Livre - Les invasions barbares

709 MIC

Description

Livre

Gallimard

Michaud Éric 1948 - ...

Presentation materielle : 1 vol. (304 p.)

Dimensions : 21 cm

L'histoire de l'art a commencé avec les invasions barbares. Vers 1800, ces invasions sont devenues l'événement décisif par lequel l'Occident se serait engagé dans la modernité : le sang neuf des races du Nord, tout en conservant l'ancien, aurait apporté un art nouveau, nécessairement anti-romain et anti-classique, et dont l'héritage était encore manifeste en Europe. Avec ce récit fantastique, inséparable de la formation des États-nations et de la montée des nationalismes en Europe et fondé sur le double postulat de l'homogénéité et de la continuité des peuples « étrangers », les styles artistiques tombèrent dans l'entière dépendance du sang et de la race. L'histoire de l'art associa ses objets à des groupes raciaux en se fondant sur quelques singularités visibles : tantôt leurs qualités « tactiles » ou « optiques » les dénonçaient comme « latins » ou « germains » (Aloïs Riegl), tantôt la prédominance des éléments linéaires trahissait une origine méridionale, quand le « pictural » indiquait clairement une provenance germanique ou nordique (Heinrich Wölfflin). Les musées, eux, regroupèrent les productions des beaux-arts selon leur provenance géographique et l'appartenance « ethnique » de leurs créateurs. Il serait parfaitement vain de chercher à démontrer que l'histoire de l'art fut une discipline raciste. Elle ne l'aura été ni plus ni moins que les autres sciences sociales qui, toutes, furent touchées ou orientées par la pensée raciale visant à classer et hiérarchiser les hommes en fonction de traits somatiques et psychologiques qui leur étaient attribués. Mais, montre Éric Michaud, les liens qu’elle a tissés entre les hommes et leurs objets artistiques ne sont pas encore tranchés : l’opinion la plus commune sur l’art est qu’il incarne au mieux le génie des peuples. Aujourd’hui encore, sur le marché mondialisé, la provenance ethnico-raciale exhibée des œuvres – «Black», «African American», «Latino» ou «Native American» – donne à ces objets d’échange une plus-value estimable. Ainsi s’expose en permanence une concurrence des «races» qui n’est jamais que la même qui présida aux commencements de l’histoire de l’art

Introduction : sur un fantasme de filiation, p. 11 Du "goût des nations" au "style de race", p. 27 Du goût au style : Transmission sociale et transmission biologique, p. 37 "Comme un seul homme", p. 46 Races, peuples, nations : porosité et confusions, p. 54 Giovanni Morelli : les indices de la race, p. 59 Automimésis et dieux autoportraits, p. 65 L'invention du profil grec, p. 68 Dieux autoportraits et automimésis, p. 87 "Circulus naturel", p. 94 Le principe physiognomonique, p. 104 Les invasions barbares ou la racialisation de l'histoire de l'art, p. 113 Débarbariser les Barbares, p. 115 Inversions romantiques, p. 123 "La longue et obscure incubation barbare", p. 129 Le Kunstwollen des Germains et le temps stratifié, p. 134 Un nouveau Barbare : le Juif sans art, p. 142 "Une caricature hideuse de l'esprit allemand", p. 145 Portraits du vide, p. 149 "Un laid petit Juif", p. 157 Le Juif "destructeur de culture", p. 162 Une race issue du désert, p. 168 Le sang des Barbares : style et hérédité, p. 174 Mélange des langues, mélange des races, p. 175 Évolution : de la tactilité antique du Sud à l'opticalité moderne du Nord, p. 179 Les origines du gothique et le sang des Barbares, p. 183 Atavisme, réveils et survivances, p. 194 Le "sentiment national de la forme" et le corps de la race, p. 204 "Retrouver les anciens peuples dans les modernes" : constantes artistiques et persistance des races, p. 211 Épilogue : l'ethnicisation de l'art contemporain, p. 225

Notes bibliogr. Index