Livre - numéro 192 - novembre-décembre 2016 - Le choc migratoire

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Description

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LE CHOC MIGRATOIRE Présentation, p. 3 L’afflux subit de réfugiés et de migrants à partir de la Turquie au cours de l’été 2015 a donné une autre dimension à un problème qui travaillait déjà en profondeur les sociétés européennes. Il est devenu clair dans les esprits que nous n’en sommes qu’au début de vastes mouvements de populations en direction du Vieux Continent dont la gestion va s’imposer comme l’un de ses principaux problèmes politiques. La première difficulté à vaincre tient à l’intensité passionnelle qui s’attache au sujet. Elle paralyse la réflexion publique. De l’urgence de dépasser ce blocage par une réflexion raisonnée, sans tabous ni anathèmes. La réflexion se doit de commencer par la confrontation aux situations existantes, et notamment celles créées par l’impréparation en la matière. Nous en avons un échantillon privilégié en France, celui offert par le fameux « 9.3 », terre d’accueil d’une grande partie des nouveaux venus sur notre territoire. Didier Leschi dresse le tableau de ce que l’homme de terrain qu’il est a pu constater sur place. Mais la question requiert aussi, d’autre part, du recul et de la hauteur de vue. Raffaele Simone remet la situation européenne en perspective en faisant le tour des implications du défi nouveau auquel elle est confrontée. L’Union européenne s’est divisée sur la politique d’accueil à réserver aux réfugiés. Un fossé d’incompréhension s’est creusé à ce propos entre l’Ouest et l’Est. Ivan Krastev en analyse les motifs. LESCHI Didier, Choses vues en Seine-Saint-Denis. Pauvreté, intégration, laïcité, p. 4 SIMONE Raffaele, La grande migration intercontinentale, traduit de l’italien par Gérald LARCHÉ, p. 13 KRASTEV Ivan, L’autre Europe face aux migrants, traduit de l’anglais par Pierre-Emmanuel DAUZAT, p. 27 MUTATIONS DANS LA DÉMOCRATIE Présentation, p. 34 Le brouillage des frontières traditionnelles entre les familles politiques joue un rôle non négligeable dans le trouble actuel des démocraties. À quoi bon voter si, comme paraît le penser un nombre croissant de citoyens, les candidats en présence sont peu ou prou « tous les mêmes » – et, de surcroît, loin des préoccupations de leurs électeurs ? Mais qu’en est-il exactement ? Cette impression que les oppositions classiques n’ont plus lieu d’être est-elle fondée ? Le clivage entre droite et gauche est-il aussi dépassé qu’il est commun de le dire ? Flavien Dupuis et Marcel Gauchet reviennent sur les raisons de cette confusion apparente des repères et sur la réalité des clivages en train de se redessiner. Parmi les facteurs qui contribuent à changer la vie démocratique, il faut faire la part de l’automatisation d’une série de processus sociaux permise par les moyens numériques. Sommes-nous en marche vers une « transdémocratie » ? L’hypothèse mérite d’être examinée, montre Maurice Merchier. Facteur de déstabilisation plus puissant encore, la construction européenne, avec la réorganisation du système des pouvoirs qu’elle entraîne. Le fonctionnement de celui-ci n’est manifestement plus déchiffrable pour une bonne part des citoyens. Le Brexit a permis récemment d’apprécier, s’il en était besoin, l’ampleur de cette désaffection. Wolfgang Streeck met en relief la place que tient dans cette crise la politique poursuivie par les dirigeants allemands, dont on sait le poids déterminant. GAUCHET Marcel, Droite et gauche en redéfinition, p. 35 DUPUIS Flavien, Gauche et droite : recompositions et permanence, p. 47 MERCHIER Maurice, Vers la transdémocratie ?, p. 55 STREECK Wolfgang, L’Allemagne et l’Europe, traduit de l’anglais par Pierre-Emmanuel DAUZAT, p. 67 ÉCONOMIE : IDÉOLOGIES ET RÉALITÉS Présentation, p. 82 L’économie est reine dans nos sociétés, le discours économique est omniprésent, les économistes occupent le devant de la scène publique. Ce devrait être un motif supplémentaire pour réfléchir sur des données et des idées qui ne sont guère questionnées par la science officielle. Il en va ainsi de la comptabilité des entreprises, sujet en apparence purement technique, trop ésotérique pour les profanes et trop subalterne pour les initiés, alors que ses règles engagent en réalité tout le fonctionnement du système capitaliste et qu’elle repose sur des présupposés hautement idéologiques. Bernard Colasse en apporte la démonstration à propos des normes comptables internationales aujourd’hui en vigueur, en décryptant la conception du mécanisme économique qu’elles véhiculent. L’évaluation est à la mode. Le pilotage par les indicateurs s’impose un peu partout, chacun est appelé à rendre compte de ce qu’il coûte et de ce qu’il rapporte. Mais que coûte ce travail de mesure des coûts ? Que saisissent vraiment ces indicateurs ? Quels effets produit réellement ce mode de gestion des personnes et des organisations ? Autant de questions, elles, en revanche, soigneusement mises de côté. Valérie Charolles fait ressortir l’intérêt qu’il y aurait pourtant à les affronter. Le point est désormais bien connu : les règles actuelles de fonctionnement des économies trouvent leur justification dans la doctrine néolibérale. Mais d’où sort cette doctrine ? Quelle signification lui attribuer ? La question, elle, reste ouverte. Jean-Luc Gréau présente une interprétation originale de ses intentions. Les situations économiques se répètent sans se ressembler. Franck Dedieu et Frédéric Teulon dressent un parallèle historique entre la voie de la dévaluation adoptée par le gouvernement du Front populaire en 1936 et les choix du gouvernement socialiste quatre-vingts ans exactement après. COLASSE Bernard, Comptabilité et vision de l’entreprise. Sur les normes comptables internationales, p. 83 CHAROLLES Valérie, Les faits et les chiffres, p. 94 GRÉAU Jean-Luc, Le néolibéralisme ou le socialisme retourné, p. 107 DEDIEU Franck, TEULON Frédéric, Les leçons de la dévaluation Blum. Septembre 1936 et septembre 2016, p. 120 AUTOUR DE POUR UNE ÉCOLE DE L’EXIGENCE INTELLECTUELLE DE JEAN-PIERRE TERRAIL Présentation, p. 130 Les constats s’accumulent : les inégalités scolaires s’aggravent, les situations d’échec augmentent, les performances moyennes des élèves s’érodent. Quelque chose a mal tourné dans l’école de la République, au moment où nous en aurions le plus besoin. Le livre de Jean-Pierre Terrail, synthèse percutante de nombreux travaux antérieurs, propose une analyse rigoureuse de ce dévoiement et un programme pour en sortir qui tranchent avec tant de déplorations vides et de remèdes irréels trop souvent de mise en la matière. Les politiques de démocratisation se sont révélées contre-productives, montre-t-il, en raison d’une erreur de diagnostic. On a cru que « demander moins à ceux qui avaient moins » leur permettrait de surmonter leur handicap de départ. Au lieu de quoi on les y a enfermés. C’est cette idée fausse qu’il s’agit de corriger, en mettant l’exigence intellectuelle au premier plan, sur la base d’une juste appréciation de l’« égalité des intelligences ». La proposition, on en conviendra, appelle pour le moins la discussion. Nous remercions vivement Stella Baruk, Denis Kambouchner et Philippe Meirieu d’avoir bien voulu nous livrer leur point de vue et Jean-Pierre Terrail de s’être prêté à cet échange. Nous joignons au dossier une étude de François Vatin sur la crise chronique de l’université, autre aspect des difficultés du système de formation français. Là aussi il est grand besoin d’un diagnostic solidement étayé et de solutions à la mesure des réalités. TERRAIL Jean-Pierre, BARUK Stella, KAMBOUCHNER Denis, MEIRIEU Philippe, Autour de Pour une école de l’exigence intellectuelle de Jean-Pierre Terrail, p. 131 VATIN François, Une crise sans fin ? L’État, l’enseignement supérieur et les étudiants, p. 154 TAGUIEFF Pierre-Andre, Face au racisme, à quoi sert le savoir ?, p. 173 LE DÉBAT DU DÉBAT AVRIL Pierre, Sur le dérèglement institutionnel, p. 188