Visuel Les amitiés de Maryse Condé
Les amitiés de Maryse Condé
Le Mucem invite l'écrivaine Maryse Condé pour deux journées de rencontres, lectures, spectacles et concerts dédiés à son œuvre engagée et mémorielle.
Auteure d'une quarantaine d'ouvrages traduits dans plusieurs langues, et récompensée par de nombreux prix dont le prix de la Nouvelle Académie de Littérature (qui a remplacé en 2018 le Nobel de Littérature), Maryse Condé révèle dans son œuvre les ravages du colonialisme et nous fait découvrir les mille facettes de la réalité antillaise.
Pendant ces deux journées au Mucem, Maryse Condé partage ses amitiés au long cours : la soprano Leïla Brédent, la voix slamée de Blade Alimbaye, trois générations de femmes dans la pièce Désirada, enfin libre, les mots complices de Letizia Galli, Laurent Gaudé, Annie Maïllis, Gaël Octavia, Christiane Taubira et Pascale Theriez, Laurent Voulzy et sa guitare, les peintures de Françoise Sémiramoth, une lecture théâtralisée et musicale de La migration des cœurs, les chants haïtiens de Mariann Mathéus, et le son des tambours pour un final en gwoka avec la compagnie Boukousou.
Une programmation conçue en collaboration avec le Comité Mam Ega, la Collective, l’association Mamanthé et le festival Kadans Caraïbe.
Avec Maryse Condé et ses invités :
Blade Alimbaye, Ahmed Barry, Nicolas Baudino, Eric Bouvron, Léïla Brédent, Laura Clauzel, Nathaly Coualy, Max Diakok, Vanessa Dolmen, Eva Doumbia, Jean-Emmanuel Fatna, Letizia Galli, Laurent Gaudé, Marie Huyghues Despointes, Christian Julien, Annie Maïllis, Valérie Marin La Meslée, Mariann Mathéus, Gaël Octavia, Françoise Sémiramoth, Sylvain Souret, Christiane Taubira, Pascale Theriez, Romain Trouillet, Laurent Voulzy
Avec la participation de l’association Macaya et du collège Henri Wallon.
Librairie et petite restauration sur place.
- Maryse Condé
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Originaire de Guadeloupe, Maryse Condé est l’auteure d’une œuvre considérable, maintes fois primée, lue et étudiée dans le monde entier. Révélée avec le roman Ségou au milieu des années 1980, elle reçoit de nombreux prix pour ses romans : Moi, Tituba sorcière noire de Salem, La Vie scélérate ou encore Le Cœur à rire et à pleurer, jusqu’au prix Nobel alternatif en 2018 qui couronne presque 50 ans d’écriture. Le jury salue une œuvre décrivant « les ravages du colonialisme et le chaos post-colonial dans une langue à la fois précise et bouleversante ». Elle reçoit en 2021 le prix Cino Del Duca pour son œuvre qui constitue « un message d’humanisme moderne ».
Journaliste, dramaturge, auteure pour la jeunesse, essayiste et romancière, elle a également été professeure émérite à l’université de Columbia, aux États-Unis, où elle a fondé le Centre d’études françaises et francophones.Née à Pointe-à-Pitre le 11 février 1934, dernière d’une famille aisée de huit enfants, elle grandit dans la culture française. Entrée au lycée Fénelon de Paris à 16 ans, elle est confrontée à ses origines en entendant parler pour la première fois de l’esclavage. La couleur de sa peau devient un sujet important.Elle s’intéresse alors à la littérature antillaise et rédige ses premiers écrits, le Discours sur le colonialisme (1950) d’Aimé Césaire lui ouvrant les yeux à 20 ans et la conduisant à remonter le fil de l’histoire de l’esclavage. Entamant une licence d’anglais à la Sorbonne, elle fréquente les milieux africains et rencontre l’acteur Mamadou Condé. Après leur mariage en 1958, elle part explorer ses racines en acceptant un poste de professeure en Côte d’Ivoire et commence ainsi une quête identitaire qui la mènera en Afrique et en Amérique, dans les Caraïbes et les Antilles. Elle passe les années 1960 entre la Guinée et le Ghana, avec une parenthèse de deux ans à Londres en tant que journaliste culturelle pour la BBC. Elle passe quelques temps à la fin des années 60 au Sénégal, où elle rencontre le traducteur Richard Philcox, avec qui elle vit depuis et qu’elle épousera en 1982 à Paris. En 1970, elle quitte l’Afrique pour s’installer à Paris et écrit pour le théâtre, tout en travaillant comme critique littéraire pour la maison d’édition Présence africaine. Poursuivant des études littéraires à la Sorbonne, elle publie son premier roman, Hérémakhonon (En attendant le bonheur), l’année de la soutenance de sa thèse, en 1976. Son roman historique en deux volumes, Ségou (1984-1985), la fait entrer dans le paysage littéraire.
Suivent de nombreux romans où elle met souvent en scène des femmes maltraitées par l’histoire, qui tentent de conquérir leur liberté (Moi, Tituba sorcière noire de Salem ; Victoire, les saveurs et les mots, où elle rend hommage à sa grand-mère ; Désirada…). Elle aborde aussi la question des classes sociales à travers la saga d’une grande famille caribéenne (La Vie scélérate, prix de l’Académie française en 1988), se raconte elle-même dans une très belle autobiographie (La Vie sans fards, 2012), met fin à ce qu’elle nomme « le mythe de la négritude » dans Le Fabuleux et Triste Destin d’Ivan et Ivana (2017), son roman inspiré de l’attentat terroriste d’Amedy Coulibaly en 2015. Dans son dernier roman, L’Évangile du nouveau monde (2021), Maryse Condé ose une réécriture contemporaine du Nouveau Testament transporté en Guadeloupe. L’histoire d’un messie métis, altermondialiste et féministe voulant changer le monde et s’emparant des questions actuelles d’identité, de droit des femmes et des ouvriers, de migrations.
Passant sa vie entre son travail de professeure universitaire aux États-Unis et sa maison en Guadeloupe durant les années 1990 et 2000, elle retourne en France en 2007 et vit, depuis 2013, en Provence.