Ciné-dimanche 2022-2023 © Lobster Films
Ciné-dimanche – Saison 2
Le rendez-vous des amoureux des films de patrimoine, c’est chaque dimanche à 15h, à l’auditorium du Mucem.
Monuments du cinéma ou perles oubliées, ce cycle de projections nous invite à redécouvrir le plaisir du cinéma en salle.
Durant cette saison 2022-2023, les femmes sont à l’honneur !
Des premières réalisatrices telles les pionnières Alice Guy ou Ida Lupino, aux actrices incontournables qui ont crevé l’écran telles que Sarah Bernhardt ou Monica Vitti, ce cycle explore des sujets scandaleux ou osés pour l’époque et qui résonnent encore aujourd’hui. « Si loin si proche » : ou comment l’intimité et l’engagement des femmes ont pu être abordés au cinéma.
Une programmation imaginée en complicité avec Serge Bromberg et Maria Chiba (Lobster Films).
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Entretien avec Maria Chiba (Lobster Films)
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Mucem Cette nouvelle saison de Ciné-dimanche a choisi de mettre les femmes à l’honneur ?
Maria Chiba Nous avions la volonté de commencer la saison par « Femmes, femmes, femmes », un ciné-concert autour des femmes pionnières de l’histoire du cinéma. Et de fil en aiguille, nous avons décidé de proposer une saison complète autour de cette thématique. Cette année, Ciné-dimanche mettra donc à l’honneur des réalisatrices pionnières comme Alice Guy, Germaine Dulac ou Lois Weber, qui ont commencé à tourner dès la fin des années 1890 ; mais aussi des films mettant en scène des personnages féminins mythiques (Salomé, Carmen), ou des films traitant de sujets comme les violences faites aux femmes ; sujets qui ne sont pas traités, au cinéma, que par des femmes…
M. Sur quels critères s’est faite la sélection ?
M.C. Très peu de femmes ont fait des films à l’époque des débuts du cinéma. Une autre époque. Nous allons donc montrer quelques-uns de ceux qui ont « survécu », et ainsi rendre hommage à ces femmes pionnières dont beaucoup sont tombées dans l’oubli. Alice Guy est paradoxalement celle qui revient toujours sur le devant de la scène. Première réalisatrice de l’histoire du cinéma, elle avait un talent fou, et n’a pas hésité à aborder des sujets difficiles et pionniers dans ses films, parmi lesquels les rapports homme-femme, les questions d’inégalités sociales, de race ou de genre – des thématiques déjà prépondérantes pour elle…
M. Le féminisme au cinéma est né en même temps que le cinéma ?
M.C. Alice Guy ne s’est jamais revendiquée comme féministe, et il faut se garder de projeter systématiquement une grille de lecture contemporaine sur les siècles passés ; même si elle évoquait déjà ces sujets dans ses films. L’Américaine Lois Weber va elle aussi traiter de ces thèmes, pratiquement au même moment. Les femmes réalisatrices se sont assez rapidement emparées de ces sujets à leurs yeux inquiétants (comme les agressions faites aux femmes), et naturellement moins abordés par les hommes.
M. Quels sont les temps forts de cette nouvelle saison de Ciné-dimanche ?
M.C.. En 2023, nous fêterons notamment le centenaire de la mort de Sarah Bernhardt, qui est un monstre sacré de l’histoire du théâtre et du cinéma, en diffusant Mères françaises, son dernier film, réalisé en 1917 par Louis Mercanton.
Je citerais aussi le film Outrage (1950) de la réalisatrice Ida Lupino, qui traite du sujet du viol, ou encore la séance consacrée à Dorothy Arzner, réalisatrice à Hollywood, très appréciée des cinéphiles…
L’idée, avec cette programmation, est de permettre au public d’avoir accès à des films qu’il n’a pas l’habitude de voir et de présenter des films dans des conditions exceptionnelles. Nous considérons que dans des lieux comme des musées, notre rôle est de montrer des films « pointus », parfois plus difficiles que ceux habituellement diffusés en salles. Ainsi, nous ne nous interdisons pas de proposer des œuvres de Germaine Dulac, Marie-Louise Iribe ou Ida Lupino, réalisatrices dont on parle peu aujourd’hui mais qui eurent un rôle absolument essentiel en leur temps.M. Durant cette saison, il y aura aussi des ciné-concerts et des séances à destination du jeune public…
M.C. Tout à fait. La saison sera lancée le 13 novembre avec le ciné-concert « Femmes, femmes, femmes », composé de films des premiers temps, et revisitant la place de la femme devant et derrière la caméra depuis les origines du cinéma. Un spectacle absolument délicieux, drôle, magique, et qui remet tellement les idées en place. Nous y verrons des petites perles comiques, d’autres plus difficiles, des véritables prouesses techniques (pour l’époque !) et quelques surprises que je ne peux révéler ici. Ce premier ciné-concert sera accompagné par Serge Bromberg au piano. Et aussi « bonimenté » : c’est-à-dire rythmé par l’histoire de ces films, de ces femmes, et du monde qui les entourait… au risque de surprendre comme jamais. Serge est un homme de culture et un musicien hors pair, et il n’est rien de plus délicieux que de découvrir ce que sont ces films, et d’apprendre comment ils ont été retrouvés et restaurés.
Pendant les vacances, Ciné-dimanche proposera aussi des séances à destination des enfants comme la spéciale Laurel et Hardy (le 18 décembre), et un ciné-concert autour du cinéma d’animation. Enfin, nous allons vous réserver une surprise, le 12 mars, pour le ciné-concert de clôture...M.
Un mot sur la société Lobster qui accompagne le Mucem dans sa programmation cinéma ? M.C. Nous disposons d’un catalogue extrêmement varié de plus de 15 000 titres, depuis les origines du cinéma jusqu’aux années 1980, provenant du monde entier. Notre premier métier, c’est la recherche et la restauration de ces films (image et son) pour les faire découvrir au plus grand nombre. Ils sont passionnants. Nous sommes en quelque sorte une super-cinémathèque, et récupérons également des films amateurs réalisés durant les premières années de l’histoire du cinéma, qui parlent mieux que tous les témoignages oraux sur ce qu’étaient la vie et les distractions du public dans les époques passées.
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