Les Pépites du Mucem
Juin 2019
Chaque mois, l’équipe de la conservation du Mucem sélectionne et commente des objets issus des collections présentés tous les dimanches à nos internautes sur la page Facebook du Mucem.
Dimanche 30 juin 2019
Paire de boots Justin Boots Texas, Etats Unis Vers 1990 Cuir 33,3 cm de hauteur, 10,2 cm de largeur, 30,1 cm de longueur, Don d’Eddy Mitchell © Collection Mucem
Paire de boots
Justin Boots
Texas, Etats Unis
Vers 1990
Cuir
33,3 cm de hauteur, 10,2 cm de largeur, 30,1 cm de longueur
Don d’Eddy Mitchell
2003.155.1.1-2
L'été, c'est le temps des festivals et les collections du Mucem font la part belle à la musique !
Ces bottes de scène font partie de la tenue portée par Monsieur Eddy lors d’un concert mythique au Casino de Paris en 1990. Il en a fait don au Mucem en 2003.
Après six années d’absence, Eddy Mitchell remonta sur scène… les bottes au pied. Lors d’un concert de légende, dont les images sont toujours visibles sur le net, le chanteur et comédien, grand amateur de westerns, est apparu chaussé de bottes de cow-boy de cuir noir.
Fabriquées par la marque texane Justin Boots, fondée en 1879, elles portent la signature de la mythique entreprise de boots : les coutures décoratives apparentes, montrant les sutures des pièces de cuir utilisées pour renforcer ce matériau organique souple qui a tendance naturellement à se replier autour de la cheville.
Treize années après ce concert au Casino de Paris, Eddy Mitchell offrit au Mucem cette paire de boots, venant ainsi compléter les fonds déjà existants qui lui était consacré. A lui et à tous les chanteurs ayant faits leurs débuts dans la salle parisienne du Golf Drouot.
Surnommé le « temple du rock » ce club vit passer de 1961 à 1981 plus de 6000 groupes et artistes débutants du rock’n’roll et de la période yéyé. Johnny Hallyday, Sheila, Françoise Hardy, Jacques Dutronc, Dick Rivers et donc Eddy Mitchell, s’y sont produits de même que des artistes anglophones comme Gene Vincent ou encore David Bowie.
Le Mucem possède aujourd’hui près de 7000 disques, affiches, autographes et souvenirs des stars du Golf Drout, acquis en 2001 auprès de son fondateur Henri Leproux.
Retrouvez les bottes d’Eddy Mitchell dans « l’appartement témoin », la réserve visitable du Mucem accessible gratuitement chaque premier mardi du mois à 14h, à la Belle de Mai. Un endroit climatisé permettant d’affronter les chaleurs estivales en découvrant les Pépites du musée.
Rédactrices : Julia Ferloni et Marie Jozwiak
Dimanche 23 juin 2019
Photographies prises lors de la fête de la Saint Jean, Languedoc-Roussillon, Lozère, Recoules-d’Aubrac, 1964, Négatif souple, noir et blanc 6 x 6 cm © Bernard Lortat-Jacob, collection Mucem
Photographies prises lors de la fête de la Saint Jean en Aubrac
Clichés pris par Bernard Lortat-Jacob
Languedoc-Roussillon, Lozère, Recoules-d’Aubrac
24/06/1964
Négatif souple, noir et blanc
6 x 6 cm
Ph.1965.56.6
Ph.1965.56.19
Ph.1965.56.10
Ph.1965.56.16
Ce lundi 24 juin, c’est la fête de la Saint-Jean ! Tout comme la fête de la musique, elle célèbre l’arrivée de l’été.
Associée par le christianisme à la naissance de saint Jean-Baptiste, elle descend de rites païens plus anciens pendant lesquels de grands feux de joie étaient créés pour se réjouir des moissons et de la lumière estivale au pouvoir fertilisant.
Les ethnologues se sont largement intéressés à ce type de fêtes calendaires traditionnelles qui rythment le quotidien des villages français au XIXème et au XXème siècle. Un ensemble de photographies conservé au Mucem témoigne d’une fête de la Saint-Jean menée en Lozère à l’été 1964.
Entre 1946 et 1963, le Musée des Arts et Traditions Populaires, en la personne de Claudie Marcel-Dubois, pionnière de l’ethnomusicologie en France, et de sa collaboratrice Maguy Pichonnet-Andral, constitue un impressionnant corpus de « musiques de tradition orale françaises ».
Enregistrements, partitions et instruments entrent alors dans les collections du musée. Les terrains se multipliant, l’institution n’hésite pas à faire appel à des collaborateurs, dont Bernard Lortat-Jacob. Entre 1964 et 1966, ce jeune musicologue va plus particulièrement effectuer ses recherches et collectes en Aubrac, vaste plateau dans le Massif Central.
Il a ainsi pu observer et documenter le déroulement de la fête de la Saint-Jean à Recoules-d’Aubrac, le mercredi 24 juin 1964.
En Aubrac, cette fête est alors très populaire. C’est un prétexte pour monter au buron, édifice en pierre qui se trouve dans les pâturages en altitude et est occupé par les éleveurs lors de l’estive.
Les gens du village y montent collectivement pour y festoyer, chanter, faire de la musique et danser avec les buronniers autour du feu. Cette nuit de festivités marque une pause au milieu du premier mois d’estivage et de production du fromage.
Notre série de photographies documente le déroulé de la fête : des jeunes filles apportent le bois qui nourrira le brasier, un garçon joue de l’harmonica devant le tas de bois, ce même tas de bois est élevé par les hommes du village, et enfin enflammé au cœur de la nuit.
Au-delà du petit village de Recoules-d’Aubrac dont le photographe a su capturer l’activité fébrile et festive du 24 juin 1964, la fête de la saint Jean est aujourd’hui largement répandue dans le monde.
A Marseille, elle fait l’objet d’une procession dans le quartier du panier qui s’achève en bas du clocher de Notre-Dame-des Accoules par la bénédiction des navettes et un grand feu d’artifice.
Découvrez un buron de l’Aubrac reconstitué dans l’exposition virtuelle « Georges Henri Rivière. Voir c’est comprendre »
Camille Faucourt, conservatrice au Mucem
Dimanche 16 juin 2019
Rabot, Xavier Parguey, vannier Vuillafans, Doubs, Franche-Comté Entre 1920 et 1940 Bois sculpté, vernis et gravé 13,2 x 3,6 x 30,8 cm © Mucem
Rabot
Xavier Parguey, vannier
Vuillafans, Doubs, Franche-Comté
Entre 1920 et 1940
Bois sculpté, vernis et gravé
13,2 x 3,6 x 30,8 cm
Acheté par René Perrot, chargé de mission pour le MNATP
Á l’occasion de l’exposition « Jean Dubuffet, un barbare en Europe », le Mucem rend hommage à cet artiste majeur du XXe siècle, à la fois peintre, écrivain et inventeur de « l’Art Brut ».
Aux côtés des œuvres de Dubuffet sont présentés des documents et des objets ethnographiques et populaires qui ont nourri ses recherches consacrées à l’Art brut.
Parmi eux, les outils sculptés du vannier et vigneron Xavier Parguey qui marquèrent l’artiste lors de sa visite au musée national des Arts et Traditions populaires à Paris, en novembre 1945.
L’usage premier de ce rabot disparaît sous l’exubérance de son décor sculpté. Celui-ci mêle plusieurs figures : un sabot, un lion, une oie, une tête masculine barbue, une serpe, une roue dentée, un serpent, un domino, une bouteille et enfin une branche.
Entré dans les collections du MNATP en 1943, il a été acquis à Vuillafans, dans le Doubs, par René Perrot (1912-1979).
Ce peintre et cartonnier de tapisseries travaille alors pour le musée dans le cadre du « Chantier Intellectuel 1810 », qui doit permettre, grâce à des enquêtes-collectes monographiques menées en milieu rural, de documenter l’artisanat traditionnel et d’en favoriser la conservation et la transmission.
Ce sont les créations de Xavier Parguey qui vont le plus intéresser l’enquêteur. Issu d’une famille de vignerons, appauvri suite au premier conflit mondial, Parguey vit modestement de son activité de vannier pour laquelle il sculpte à la serpe, à partir de 1920 environ, de petits outils en bois.
Ces outils deviennent le support d’un imaginaire foisonnant, inspiré du quotidien du sculpteur. S’y entrelacent des figures en ronde-bosse, animalières ou anthropomorphes, des gravures et des inscriptions. Les initiales « XP », en guise de signature, reviennent souvent.
Devenus objets de musée, les outils de Xavier Parguey sont présentés par Georges Henri Rivière, directeur du MNATP, à Jean Dubuffet lors d’une prospection de l’artiste au palais de Chaillot, le 29 novembre 1945.
Dubuffet s’attache alors à répertorier dans les collections muséales des œuvres qui ne relèvent pas du modèle artistique dominant et savant. « L’Art Brut », qu’il définit, met ainsi sur un pied d’égalité des productions extrêmement hétérogènes, tels les dessins de patients aliénés et d’enfants, les masques africains et océaniens et les productions populaires européennes. Les extraordinaires outils de Parguey en font partie.
Dans les années suivantes, Dubuffet ne manquera pas d’en exposer à la Compagnie de l’Art Brut, affirmant leur importante valeur artistique.
Camille Faucourt, conservatrice au Mucem
Dimanche 9 juin 2019
Baromètre à eau Nevers, Nièvre, Bourgogne 18ème siècle Verre soufflé 28,4 x 10 x 8,8 cm © Mucem
Baromètre à eau
Nevers, Nièvre, Bourgogne
18ème siècle
Verre soufflé
28,4 x 10 x 8,8 cm
Cet élégant objet en verre soufflé et pincé est en général dénommé « baromètre à eau », « baromètre liégeois », « baromètre de Goethe » ou plus familièrement « bouteille à tonnerre ». Ancêtre du baromètre à mercure inventé en 1643 par Evangelista Torricelli, élève de Galilée, cet instrument a été produit en masse de la fin du XVIIème au début du XIXème siècle dans les verreries liégeoises et s’est répandu rapidement en Europe. Ses origines, sans doute anciennes, sont peu claires : les tout premiers modèles auraient été introduits en Espagne par les Maures, au VIIIème siècle.
Mais le savoir et la technique de fabrication liés à cet objet auraient ensuite disparu pour être redécouverts par un ingénieur hollandais, Gijsbrecht de Donckere, qui en présente un exemplaire en 1619 au Collège de Bruges. Le fonctionnement du baromètre à eau est finalement explicité dans la dernière décennie du XVIIIème siècle par Johann Wolfgang von Goethe. Von Goethe se fonde sur la découverte de Torricelli, qui fut le premier à mettre en évidence la pression atmosphérique et ses mécanismes.
Le fonctionnement du baromètre est en réalité très simple. Un liquide est introduit par l’orifice présent au sommet du tube frontal. L’air restant dans l’instrument, suspendu verticalement, réagit alors à la pression atmosphérique. Ainsi, lorsque cette dernière augmente, l’air présent dans le récipient se contracte et l’eau présente dans le tube descend ; à l’inverse, une pression atmosphérique plus basse entraîne la dilatation de l’air et une montée du liquide vers l’extrémité du bec. Les ailerons formés à la pince sur le tube servent de graduation sommaire. Le baromètre à eau permet ainsi de prévoir les variations météorologiques 24h à l’avance.
Bien moins précises que les baromètres modernes, les « bouteilles à tonnerre » sont désormais collectionnées pour leurs qualités décoratives. Le Mucem en possède huit dans ses collections.
Camille Faucourt, conservatrice au Mucem
Dimanche 2 juin 2019
Fonds Lionnel Bonnemère,1889-1899, 18 cm x 22,5 cm, France © Mucem