Civilization
Quelle époque !
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Du mercredi 19 mai 2021 au dimanche 15 août 2021
Cette exposition présente le travail de cent dix photographes originaires des cinq continents
« Civilization - Quelle époque ! » présente le travail de cent dix photographes originaires des cinq continents. Rassemblant jeunes talents comme artistes renommés, cette exposition réunit plus de 200 tirages originaux de Massimo Vitali, Pieter Hugo, Lauren Greenfield, Wang Qingsong, Raphaël Dallaporta, Valérie Belin, Thomas Struth, Candida Höfer… Ensemble, ils et elles dessinent un portrait pluriel de notre temps.
« Civilization - Quelle époque ! » s’intéresse à la civilisation telle qu’elle est au XXIe siècle, d’un bout à l’autre de la planète, avec un intérêt particulier pour ce qui nous rassemble, pour ce qui est partagé collectivement, dans un monde où bien souvent dominent les valeurs de l’individualisme. Elle prend un relief tout particulier de reflet du monde avant la pandémie du Covid-19.
Logement, travail, loisirs, transports, éducation, arts, sciences, technologies… Aux quatre coins du globe, les photographes observent, enregistrent, interprètent, et bien sûr immortalisent, le monde tel qu’il est. Grâce à leur travail, cette exposition inédite propose une vision globale de tout ce qui fait, aujourd’hui, notre « civilisation ».
—Commissaires : William A. Ewing (commissaire d’exposition indépendant) et Holly Roussell (commissaire d’exposition indépendante), assistés de Juliette Hug
—Référente au Mucem : Hélia Paukner, conservatrice, responsable du pôle Art contemporain
—Scénographie : Émilie Delane et Amélie Lauret (Graepheme)
—Graphistes : Cécilia Génard et Alma Gromard
—Catalogue : coédition Mucem/Thames and Hudson
Exposition coproduite par la Foundation for the Exhibition of Photography, Minneapolis/New York/Paris/Lausanne, et le National Museum of Modern and Contemporary Art of Korea, Séoul, en collaboration avec le Mucem, Marseille
Le sous-titre de l’exposition : « Quelle époque ! » est inspiré du titre du roman d’Anthony Trollope © Librairie Arthème Fayard 2010 pour la traduction française.
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Entretien avec Holly Roussell et William Alexander Ewing, commissaires de l’exposition
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Mucem (M.) L’exposition dresse un portrait de notre civilisation à travers la photographie. Quelle est l’idée qui vous a menés vers ce projet ?
Holly Roussell (H.R.) et William Alexander Ewing (W.A.E) Pendant la révolution industrielle, une civilisation planétaire a commencé à émerger. Cette civilisation mondiale (parfois appelée « civilisation universelle » ou « méta-civilisation ») est une œuvre collective, additionnant ses propres outils à ceux que nous avons accumulés au cours des millénaires. Jamais, auparavant, les êtres humains n’avaient été aussi interconnectés et aussi interdépendants. Et pourtant, ce formidable sens du collectif a été éclipsé par le culte de l’individualisme. Le « je » a pris le pas sur le « nous ». Nous avons oublié que nous étions fondamentalement des animaux sociaux.
Depuis l’invention de la photographie, elle-même issue de cette même révolution industrielle, les photographes sont allés partout, ils ont tout photographié. C’est encore plus vrai aujourd’hui, avec les technologies qui permettent d’aller plus vite, plus loin.
La civilisation est planétaire, cumulative et collective. La photographie est à son image. Les photographes travaillent dans chaque continent, dans chaque pays, chaque ville, chaque village. Ils peuvent photographier seuls, mais la circulation de leurs travaux dépend d’un effort collectif rassemblant assistants, techniciens, imprimeurs, éditeurs, graphistes, agents, commissaires, galeristes, chauffeurs et pilotes.
Les photographes étudient l’histoire de leur médium, ils la respectent, et ils s’appuient sur le travail de leurs prédécesseurs. Ensemble, ils construisent un portrait vivant de la civilisation du début du XXIe siècle.M. Comment s’est effectuée la sélection des images présentées ?
H.R. et W.A.E. Le travail de sélection a pris compte d’un certain nombre d’éléments. Il faut d’abord préciser que huit thématiques ont émergé de ce travail. La structure de l’exposition n’était pas décidée à l’avance, elle s’est imposée naturellement, et celle-ci se veut « poétique » avec des thématiques suffisamment ouvertes pour permettre une dispersion ludique des images. Ces thématiques présentent les idées fortes que nous avons identifiées à l’examen des différents projets, elles définissent notre civilisation planétaire contemporaine et agissent comme des panneaux de direction pour guider le visiteur tout au long de son voyage. Par exemple, le thème « Flux » montre des œuvres représentant littéralement le mouvement des ressources (par exemple Henrik Spohler), le mouvement des personnes (Florian Böhm), le mouvement des véhicules (Mintio), mais aussi des flux plus abstraits tels que le mouvement de l’argent au sein de l’économie mondiale (Paolo Woods et Gabriele Galimberti).
En ce qui concerne la sélection des photographies, nous avons souhaité privilégier, dans la plupart des cas, des images originales et puissantes, capables à elles seules d’illustrer une idée ou un thème universel. Par exemple, un seul coup d’œil à l’une des photos de Xing Danwen vous amènera immédiatement à réfléchir à la question des déchets électroniques, de la pollution, de l’interconnexion de nos chaînes d’approvisionnement…
En plus de ces images puissamment narratives, nous avons également cherché à réunir des artistes issus de nationalités, de genres ou de générations différents. Ainsi, cette exposition sur la civilisation mondiale du XXIe siècle devient l’occasion de dresser un état des lieux de la photographie contemporaine.
Enfin, quand nous devions faire un choix entre deux images, nous avons cherché à retenir celle dont le langage visuel, l’identité, la technique étaient les plus aboutis. Cette œuvre est-elle issue d’un coup de chance ? Pouvons-nous soutenir, par un projet d’exposition, un artiste qui selon nous mérite davantage de reconnaissance ? C’est souvent dans cet esprit que nous avons travaillé. La sélection a suscité beaucoup de débats entre nous.M. Quelles idées vous viennent à l’esprit, pour résumer toutes ces images ?
H.R. et W.A.E. D’une part, la complexité, l’ingénuité, la variété, la diversité. De l’autre, la crise, l’ordre menacé, le chaos.
M. Vous avez choisi de mettre en valeur le « collectif » dans un monde où dominent les valeurs de l’individualisme…
H.R. et W.A.E. Nous croyons que le sens du collectif est masqué par le culte de l’individu. Par exemple, Hollywood (ou Bollywood !), ces machines à rêves à la résonance mondiale nous éblouissent avec une poignée de stars. Mais chacun prend conscience qu’un film reste une œuvre collective lorsque défile le générique de fin… Ce qui nous intrigue, c’est la façon dont nous avons tendance à oublier combien de découvertes importantes à travers l’histoire ont été le fruit d’un travail collectif, et non individuel.
Plutôt que nous focaliser sur ce qui fait de nous une collection d’individus et d’histoires personnelles, « Civilization : Quelle époque ! » s’intéresse à la civilisation collective planétaire du XXIe siècle. Elle se concentre sur ce qui est partagé – le caractère cumulatif de l’entreprise humaine, qui a donné naissance à la société la plus complexe et la plus interconnectée que le monde ait jamais connue. Pourtant, nous ne nions pas les différences entre les civilisations ; des chercheurs comme Niall Ferguson parlent d’homogénéisation tout en admettant les disparités. Les cultures et les pays du monde partagent des valeurs communes comme la famille, et l’on retrouve partout des systèmes de contrôle social comme les lois, la police, les prisons, mais aussi des systèmes de transport, des systèmes monétaires… Cela ne signifie en aucun cas que nous manquons de diversité, mais cela montre bien qu’en tant qu’humains, au fil des générations, nous avons évolué, nous avons appris, nous avons emmagasiné de l’expérience dans nos interactions avec les autres cultures pour arriver à des choix similaires, ou pour travailler ensemble à vivre plus longtemps et coexister efficacement.
Quelle sera la prochaine étape ? Que nous réserve l’avenir pour 2100 ou 2200 ? Ce qui semble évident, c’est que ce nouveau monde sera une entreprise collective. Nous sommes confrontés à de nouveaux défis, c’est certain ; mais l’un des éléments positifs de cet avenir toujours plus collectif est que la communauté avec laquelle nous allons affronter ces défis, comme la pandémie que nous traversons en ce moment, est une communauté mondiale.M. Comment s’organise l’exposition ?
H.R. et W.A.E. Il s’agit d’une exposition d’envergure, puisqu’elle présente les travaux de 110 photographes originaires de près de 30 pays, et couvre les principaux aspects de la vie humaine : le travail, les loisirs, la production, la consommation, l’ordre, le désordre… Cette exposition est un portrait de notre civilisation à travers la photographie.
Nous avons conçu l’exposition comme un voyage en huit étapes : « Ruche » (qui s’intéresse aux endroits où nous vivons), « Seuls ensemble » (autour des relations sociales), « Flux » (qui illustre le mouvement des peuples, des marchandises, des idées), « Persuasion » (autour des mécanismes que nous utilisons pour persuader les autres), « Contrôle » (c’est-à-dire l’autorité, le pouvoir), « Rupture » (autour des conflits au sein de nos sociétés), « Évasion » (autour des loisirs) et « Après ? » (qui regarde le nouveau monde qui prend forme au XXIe siècle). Cette structure est assez souple, de nombreux visiteurs vont se dire : « J’aurais plutôt mis cette image dans une autre section » ; mais c’est aussi le type de réflexion que nous souhaitons provoquer.
Éditions
Catalogue d'exposition Sous la direction de William Ewing et Holly Roussell , commissaires de l’expositionTextes : William Ewing et Holly RoussellThames & Hudson / Mucem |
Téléchargements
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