Livre - Genet ni père ni mère

Lyon est une ville admirable car sous des airs de vierge effarouchée, elle aimer succomber, avec une certaine gourmandise, à toutes les tentations. Elle aime s'encanailler, sentir à la fois l'encens, l'eau bénite, le soufre et le stupre. De Cagliostro à Huysmans, en passant par le divin marquis de Sade, tout ce qui touche à l'étrange et au sexe débridé, a pris possession de cette terre mille fois bénie des dieux. Lyon est une ville bien trop sage pour que l'on n'ait pas envie de la violenter comme sainte Blandine offerte aux lions, ou un taureau, selon les époques. Beaucoup s'y sont aventurés et parfois y ont perdu à fois leur âme et leur vie. Il est important de rappeler tout cela pour mieux comprendre comment à Lyon, sous l'Occupation, un écrivain homosexuel, Jean Genet, a pu entraîner un pharmacien richissime, directeur de la revue "L'Arbalète", Marc Barbezat, dans l'une des aventures éditoriales les plus importantes du XXe siècle. Alors qu'il goûtait aux charmes surannés de la bourgeoisie lyonnaise dans son hôtel particulier, il va tomber sous les charmes de ce nouveau François Villon, un voyou déjà condamné à de multiples reprises. Lyon n'aime pas trop les déviants et si Jean Genet est devenu, grâce à Marc Barbezat, l'un des écrivains français les plus connus au monde, il faudra attendre la fin des années 1990 pour que cette ville en prenne pleinement conscience. Depuis, la Bibliothèque Municipale de Lyon a rattrapé le retard et a pu constituer un Fonds Jean Genet - tout à fait exceptionnel - qui fait l'objet du présent catalogue.