Livre - Petites mémoires pour demain
B 4242
Description
Livre
Musée Ingres
Musée des beaux-arts
Vigne Georges 1954 - ...
Viguier-Dutheil Florence 1960 - ...
Presentation materielle : 119 p
Dimensions : 22 cm
L'exposition que présente Paul Duchein, président de la Quinzaine d'Art en Quercy, à partir d'aujourd'hui au musée Ingres confronte l'art contemporain aux objets du quotidien : une vision décapante qui soulève des questions. L'exposition qui s'ouvre aujourd'hui au musée Ingres est sans doute l'une des plus décapantes que les Rencontres d'Art en Quercy nous aient jamais donné à voir. Paul Duchein, concepteur de l'événement, élevé au lait de la monstrance, formidable sauveteur d'objets «désaimés» et spécialiste d'art contemporain, se plaît à bousculer avec une juste impertinence, poncifs et idées reçues. En mettant côte à côte des uvres signées par les plus grands artistes contemporains et des objets de récupération, parfois tirés in-extremis du rebut, il fait acte de subversion contre l'ordre établi et la pensée unique. Que penser en effet, de cette housse de paillasse usée jusqu'à la corde, exposée tout contre un tableau de Tapiès estimé à 500.000-francs ? Que fait cette jupe de paysanne rapiécée de bouts de chiffons, posée près d'un tableau de Poliakoff ? Regard différent «Le but de l'exposition, ditil, est de montrer que grâce à des oeuvres d'art contemporaines, nous pouvons porter sur des objets de peu de valeur, un regard différent.» Duchein rappelle aussi que notre civilisation est passée d'un coup, et tout récemment, du rythme lent du pas du cheval à celui, infiniment plus rapide, de la motorisation. «Pendant deux mille ans, les artistes ont vécu leurs rapports au sujet de la même manière, suivant les mêmes critères de composition, les mêmes conceptions de la beauté. Et puis, à partir de 1907 avec Les Demoiselles d'Avignon de Picasso, avec Malévitch qui en 1914 supprime le sujet, c'est l'explosion. Il s'agit de savoir aujourd'hui si des artistes qui produisent des oeuvres parfois déroutantes peuvent nous apprendre, insidieusement, clandestinement, à regarder les choses.» Prendrait-on en effet la peine de s'attarder sur ces chiffons, ces vieux outils, ces bouts de ferraille dont on a oublié en quelques années à peine à quoi ils pouvaient servir, s'il ne s'établissait d'étranges correspondances avec les tableaux et les sculptures signés qui les entourent ? «Sans Pierre Soulages, la lumière éveillée par les noirs ne révèlerait peut-être pas les mêmes mystères» écrit Duchein dans la préface du catalogue de l'exposition. Briser le rapport à-l'argent En mettant en parallèle des uvres majeures d'artistes qui ont marqué le siècle —mais aussi de jeunes artistes moins connus comme David Chevallier— et des objets de rien, Paul Duchein brise d'un coup la hiérarchie communément admise parce que construite sur la valeur vénale des choses. En cette fin de siècle plus que jamais rythmée par les rapports que l'on entretient à l'argent, il est salutaire de procéder à quelques remises à plat. Avec une talentueuse et savoureuse habileté, Paul Duchein met les créateurs contemporains au service de sa quête : nous ouvrir les yeux, nous contraindre à regarder plutôt qu'à voir, nous montrer que les chemins de l'émotion ne prennent pas toujours les directions que l'on croit. Les artistes le savent puisqu'ils les empruntent et y découvrent et y glanent ces choses qu'ils nous montrent. Ouvrons bien les yeux, et partageons le plaisir ! Petites mémoires pour demain, exposition des Rencontres d'Art, au musée Ingres jusqu'au 6-juin. Vernissage aujourd'hui à 18-h-30.
Bibliogr. p. 118-119