Au bazar du genre
Féminin – Masculin en Méditerranée
À découvrir en ligne
|
Du vendredi 7 juin 2013 au lundi 6 janvier 2014
Selon le sexe reçu à la naissance, chaque individu se voit attribuer des rôles différents dans la société : le genre désigne cette construction sociale. En Méditerranée comme ailleurs, l’opposition entre masculin et féminin est largement fondée sur la domination des hommes.
L’ordre des sexes y est conçu comme une distribution et une hiérarchisation des rôles et des statuts. Aux hommes l’espace public, la guerre, la politique ; aux femmes l’espace domestique, la famille et les enfants.
Pourtant, aujourd’hui plus que jamais, cet ordre est remis en question.
Cela se traduit par des revendications, telles que la lutte des femmes pour disposer de leur corps, ou pour obtenir les mêmes droits que les hommes dans les domaines professionnel, politique, sportif, entre autres. Les minorités sexuelles remettent également en question l’ordre établi en militant pour la reconnaissance de leurs droits.
Cela se traduit aussi dans la volonté plus souvent exprimée par les individus de s’affranchir des normes fixées par les institutions : la famille, la religion, l’État.
Chacun aspire ainsi à choisir sa sexualité, son conjoint, son mode de vie et pourquoi pas… son genre.
Cette exposition évoque ces nouvelles aspirations des individus, et les réponses que leur apportent aujourd’hui les sociétés de la Méditerranée.
Bienvenue au bazar du genre !
Parcours de l'exposition
1 : Mon ventre est à moi
Donner naissance aux enfants et les élever sont des prérogatives féminines par excellence. C’est la fonction de mère qui confère généralement leur pouvoir aux femmes.
Les sociétés ont élaboré une multitude de rites, de pratiques et de symboles pour avoir des enfants et les garder en bonne santé. À ces pratiques millénaires, toujours vivaces en Méditerranée, s’ajoute aujourd’hui le recours à des méthodes scientifiques récentes, telles que la procréation médicalement assistée.
Transition démographique
Ces trente dernières années, tous les pays du sud du bassin méditerranéen sont passés d’une moyenne de 5 à 6 enfants par femme à 2 enfants par femme (maximum 3 pour l’Égypte) : des taux proches de ceux des pays de l’Europe méridionale. Cette situation résulte des politiques de régulation des naissances, d’une meilleure éducation des femmes, et du recul important de l’âge du premier mariage. Les luttes féministes pour la libéralisation de la contraception moderne (pilule ou stérilet) ou pour la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse, obtenue au cours des années 1970 ou 1980, ont contribué à ce processus.
Virginité
Le recul de l’âge du mariage et la libéralisation de la contraception marquent une profonde évolution du rapport à la sexualité. En Europe méridionale les enterrements de vie de jeunes filles sont devenus une pratique courante depuis les années 1980 ; ils manifestent l’acceptation par le corps social d’une plus grande liberté amoureuse pour les femmes. Ailleurs, la virginité au moment du mariage reste une valeur importante même si, dans les grandes villes, de plus en plus de couples vivent ensemble sans être mariés.
2 : Vivre sa différence !
Les gay prides (« marches des fiertés ») témoignent de la lutte des minorités de genre pour la reconnaissance de leur liberté sexuelle, et pour l’obtention des mêmes droits que les hétérosexuels.
Ces manifestations ont lieu dans les pays d’Europe occidentale à partir des années 1980, et se développent après 2000 dans la plupart des grandes villes à l’est de la Méditerranée, jusqu’à Istanbul, Tel-Aviv ou Beyrouth, en suscitant parfois de violentes réactions homophobes.
Sur la rive sud de la Méditerranée, les revendications gays et lesbiennes commencent à s’exprimer par le biais d’associations, de journaux et de sites internet.
3 : Mon prince viendra
Antar et Ebla, Blanche-Neige… autant de romans à l’eau de rose, de contes, de soap operas et de films qui continuent de véhiculer le mythe de l’âme sœur et du grand amour. En Méditerranée cependant, la règle homogamique (le fait que l’on s’unit de préférence dans son groupe social, sa communauté, ou même sa famille) vient souvent contrarier ces aspirations universelles.
Aujourd’hui pourtant, une plus grande liberté sexuelle et le développement des moyens de communication, comme internet, transforment la façon de choisir son partenaire, et modifient les règles de la rencontre et du comportement amoureux.
4 : En marche vers l’égalité !
Sport
Rapport au corps et à l’apparence physique, goût de la compétition et de la performance, le sport révèle souvent les distinctions non seulement physiques, mais aussi culturelles, entre hommes et femmes. Certaines disciplines considérées comme masculines restent encore difficilement accessibles aux femmes.
Des débats récents, par exemple sur le port du voile dans les compétitions, permettent de mesurer les enjeux politiques de l’accès des femmes à des domaines largement conçus par et pour des hommes.
Apprentissages
Quoi de plus éloquent qu’un catalogue de jouets pour comprendre la fabrication sociale des normes de genre ? Du bleu pour les garçons et du rose pour les filles. Aux uns la guerre et la technique, aux autres la beauté et les tâches domestiques.
L’univers du jouet illustre les résistances qui subsistent face aux évolutions contemporaines. Car si le travail domestique est toujours très majoritairement effectué par les femmes, l’entrée des filles à l’université et la présence nettement accrue des femmes sur le marché du travail bouleversent les mentalités sur les deux rives de la Méditerranée.
Féminisme
En Méditerranée, les combats pour l’égalité entre hommes et femmes remontent aux premiers mouvements féministes de la fin du XIXe siècle. Il faut cependant attendre la première moitié du XXe siècle pour que les femmes méditerranéennes obtiennent le droit de vote. Au XXIe siècle, la persistance des discriminations et des violences envers les femmes, dans le monde du travail, dans la famille ou dans l’espace public, témoigne de la permanence de ce combat pour l’égalité entre les sexes.
5 : À chacun son genre !
En Turquie, en Israël, en Égypte, en Iran, comme dans la plupart des pays de l’Union européenne, des démarches telles que l’hormonothérapie, les opérations chirurgicales et les modifications de l’état civil sont autorisées aux personnes transgenres ou transsexuelles. Cette évolution révèle que les revendications des individus à s’émanciper des contraintes sociales du genre, et à jouer des codes, des modes, et des normes corporelles, sont davantage prises en compte.
Voile
Quelle que soit leur culture ou leur religion, les femmes méditerranéennes ont longtemps dissimulé leur chevelure sous un voile ou un foulard.
Aujourd’hui, les femmes musulmanes sont de plus en plus nombreuses à le porter, mais pour des raisons souvent très différentes : pudeur, traditions culturelles ou religieuses, pression sociale, affirmation identitaire…
Le port du voile demeure un enjeu politique et social fort : il peut être combattu comme le symptôme du retour à un ordre patriarcal, revendiqué comme parfaitement compatible avec l’émancipation des femmes, ou encore imposé comme la condition de leur apparition dans l’espace public.