Livre - Territoires de la mémoire

Comme des nains perchés sur des épaules de géant, nous sommes confrontés en permanence aux legs des générations passées, à leurs traces en nous, dans nos gestes et nos façons de parler, nos savoirs et nos croyances, nos paysages et nos maisons. Ce patrimoine, cette partie de nous-même, est désormais étudié, conservé et mis en valeur dans des musées. Mais à quelles fins ? La conservation du passé – quête sans fin – n’est pas un but. Ces musées-là invitent à la connaissance de l’autre et de soi et proposent des interprétations critiques des territoires et des mémoires. En nous éclairant sur les questions de la différence, de l’identité et de l’héritage, ils ne sont pas là pour nous faire revivre (ou faire croire) mais pour contribuer à l’invention du futur. Photographes, ethnologues et écrivains dialoguent ici avec ce patrimoine; ils disent la nécessité et la vanité de ces musées,’ l’importance et la fragilité de cette transmission. Les ethnologues expliquent comment ces objets témoignent des groupes humains qui les ont fabriqués ou adaptés à leurs usages et pourquoi leur place est au musée. Les écrivains disent la variété innombrable des mondes, des paysages, la richesse subtile, sensuelle et complexe des expériences humaines et comment les musées, comme la science, comme l’art, échouent à en rendre compte totalement. C’est pourquoi il a semblé utile ici de mêler ces regards et ces interprétations, en dehors desquels les objets sont muets. Marc AUGÉ, ethnologue africaniste, est président de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales et vice-président du Conseil du Patrimoine Ethnologique. Il travaille sur la société française contemporaine et vient de publier « Non-lieux, introduction à une anthropologie de la surmodernité » aux éditions du Seuil. Christian BROMBERGER enseigne l’ethnologie à l’Université de Provence où il dirige le laboratoire d’ethnologie méditerranéenne et comparative. Il prépare la publication aux éditions de la Maison des Sciences de l’Homme de Le Match de football, ethnologie d’Une passion partisane à Marseille, Naples et Turin. Isac CHIVA, directeur d’études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, a été membre du groupe qui a préparé en 1979 la création de la Mission du Patrimoine Ethnologique et du Conseil du Patrimoine Ethnologique qu’il a présidé de 1984 à 1989. Il est également fondateur et codirecteur depuis 1961 de la revue Etudes rurales. Jean-Paul GOUX, écrivain, a publié récemment : Les Mémoires de l’enclave (édition Mazarine), Les Jardins de Morgante (édition Payot). Monique LEBAILLY, écrivain et traductrice, est aussi éditeur de mémoires et textes anciens. Elle a publié récemment aux éditions Manya : La Lettre d’un singe aux animaux de son espèce, de Restif de la Bretonne et les Mémoires d’un estomac, de Sydney Whiting. Claude LÉVI-STRAUSS, de l’Académie Française, vient de publier: Histoire de lynx aux éditions Plon. Philippe MAIROT, conservateur directeur des musées des techniques et cultures comtoises, préside la fédération des écomusées et des musées de société depuis sa création en 1988. Pierre SANSOT enseigne l’anthropologie, à l’Université Paul Valéry de Montpellier. Il a publié notamment Poétique de la ville, La France sensible, Le Rugby est une fête et tout récemment Les Gens de peu (PUF). François SIGAUT, directeur d’études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, est spécialiste de l’histoire des techniques, il préside l’association française des musées d’agriculture (AFMA) depuis 1989. Catherine GARDONE, photographe, a publié en 1987 Chant rauque sur la fonderie de Gray. Récemment plusieurs de ses travaux ont été exposés : Personnes non gratifiées, les Brûleurs de sarments; elle prépare actuellement avec l’écrivain François Bon l’édition de son travail Art du feu. Jacqueline SALMON, photographe, a exposé Architecture sacrée de Le Corbusier au Palais de Tokyo en 1988; son travail est présent dans les grandes collections publiques. Elle enseigne également à l’université Paris VIII. Johannes von SAURMA, photographe, part à sa sortie de l’école nationale de photographie de Munich pour vingt ans de pérégrinations photographiques à travers le monde. Puis, il concentre son travail de témoin d’une époque sur, des sujets plus proches de nous comme Les Concierges de Paris ou Les Facteurs de France, auxquels il a consacré des expositions et des livres.