Livre - Les trois médinas

720.9 ORL

Description

Livre

Imprimerie nationale

diff. Actes Sud

Orloff Alexander 1945 - ...

Stétié Salah 1929 - 2020

Presentation materielle : 1 vol. (299 p.)

Dimensions : 31 cm

« Dans le labyrinthe de la médina, car toute médina est labyrinthe et toutes sont faites justement pour qu’on s’y perde, c’est, pour les hommes et les femmes de ces villes, fils et filles de généalogies qui quelquefois remontent jusqu’aux origines archivées dans la mémoire collective, l’effort simultané d’une double et même quête, inconsciente pour l’essentiel : quête de ce monde-ci par les travaux et les jours, tissée à une autre quête qui est celle de la vie éternelle. Cela, bien sûr, c’est la vision idéale qu’on estime pouvoir se faire de ces villes, mais l’on sait qu’ici et là, en Alger notamment où les poussées de fièvre de l’intégrisme islamique ont provoqué des radicalisations dangereuses, voire désastreuses, l’arrivée des temps nouveaux a introduit avec force l’événement politique dans la cité vouée jadis à une forme d’intemporalité. La casbah d’Alger a joué un rôle déterminant dans le destin récent de l’Algérie et c’est la vieille ville qui a été le foyer de la résistance populaire contre l’occupation française avec, au bout du sanglant chemin, l’indépendance du pays. La médina de Tunis a, elle aussi, joué le même rôle, quoique d’une autre façon, dans la victoire de Bourguiba contre la France. Quant à Fès, nul n’ignore comment, par le poids de sa médina où se forme en fin de compte l’opinion publique de tout le Maroc, son attitude aura été décisive en 1911, quand les troupes françaises ont investi la ville, appelées à l’aide par le sultan Moulay Hâfiz assiégé dans son palais par les Berbères révoltés [...] et comment, par la suite, cette même opinion publique sera décisive lors de la déposition, en 1951, dudit sultan et son exil à Madagascar pour cause de "rébellion", ce qui devait conduire, au terme d’une résistance acharnée de Fès, en particulier, au rétablissement triomphal sur son trône, en 1955, du sultan, devenu le légendaire Muhammad V, rétablissement suivi, en 1956, de la reconnaissance par la France de l’indépendance du Royaume. Trois médinas : trois indépendances. Beau bilan pour ces agglomérations venues du fin fond des siècles et qui avaient su préserver, face à la puissance de l’efficacité ultramoderne, la toute-puissance de leur domination symbolique. » Salah Stétié, grand poète de langue française et de langue arabe, ancien ambassadeur du Liban au Maroc, sait écouter le cœur des villes, au rythme du périssable et de l’éternel. Naguère délégué permanent du Liban à l’Unesco, il prit une part active au sauvetage des monuments de Nubie : il préserve en ce livre la part la plus profonde, la plus secrète, de ces trois médinas, à l’infinie complexité, celle du rêve et de la vie. Alexandre Orloff, photographe américain, a réalisé sous les auspices de l’Unesco, voici trois décennies, ces reportages qui constituent un document unique sur l’héritage culturel des médinas du Maghreb en leur dimension architecturale, artistique et humaine : héritage aujourd’hui compromis sous l’effet de la déshérence ou d’une modernisation aveugle. Pour ce travail exceptionnel, il a reçu le prix Kodak de la critique photographique.

« La forme d’une ville »…, p. 12 Panoramique, p. 14 En un survol d’oiseau, p. 33 Palais et belles demeures : similitudes maghrébines, p. 45 TUNIS, VERTE ET BLEUE, p. 52 Chez Ibn Khaldoûn, avec Paul Ricoeur, p. 79 ALGER, COMME UNE VOILE BLANCHE, p. 128 Parenthèse : une illustre esclave, p. 172 FES, GORGE DE TOURTERELLE, p. 206 « La beauté comme fantôme… », p. 292 Notes bibliographiques Remerciements, p. 299

Notes bibliogr.