Livre - Foires et marchés dans la France préindustrielle

À la veille de la Révolution, l’accès aux circuits de distribution et la maîtrise du marché constituent sans nul doute un enjeu d’envergure pour tous les acteurs économiques. Gros fermiers dégageant des profits substantiels, petits paysans désireux de valoriser des surplus occasionnels, petits producteurs avides d’échapper à l’emprise du marchand-fabricant, ou encore commerçants soucieux de rationaliser la collecte ou la distribution des produits, tous aspirent à bénéficier d’un réseau efficace de places marchandes. Dès les dernières années de l’Ancien Régime, l’expérience de la liberté de commerce a aiguisé les revendications et les rivalités. Pendant la Révolution, les gestionnaires sont amenés à prendre conscience de l’importance d’un aménagement rationnel dont les implications sociales ne leur échappent pas. Dans ce contexte, foires et marchés n’apparaissent plus comme la survivance de formes de sociabilité archaïques, mais bien comme l’instrument d’une politique d’ouverture et d’intégration des masses rurales à une économie de marché. Tandis que déclinent de grandes manifestations comme la foire de Beaucaire ou celle de Lyon, un réseau dense de foires à vocation essentiellement rurale s’organise et s’épanouit. Il marque en profondeur l’espace français. Car ces marchés paisibles aux rythmes intangibles seront l’un des relais essentiels de l’ouverture des campagnes au 19e siècle.