L’Atlas en mouvement
Mucem, fort Saint-Jean—
Bâtiment Georges Henri Rivière
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Du vendredi 8 juillet 2022 au dimanche 9 octobre 2022
L'exposition présente les travaux réalisés par Mathieu Pernot depuis plus d’une dizaine d’années avec des personnes migrantes
« L’Atlas en mouvement » présente les travaux réalisés par Mathieu Pernot depuis plus d’une dizaine d’années avec des personnes migrantes et propose une nouvelle perspective dans la manière de les représenter.
L’astronomie, la botanique, l’anatomie, la cartographie, l’histoire de l’écriture, la question de l’habitat sont convoquées dans cet atlas comme un savoir commun à l’ensemble de l’humanité. Un savoir commun qui se trouve ici incarné par des individus aux destins singuliers rencontrés par l’auteur.
Les planètes sont en mouvement perpétuel, les espèces animales migrent librement, les végétaux essaiment et envahissent les paysages alors qu’une partie de l’humanité se trouve contrainte et empêchée dans sa volonté de se déplacer. Refusant l’assignation à un territoire où il ne leur est plus possible de vivre, certaines personnes inventent de nouvelles circulations pour aller de l’avant. Le chemin est long et difficile, et nombreuses sont celles qui ne verront pas la fin du voyage.
Que peut-on imaginer, à partir des embarcations englouties par la mer Méditerranée ? Une forêt peut-elle garder la mémoire de ceux qui l’ont traversée ? Que peut nous dire le ciel de l’histoire de celui qui le regarde ? Comment habiter son corps, quand il faut quitter le lieu où il s’est lui-même construit ?
En réponse, Mathieu Pernot propose une nouvelle forme de récit, où l’histoire partagée se raconte à plusieurs voix. Mêlant photographies, vidéos, supports manuscrits, cartes et objets trouvés, l’atlas renverse le point de vue qui se pose sur les personnes migrantes. La plupart du temps sujets anonymes et anxiogènes du discours médiatique, ces individus sont ici nommés et inscrits dans le temps long de l’histoire des savoirs dont ils sont les dépositaires.
De Mossoul à Alep, de Lesbos à Calais en passant par Paris, « L’Atlas en mouvement » traverse les temps et les territoires de l’exil et part à la rencontre de celles et ceux qui ont la force de l’espoir. Il met en mouvement les images et propose de créer un espace où représenter l’histoire fragile des migrants. Il nous dit que celle-ci s’inscrit dans une histoire commune qu’il faut écrire ensemble.
- Commissariat et scénographie : Mathieu Pernot, photographe
L’exposition fait partie de la programmation Grand Arles Express des Rencontres d’Arles 2022
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Entretien avec Mathieu Pernot
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Mucem Comment est né ce projet ?
Mathieu Pernot (M.P.) Il est apparu progressivement au fur et à mesure de mes rencontres et des travaux réalisés. Les premières photographies, réalisées en 2009 dans la forêt de Calais ou sur les trottoirs de Paris face aux corps emmitouflés des migrants dormant, étaient silencieuses et montraient une forme d’invisibilité de ces personnes. Et puis très vite, j’ai jugé nécessaire de recueillir des récits, de connaître leur histoire. Je ne me suis pas limité au seul usage de la photographie, et de nouvelles images traversant les disciplines sont apparues. C’est ainsi que l’atlas a pris forme, avec l’idée que les images produites nous apprennent le monde, autant que l’histoire des réfugiés.
M. Que verra-t-on dans l’exposition ?
M.P. Dans cette exposition cohabitent des images très différentes que je réalise depuis une douzaine d’années avec les migrants. Il y a un ensemble de photographies réalisées dans le camp de Moria, situé sur l’île de Lesbos, ainsi que des images de villes détruites du Moyen-Orient (Homs, Alep et Mossoul) qui constituent des lieux de départ de migrants. Il y a aussi de nombreuses cartes qui racontent des histoires différentes. Certaines ont été tracées sur des cahiers d’écolier et restituent le déplacement d’une personne entre son point de départ et son lieu d’arrivée, tandis que les cartes marines identifient certains naufrages de migrants au cours de leur traversée : « L’Atlas en mouvement » est le grand carrefour où se retrouvent plusieurs corpus d’images différents pour créer un nouveau récit et raconter l’histoire de ceux qui n’ont pas eu d’autre choix que celui de partir.
M. Certaines œuvres présentées dans l’exposition ont été conçues avec les réfugiés ?
M.P. Les photographies montrant des migrants sont généralement faites par des personnes qui n’ont pas vécu la situation de ces derniers. Elles documentent et montrent ce que le photographe voit d’un point de vue extérieur. Pour ma part, j’ai eu envie de construire une iconographie qui se ferait avec eux, de faire en sorte qu’ils ne subissent pas l’image faite par d’autres. À chaque fois que je rencontrais un réfugié qui souhaitait participer à ce projet, nous imaginions ce qu’il était possible de faire ensemble en produisant une forme qui parle de leur histoire, tout en convoquant une représentation qui s’adresse à tout le monde. Au-delà de ces images réalisées à quatre mains, il y a une complexité et une diversité des productions. Il y a des photos dont je suis l’auteur, des images que l’on a construites ensemble et des formes produites par d’autres et dont je ne suis que le passeur : cela concerne des travaux de réfugiés dont je trouvais qu’ils s’inscrivaient parfaitement dans cet atlas, ou des vidéos faites par des migrants, qu’ils m’envoyaient par WhatsApp.
M. Dans votre « Atlas en mouvement », ce sont les migrants qui incarnent le savoir ?
M.P. J’ai appris tant de choses à leur côté : des écritures dont j’ignorais l’existence, des noms de constellations jusqu’à celui de certaines plantes, des façons de voir le monde et de s’y déplacer. Ils sont les porteurs d’une culture et d’une histoire dont nous avons beaucoup à apprendre.
Éditions
Catalogue d'exposition
L'Atlas en mouvement - Mathieu PernotL'Atlas en mouvement réunit les travaux que Mathieu Pernot a menés depuis plus d’une dizaine d’années en collaboration avec des migrants.
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En partenariat avec Libération, Fisheye, Konbini et France Culture