Trésors du Mucem

Février 2019

2017 2018

Janvier 2019

Chaque mois, un membre de l’équipe de la conservation du Mucem est désigné pour sélectionner et travailler autour d'objets issus des collections présentés tous les dimanches à nos internautes sur la page Facebook du Mucem.

En février, Caroline Chenu, chargée de collections et de recherche, nous propose sa sélection.


Dimanche 24 février 2019


T-shirt DANSER=VIVRE © Mucem

T-shirt DANSER=VIVRE © Mucem

T-shirt DANSER = VIVRE
Act up Paris
2002.31.34
Ce type de vêtement typographié à la charte d'Act Up Paris était vendu lors de nuits organisées au profit de l'association en discothèques et clubs comme le Gibus, le Rex-Club, le Wagg ou le Showcase à Paris. Le slogan DANSER = VIVRE revendique la liberté de mouvement des corps qui exultent, se rencontrent, s’entrechoquent, ondulent et se dandinent en cadence, en pas saccadés des corps saccagés, à l’opposé d’une danse codifiée qui contrôle les corps.
Ce t-shirt a été conçu par Act Up-Paris, pour être porté lors de la gaypride du 19 juin 1993. L'association voulait célébrer cet évènement en dépit du mot d'ordre de la célébration qui se voulait plus tragique : "C'est peut-être ma dernière Gay Pride!"
Engagé depuis 2017 dans une réflexion liée à l'exposition de l'histoire sociale de l'épidémie, le Mucem organise le cinquième séminaire du cycle "Collecter, conserver et exposer l'histoire sociale du VIH-sida" le 5 avril 2019 sur la thématique des espaces du Sida.
En partenariat avec le LabexMed.

Dimanche 17 février 2019


Système à nœud de cravate © Mucem

Système à nœud de cravate © Mucem

Système à nœud de cravate
En celluloid et métal
7.1 x 8.7 ; ép. 1.8 cm
1986.6.20

Est-ce un boomerang, un handspinner qui fait fureur dans les cours de récré à moins que la mode ne soit déjà passée et l’objet relégué au musée ? Un dispositif intra-utérin, un chausse-pied, une hélice ? A quels délices est destiné ce rouage qui laisse coi, dans quel sens le saisir, le regarder d’abord, ça sert à quoi ?

Cet instrument aiderait à résoudre un casse-tête chinois, quotidien pour certains et certaines. Des mathématiciens de l’Institut Royal de Technologie à Stockholm s’emploient à établir des statistiques sur les combinaisons possibles reliées au sujet, et les physiciens de l’Université de Cambridge se penchent sur l’application de la question. Les tuto sur youtube, exponentiels, rivalisent de praticité dans leurs démonstrations.

Cependant l’objet existait avant ces récentes recherches et publications, mais fut considéré comme un gadget dont la mode fut de courte-durée. L’accessoire dort peut-être encore dans un de vos tiroirs, dans le placard du grand-père ? L’objet s’apparente aux systèmes ressemblant à des attrapes-rêves pour élaborer des tresses de cheveux complexes, qui sitôt achetés sont abandonnés. En effet, rien ne vaut l’habileté manuelle pour nouer … la cravate ! Sans les mains, c’est vilain. Et la dextérité sur soi ne vaut pas automatiquement sur la cravate de son prochain. Cet objet n’a pas de nom, mais seulement une dénomination « Système à nœud de cravate » : c’est dire s’il n’a fait fortune. L’inventeur n’est plus connu. Collecté pour le musée dans le fonds d’une mercerie en compagnie de cols rigides amovibles de chemise, de bretelles, de planches de boutons et divers éléments de passementerie, il est entré dans les collections au milieu des années 1980.   

 


Dimanche 10 février 2019


Le boucher / la charcutière © Mucem

Le boucher / la charcutière © Mucem

Le boucher / La charcutière
Huile sur toile. 67,3 x 56,2 cm. 1877
Arsène Symphorien Sauvage
1959.26.1  1959.26.2
En cette semaine de Saint-Valentin, célébrons le couple, celui qui tient, un attachement aussi officiel que charnel comme en témoignent ces portraits peints formant pendants que possède le Mucem, entrés dans les collections du Musée national des Arts et Traditions Populaires il y a 60 ans.

Nos deux mordus sont désignés en grandes lettres de sang, centrées en bas des tableaux : Le Boucher et La Charcutière. La peinture de l’homme est signée en rouge Sauvage A. S. pour Arsène Symphorien Sauvage. Né dans la Meuse, à Rosières-devant-Bar, l’élève de Jean-Léon Gérôme (de Vesoul dans l’Est également) se fait remarquer au Salon en 1868. Spécialiste de natures mortes, trophées de chasse, bécasses et perdrix pendues par les pattes, il réalise aussi de rares portraits naturalistes d’hommes et de femmes, et des drames de son époque comme l’annexion de l’Alsace et de la Lorraine. La touche évoque celle d’un autre Meusien contemporain, le peintre Jules Bastien-Lepage.

Foin du lundi vert, ou du vendredi maigre, Le Boucher et La Charcutière se complètent, se ressemblent et c’est du solide. Ce n’est pas du sang de navet qui bat sous les tempes dégagées. La représentation de l’artisan en buste, campé de trois-quarts vers sa moitié, plus travaillée, sophistiquée, la tête légèrement inclinée sous l’ouvrage de chairs, est le pendant de cette dernière. Sur le même fond dépourvu de décor, marron moucheté de mauve, le boucher est couronné d’un plat à gigot ficelé. La tête haute, le regard droit, la moustache en chevron au-dessus d’un menton à fossette encadré par le col de la chemise blanche remonté sur un fin nœud papillon, les revers de la veste noire épaisse sont deux impressionnants hachoirs, aux manches rivetés sur une lame isocèle aiguisée. De l’autre côté, la charcutière est engoncée dans une robe à rayures verticales, bleu pastel et blanche, corsetée, à dentelles autour du décolleté carré. Les joues sont rosées, le menton en galoche, et les yeux bleu foncé mis en valeur par les sourcils roux, et la chevelure de boudins noirs aux reflets acajou. La coiffure est composée de saucisses, dont deux tombent en mèches parotides à senestre. Sur les épaules, en guise de renard, de la crépine. En ras-de-cou attaché par un ruban de velours noir, elle porte un médaillon en rondelle de rosette. Signe de rang et de coquetterie, elle est parée d’un pendant d’oreille en or et d’une croix à pendeloque attachée à la boutonnière.

À la manière du portrait illusionniste du Bibliothécaire d’Arcimboldo, le peintre Arsène Symphorien Sauvage, trois siècles plus tard, utilise par métonymie les outils et les produits rapportés aux métiers, mais avec parcimonie car les traits reproduits sont ceux d’humains, les commanditaires, tandis que les attributs désignent directement leur identité sociale et laborieuse.

 


Dimanche 3 février 2019


Carte-réclame « Le commerce, Dépôt d’ivoire et caravane au Congo », collection Mucem

Carte-réclame « Le commerce, Dépôt d’ivoire et caravane au Congo », collection Mucem

Carte-réclame « Le commerce, Dépôt d’ivoire et caravane au Congo »
Anvers, 1902
Chromolithographie sur carton
7.2 x 11.2 cm
1995.1.918.1
Examinons cette image intitulée « Le commerce », portant la légende « Dépôt d’ivoire et caravane au Congo. »

Dans une nature luxuriante d’Afrique équatoriale, bordée de palmiers à huile et  d’arbres pourvoyeurs de bois précieux, un groupe d’une douzaine d’hommes s’affaire, encadré par trois hommes à couvre-chef, - celui de droite tient fermement un bâton. Les contremaîtres contrôlent la bonne marche des porteurs d’ivoire. Ces derniers, athlétiques, muscles bandés vêtus d’un pagne noué sous la taille, accusent un contrapposto appuyé par la charge de longues défenses d’éléphants – une quarantaine de kilogrammes en moyenne sur l’épaule – qu’ils apportent jusqu’au dépôt : un amoncellement de matière première organique,  destinée à devenir un matériau luxueux sculpté, poli, intaillé, incrusté, marqueté, dans les décors des demeures européennes.
Cette chromolithographie de petit format était offerte avec un pot de « véritable extrait de viande » de la marque Liebig.
Le Mucem conserve plus de 40 000 cartes-réclames qui accompagnaient ainsi les produits de consommation afin de fidéliser la clientèle, dans la seconde moitié du XIXe et le premier quart du XXe siècle. Elles illustrent des séries de métiers, scènes bibliques, historiques ou de genre et sont alors destinées aux enfants aussi bien qu’aux adultes… Tandis qu’aujourd’hui c’est surtout aux petits que s’adressent les images magnétiques glissées par exemple dans les paquets de goûters zébrés pour composer en puzzle le continent africain.