Livre - Costume

Si le costume est d’abord vêture ou d’abord parure est une question que nul ne peut décider : depuis le paléolithique lointain jusqu’aux temps d’aujourd’hui, l’humanité a connu les climats les plus divers, elle s’est adaptée aux froids des pôles comme aux chaleurs des déserts. Mais là où la vêture était nécessaire, les documents les plus anciens montrent qu’elle était déjà parure ; là où elle n’était pas biologiquement requise, la parure trouvait déjà matière à se déployer et façonner l’apparence humaine. Aussi ne peut-on séparer des costumes, la coiffure, les bijoux, et les accessoires, non plus que le maquillage et le tatouage ni, plus fondamentalement, l’architecture même du corps humain. Dès lors que l’attention est orientée sur la double fonction du costume, l’on peut détailler, sans s’y perdre, les perspectives d’après lesquelles l’appréhender. Et d’abord les matériaux, les textures, les assemblages, l’entretien. Puis les pièces et les éléments qui le constituent, classés selon les parties du corps, de la tête aux pieds. Enfin les variables qui déterminent la différenciation : la division entre sexes, l’opposition entre vêtements de travail et vêtements de fête, l’appartenance régionale et la symbolique sociale. Rien n’est plus divers, rien n’est moins fixé que le costume au XIXe et au début du XXe siècles : toutes les conditions de variations sont déjà réunies, dans la culture à cette époque, pour que la mode l’emporte et règne en maîtresse sur les logiques de l’apparence. Jean Cuisenier