
Lorenzetti_Ambrogio_Palazzo Pubblico, Siena
Actualité politique de la discipline architecturale
Cycle de conférences
« Mais de quoi cette ‘‘crise’’ est-elle le nom pour les architectes ?… Au fil du XXe siècle, la profession n’a cessé de se fragiliser, de se paupériser, de se précariser. La fracture entre la prolétarisation du plus grand nombre et la starisation de quelques-uns semble être une constante du milieu architectural contemporain. Loin d’en être la cause, cette énième crise (subprimes 2007) ne fait que l’aggraver, n’enrayant nullement, par ailleurs, les logiques qui amenuisent depuis longtemps la marge de manœuvre des architectes : industrialisation et intégration massive des matériaux, des outils et des procédures, prolifération cacophonique des normes, parcellisation des compétences et des financements, etc. Ces logiques se superposent, se conjuguent et tendent à produire des espaces toujours plus génériques et appauvris qui, de capotages en cache-misère, de surfaces planes en boîtes lisses, sonnent creux et vieillissent mal – péremption alimentant en boucle cette même industrie de la construction ; bref, l’équivalent architectural de ce qu’Ikea est au design d’ameublement. »1
Difficile de faire plus court et péremptoire que Pierre Chabard pour faire l’état des lieux contemporain des architectes et de l’architecture. Ajoutons-y seulement que l’appauvrissement du métier emporte avec lui aujourd’hui celui de la discipline. Les écoles d’architecture commencent ainsi à envisager la formation d’un architecte comme un assemblage d’expertises, entre normes (PMR, sécurité, DTU, etc.), outils (pack Adobe, Office, Abvent, BIM, etc.), communication et gestion.
C’est pour réagir à cet état de fait que l’École nationale supérieure d’architecture de Marseille et la Maison de l’architecture et de la ville PACA proposent ce cycle de conférences. Il y a aujourd’hui un besoin – comme toujours, urgent – de faire valoir le projet d’architecture comme un objet à la fois singulier et absolument actuel.