Livre - L'État inachevé

340 MEZ

Description

Livre

Gallimard

Mezghani Ali

Filali-Ansary Abdou 1946 - ...

Šarafī ʿAbd al-Maǧīd al- 1942 - ...

Presentation materielle : 1 vol. (352 p.)

Dimensions : 23 cm

Le rapport au droit est le grand impensé des sociétés arabo-musulmanes. Non qu’elles ignorent le droit, bien au contraire : ce sont les sociétés les plus juridicisées qui soient. Mais celui auquel elles consentent n’est en rien séparé des autres instances. Il n’a d’existence qu’à travers la religion, réceptacle tout ensemble de la foi, de la morale, des mœurs et des lois. Ces sociétés entretiennent une relation très particulière au temps qui situe leur avenir dans le passé, où un modèle idéal est censé s’être réalisé au cours de la période prophétique. La pensée dominante en islam exclut donc toute possibilité d’historicisation : la loi est valable en tout temps et en tout lieu, et l’œuvre des jurisconsultes se borne à découvrir dans la révélation la norme qu’ils énoncent. La raison autonome et fondatrice s’y est en outre vite effacée au profit d’une raison instrumentale dédiée à la seule compréhension du Texte et déniant au droit sa dimension sociale et humaine. Puisque le peuple n’est pas au fondement de la loi, l’idée de nation ne s’y est pas non plus acclimatée. Manquent dès lors à l’appel les piliers mêmes de la démocratie : le contrat social et ses corollaires, la liberté adjointe à l’égalité. En se mettant à l’abri des évolutions, les sociétés arabes se sont empêchées de construire l’État de droit et d’instaurer des régimes démocratiques. C’est en cela que leur État reste inachevé. Sa construction dépendra en grande partie de leur capacité à clarifier leur rapport à la modernité et à redéfinir le statut de leur passé. Sans doute est-ce là le véritable enjeu des révolutions arabes de 2011. Ali Mezghani est professeur agrégé de droit privé à la faculté des sciences juridiques de Tunis et, depuis dix ans, à l’université de Paris Panthéon-Sorbonne, où il enseigne le droit des pays arabes.

AVERTISSEMENT, p. 9 PRÉFACE, p. 11 INTRODUCTION, p. 15 PREMIÈRE PARTIE : LE LEGS HISTORIQUE À L'ÉPREUVE DE LA MODERNITÉ 1. UN PASSÉ SANS HISTOIRE, p. 39 La peur de l’histoire, p. 45 Un système hors contexte, p. 49 L’institution du Texte, p. 58 L’établissement du sens, p. 66 Le consensus, p. 73 La clôture du système, p., p., p. 80. 2. RECONNAÎTRE LE DROIT DANS SON AUTONOMIE, p. 86 Droit et religion des natures irréductibles?, p. 87 Quand le droit se fond dans la religion, p. 94 Justice et lien social, p. 104 Sur le lieu, p. 108 Le cérémonial, p. 113. 3. RETROUVER LA RAISON PERDUE, p. 118 La proscription de la raison, p. 119 La marginalisation du ra’y, p. 135 Quelle philosophie juridique et politique ? 139 DEUXIÈME PARTIE : DE LA LOI SANS ÉTAT A L'ÉTAT DE DROIT ? 4. LES AVATARS DE L’ÉTATISATION DU DROIT, p. 157 Occasions ratées, p. 159 Théorie des sources et rationalisation du droit, p. 169 Charia : de la primauté à la subsidiarité, p. 180 L’État démissionnaire, p. 189 De l’umma à la nation, p. 195 Une nation inachevée, p. 204 La neutralisation des appartenances nationales, p. 212 La charia déconnectée des États, p. 216 5. QUEL DROIT POUR QUELLE SOCIÉTÉ ?, p. 222 Penser la cite, p. 225 La cite des citoyens égaux, p. 230 Penser la cite au féminin, p. 239 La sortie du corpus traditionnel ? 244 Interprétation plural` que commentaire, p. 250 Contextualisation, p. 256 Contraintes méthodologiques, p. 260 Les voies de la réforme, p. 264 Une société dépourvue de Constitution civile, p. 271. 6. DU POUVOIR LIBRE DE TOUTE LOI À L'ÉTAT SOUMIS AU DROIT ?, p. 278 La société sous tutelle, p. 280 Le pouvoir de l’obéissance, p. 283 L’éthique individuelle comme limite, p. 290 Des Constitutions décoratives, p. 301 CONCLUSION, p. 313 APPENDICES Glossaire, p. 325 Bibliographie, p. 334

Prix Louis Marin, Académie des sciences d'outre-mer : 2012 : France Bibliogr. p. [334]-349. Notes bibliogr. Glossaire.