dans un contexte catholique, l’autre dans un contexte musulman.
Une série télévisée iranienne sur la vie de la Vierge permettra de rappeler certains éléments fondateurs de sa vie et de proposer une vision contemporaine de Marie dans le monde musulman shiite.
Les lieux de la Vierge
Comme pour les prophètes, les lieux marquants de la vie de Marie font l’objet de pèlerinages mixtes depuis plusieurs siècles. Si certains sont encore vivaces, d’autres se sont progressivement éteints. Dans cette partie de l’exposition, on évoquera trois lieux. Après le site de l’Annonciation à Nazareth, le visiteur découvrira l’église du Sépulcre de Marie aux portes de Jérusalem.
Puis il se retrouvera transporté en Égypte sur les traces de la Sainte Famille. Près du Caire, le site de Matarieh est devenu un centre de pèlerinage important. Au fil des siècles, les récits des voyageurs témoignent de la luxuriance du jardin qui attirait chrétiens et musulmans, d’autant que nombre d’entre eux auraient bénéficié de guérisons miraculeuses.
Aujourd’hui, transformé en « musée », le site est cerné d’immeubles, ce qui contraste avec les représentations idylliques du passé.
Toujours au Caire, à la fin des années 1960, une série d’apparitions auraient eu lieu au-dessus de l’église copte de Zeïtun. Réels ou non, ces phénomènes ont attiré par la suite des millions de pèlerins, dont une part importante de musulmans. Encore récemment, plusieurs apparitions ont été recensées par exemple à Assiout ou à Al-Mynia.
La mère universelle
Marie incarne les qualités d’une mère universelle par-delà les frontières religieuses. En tant que mère de Jésus, Marie reçoit les voeux ayant trait à la fécondité et à la maternité. Contrairement aux lieux présentés précédemment, on se concentre davantage ici sur les attentes des fidèles ainsi que sur leur expression.
La basilique de la Nativité à Bethléem peut être considérée comme un haut lieu islamique. Une tradition rapporte que le prophète Muhammad y fit escale lors de son Voyage céleste, pour prier là où était né « son frère Jésus ».
L’île de Lampedusa est un carrefour en Méditerranée. Depuis le XVIe siècle, l’île déserte abritait une grotte dédiée à la fois à Marie et à un saint musulman. Les marins des deux religions y déposaient des offrandes et des vivres destinés aux éventuels naufragés. Sur les hauteurs d’Éphèse en Turquie, la maison de Marie est visitée par des centaines de milliers de personnes chaque année, dont beaucoup de musulmanes. Les attentes de fécondité y sont prépondérantes.
Grâce à une multitude de supports (extraits de films et de documentaires, objets d’art classiques et oeuvres contemporaines, photos ou objets du quotidien issus d’enquêtes-collectes), ces différentes facettes de Marie sont dévoilées au public.
Détournements
Compte tenu de son importance à la fois au sein du christianisme et de l’islam, la figure de Marie a pu être utilisée dans un but prosélyte, comme instrument de conversion.
La littérature médiévale occidentale est d’ailleurs ponctuée de rares miracles réalisés par la Vierge entraînant la conversion de fidèles musulmans au christianisme.
Pendant la colonisation du Maghreb, les Français bâtirent des sanctuaires mariaux, investis par les musulmans sans que ces derniers se convertissent. Ces fréquentations y perdurent tout comme à Notre-Dame-de-la-Garde à Marseille. Enfin, dans le contexte de durcissement des théologies exclusivistes, les fondamentalistes de l’« État islamique » rejettent violemment le culte de Marie.
Partie 3 : À la rencontre des saints
Dans les monothéismes, Dieu étant éloigné et inaccessible, on lui cherche paradoxalement des intermédiaires. Ainsi, une panoplie d’intercesseurs est sollicitée, aussi bien dans le christianisme que dans le judaïsme et l’islam.
Le culte des saints est officiellement institué dans les différentes confessions du christianisme, à l’exception du monde protestant. Le recours à ces intermédiaires est souvent condamné ou réprouvé dans l’islam et le judaïsme, car il comporte le risque de détourner les fidèles de la seule adoration de Dieu. Malgré l’hostilité de la plupart des autorités religieuses, cette vénération est cependant très répandue. Elle est même parfois pleinement assumée dans différents courants minoritaires, voire exaltée par certains ordres mystiques.
Parfois, les fidèles vont prier dans un sanctuaire lié à une autre religion. Cela s’explique par le « pouvoir » attribué au saint qui « habite » le sanctuaire, capable de répondre aux attentes partagées : guérison, fécondité, bonheur, amour, protection, désenvoutement…
Lieux saints judéo-musulmans
Au Maghreb, la coexistence de longue durée entre juifs et musulmans a généré des croisements interconfessionnels. Il n’était pas rare que l’on se rende dans le sanctuaire de l’autre pour obtenir une grâce ou une baraka (grâce divine). Le terme arabe de ziyâra définit la visite de la tombe d’un saint ou d’un rabbin. Dans l’islam, ce type de dévotion se distingue totalement du pèlerinage canonique à La Mecque (Hajj). À la suite du départ des juifs d’Afrique du Nord, ces visites partagées ont presque disparu, sauf en de rares lieux comme dans la synagogue de la Ghriba sur l’île de Djerba en Tunisie.
Attentes partagées
Derrière les dévotions enchevêtrées se cachent des désirs communs : guérir, se marier, enfanter, protéger, prospérer,… Ce ne sont pas seulement les lieux qui sont partagés mais aussi les demandes et les pratiques. Quand une efficacité est constatée, les fidèles n’hésitent pas à franchir la frontière religieuse pour bénéficier du pouvoir du saint et du lieu qu’il habite. Juifs, chrétiens et musulmans partagent un lexique, une grammaire et un vocabulaire communs, matérialisés dans de nombreux objets rituels : cierges, amulettes, talismans, voeux, encens, comme autant de dénominateurs communs.
Les Sept Dormants et les Gens de la Caverne
Connus en islam sous le nom des Gens de la Caverne (Ahl al-Kahf, en arabe), les Sept Dormants auraient miraculeusement dormi dans une grotte pendant plusieurs siècles, pour échapper aux persécutions de l’Empire romain. Leur réveil est une métaphore de la résurrection des corps, dans le christianisme et dans l’islam. Le récit des Sept Dormants a connu une importante diffusion grâce à La Légende dorée et au Coran (sourate « La Caverne »).
De nombreuses grottes dans le monde méditerranéen sont considérées comme celle du miracle. La légende des Sept Dormants donne parfois lieu à une vénération commune entre chrétiens et musulmans. Ces figures partagées entre le christianisme et l’islam inspirent de nombreux artistes (littérature, poésie, cinéma, théâtre, art contemporain), parfois en dépassant la dimension interreligieuse, et parfois même dans un but touristique. Des peintures, des photos panoramiques, des livres anciens mais également une installation d’art contemporain viendront illustrer cette sous-partie.
Saint-Georges, passeur de frontières
La figure de Saint-Georges compte parmi celles qui occasionnent le plus de croisements entre chrétiens et musulmans en Méditerranée orientale.
L’exposition présente ici l’iconographie liée au personnage, puis le pèlerinage dont il fait l’objet : au large d’Istanbul, le monastère grec orthodoxe de Saint-Georges se dresse au sommet de l’île de Büyükada. La fête du Saint, célébrée le 23 avril, rassemble jusqu’à 100 000 personnes, en majorité musulmanes. La plupart viennent adresser des voeux qui prennent des formes rituelles très variées.
Un accent sera aussi mis sur l’identification opérée entre Saint-Georges et le personnage coranique d’Al-Khidr (le Verdoyant), également associé à Élie. La fête du Printemps, fête appelée Hidrellez (qui signifie jour d’Élie et Khidr), a lieu le jour de la Saint-Georges. D’autres métamorphoses seront évoquées, notamment dans les Balkans.
Les oeuvres exposées dans cette sous-partie sont essentiellement issues d’une enquête-collecte réalisée en 2014.
Des cultes en peril
Le culte des saints est un phénomène condamné et combattu par les fondamentalistes, notamment dans l’islam où les pratiques partagées et les franchissements de la frontière religieuse sont de plus en plus menacés de nos jours.
En Syrie, certains monastères, comme ceux de Notre-Dame à Saidnaya et de Sainte-Thècle à Maaloula, ont toujours eu un important rayonnement spirituel. Lieux de pèlerinage, ils ont été massivement fréquentés par les musulmans.
Ces dernières années, ces lieux ont été affectés par la guerre civile syrienne. Le monastère de Saidnaya a été touché par des tirs d’obus. Celui de Maaloula a été directement attaqué par les forces djihadistes du Front Al-Nosra, affilié à Al-Qaida, qui ont sérieusement endommagé sa structure et pris en otage 12 nonnes pendant plusieurs mois.
Partie 4 : Témoins et passeurs
Pèlerins, voyageurs, mystiques, poètes, savants et guérisseurs, une panoplie de personnages apparaissent comme des figures de l’entre-deux, à la fois témoins et acteurs du partage interreligieux en Méditerranée.
Cette partie transversale s’organise autour de plusieurs portraits de passeurs qui circulent entre plusieurs mondes. Riche en éléments audiovisuels, elle permet au visiteur de rencontrer des observateurs, des guérisseurs et des exorcistes, des poètes et des mystiques, des voyageurs et des entrepreneurs du dialogue interreligieux, qui mettent en oeuvre de façon pragmatique des initiatives de médiation.
Le Marseillais Laurent d’Arvieux
Le Marseillais Laurent d’Arvieux (1635 - 1702) a longtemps séjourné en Orient. Parlant le turc et l’arabe, à la fois commerçant et pèlerin, ses Mémoires livrent un témoignage captivant et de première main de fréquentations interreligieuses en Terre sainte. Se faisant un devoir d’aller à la rencontre de l’autre et de le comprendre, il a vécu par exemple des semaines au milieu des Bédouins.
À Versailles, le chevalier d’Arvieux, à la fois commerçant, pèlerin et aventurier, fut le complice de Molière dans la conception des turqueries du Bourgeois gentilhomme. Pour amuser le roi, il lui arrivait de parler turc, et pour divertir le Dauphin, de s’habiller en janissaire.
Poètes musulmans aux monastères
Malgré l’islamisation rapide du Moyen-Orient, les monastères chrétiens ont continué à prospérer. Certains sont même devenus des lieux de pèlerinage et/ou de passage pour des musulmans. Certains poètes prisaient ces lieux d’hospitalité pour leur tranquillité mais aussi pour les délices du vin et parfois de la chair. Durant la période abbasside, ces poésies sont compilées dans ce que l’on peut appeler des guides des monastères.
Djalal Al-Din Rumi
Souvent appelé Mevlâna, Djalâl ad-Dîn Rûmî (1207 - 1273) est le célèbre fondateur de l’ordre des derviches tourneurs (mevlevi, en turc). Ses adeptes sont connus pour tourner sur eux-mêmes, une main tournée vers le ciel, l’autre vers le sol, afin d’atteindre une extase mystique. Il a composé de nombreux poèmes marqués par une ouverture interreligieuse. Cet esprit caractérise aussi son couvent situé au centre de la ville de Konya en Anatolie. Sur le fronton était inscrit : « Viens, viens, qui que tu sois, infidèle, religieux ou païen, peu importe ! »
Louis Massignon
Louis Massignon (1883 - 1962) est l’un des plus grands islamologues et arabisants français du XXe siècle. Fervent catholique, il a voué sa vie à la connaissance de l’islam. Professeur au Collège de France, il est aussi un précurseur du dialogue interreligieux, à l’instar du pèlerinage islamochrétien des Sept Dormants qu’il institua en 1954 en Bretagne « pour une paix sereine en Algérie ». À sa mort, on dit de lui au Caire qu’il était « le plus grand musulman parmi les chrétiens et le plus grand chrétien parmi les musulmans ».
Paolo Dall’Oglio
Né à Rome en 1954, ce jésuite italien a dédié sa vie à la compréhension de l’Islam dans le sillage de Louis Massignon. Ainsi se déclare-t-il « amoureux de l’Islam et croyant en Jésus » : il revendique par là l’unité abrahamique et le possible dépassement de frontières dogmatiques. Expulsé de Syrie en juin 2012, il y est retourné clandestinement en juillet 2013. Il s’est présenté au siège du « califat » autoproclamé de l’« État islamique » (Daesh) pour faire libérer des otages musulmans en s’offrant à son tour comme « otage volontaire ». Il n’en est jamais ressorti à ce jour.
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