Nous sommes Foot
Mucem, J4—
Niveau 2
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Du mercredi 11 octobre 2017 au dimanche 4 février 2018
Du 20 décembre 2017 au 1er janvier 2018 retrouvez la Coupe de la Ligue des Champions remportée par l'Olympique de Marseille le 26 mai 1993 dans l'exposition « Nous sommes Foot » !
Et si nous oubliions tous nos a priori sur le football ? Et si nous revenions aux sources d’un sport qui, abîmé par le « foot business », reste avant tout une pratique et une passion populaires, capable de réunir une bande d’amis, d’unir un quartier, de rassembler une ville entière, de fédérer toute une nation, au-delà des fractures sociales et politiques qui, chaque jour, s’acharnent à la désunir ? Et si nous osions accoler au mot « football » les adjectifs « social », « culturel » et « politique » ?
Dans les rues de Marseille ou de Paris, dans les ports d’Istanbul ou d’Athènes, dans les banlieues d’Alger ou sur les plages de Malaga, le football, dont la popularité reste inégalée, soude les peuples de Méditerranée. Et s’il renvoie parfois l’image d’un monde de clivages, de violence, de racisme et de fanatisme, c’est parce que ce sport reflète nos sociétés dans ce qu’elles produisent de plus sombre, comme de plus lumineux.
En laissant entrer un ballon rond dans son enceinte, le Mucem rend hommage aux peuples et aux civilisations du football ainsi qu’aux pratiques culturelles et sociales qui l’accompagnent, en Méditerranée comme à Marseille.
Défendue par son effectif de 300 œuvres, objets, photos et installations, « Nous sommes Foot » met en jeu 11 séquences et, comme les règles sportives l’imposent, se visite en 90 minutes !
Commissariat général: Florent Molle, conservateur du patrimoine au Mucem, Gilles Perez, auteur, réalisateur et producteur de films documentaires
Direction artistique: Democracia
Conseiller scientifique pour la partie ultras : Sébastien Louis , historien, professeur d’Histoire-Géographie et de Sociologie à l’Ecole Européenne de Luxembourg
Un événement Marseille Provence 2017 capitale européenne du sport.
Avec le soutien de Mutuelles du Soleil et de la Fédération française de football.
- Florent Molle
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Ethnologue, Florent Molle est conservateur du patrimoine au Mucem où il a la responsabilité du pôle de collection dédié au sport et à la santé. Il participe à la coordination des enquêtes-collectes, en lien avec le département Recherche et Enseignement du musée.
- Gilles Perez
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Auteur, réalisateur et producteur de films documentaires. Après avoir été reporter de guerre pour RFI (Radio France Internationale), il a réalisé une douzaine de films documentaires dont, récemment, Nous, Ouvriers… Sur le thème du football, il est l’auteur de À Jamais les premiers et, depuis 2012, de la série Les Rebelles du foot (avec Eric Cantona), produite par 13 Productions et Cantobros, primée dans de nombreux festivals internationaux.
Entretien avec Florent Molle et Gilles Perez,
commissaires de l’exposition
Mucem |
« Nous sommes Foot »… même si on n’a jamais tapé dans un ballon, même si on ne s’est jamais intéressé à ce sport ?
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Florent Molle (F.M.) |
C’est l’idée ! C’est peut-être un peu ambitieux, mais nous souhaitions suggérer avec ce titre provocateur que tout le monde est concerné par le football, et notamment aussi ceux qui détestent ce sport. On ne peut pas fermer les yeux sur le fait que le football est le sport le plus populaire du monde : faut-il rappeler que plus d’un milliard de téléspectateurs ont regardé la finale de la dernière Coupe du monde ? Si le football est si présent c’est parce qu’il est bien plus qu’un simple sport. Plutôt que de parler du jeu lui-même, de ses règles et de son histoire, l’exposition révèle à quel point il est pertinent de regarder les sociétés de l’Europe et de la Méditerranée à travers un ballon. Tout au long du parcours, il est question de passion, de sentiment religieux, d’appartenance, de violence, de genre, de politique et d’économie...
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Gilles Pérez (G.P.) |
Nous sommes tous foot ! Et on s’en amuse énormément dans l’exposition où, dès l’entrée, le visiteur doit passer par un « sas anti-foot » : un vestiaire où l’on va se débarrasser de nos vieux oripeaux, c’est-à-dire de toutes nos idées préconçues sur ce sport. Il s’agit de « se laver les idées », de redevenir le gamin qui regarde ses copains taper dans le ballon et partage avec son père l’enthousiasme d’une victoire… Nous sommes foot, car le football est un sport universel. Quel que soit l’endroit du monde où l’on se trouve, il permet de rentrer en contact avec l’autre. Lorsque j’étais reporter de guerre, j’avais un « mot de passe » infaillible pour aborder civils ou militaires : « J’arrive de Marseille, la ville de Zidane. » Cela permettait tout de suite de lancer la conversation ! En Asie du Sud-Est, je demandais : « Vous êtes Arsenal, Chelsea ou Liverpool ? » En Espagne : « Vous êtes Real ou Barça ? ». Le football est une culture commune à l’ensemble des peuples du monde.
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Mucem |
En quoi le football est-il un sujet d’exposition pertinent pour le Mucem ?
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F.M. |
Pour un musée de société, évoquer le football est une évidence. Comme le rappelle le philosophe Jean-Claude Michéa, le football offre un reflet idéal pour comprendre toutes les contradictions de la société libérale moderne. C’est un sport populaire, mais aussi l’un des plus grands business au monde. C’est un sport basé sur la solidarité, mais il reflète aussi les inégalités sociales ou de genres présentes dans nos sociétés. C’est à la base un sport « amateur », mais c’est aujourd’hui l’un des éléments phares de notre société du spectacle. Le football est donc le reflet de nos sociétés contemporaines, où tout s’achète et tout se vend, même un joueur, ou un match !
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G.P. |
Faire une exposition sur le foot n’est pas chose évidente. Certains peuvent considérer que le football n’est qu’un épiphénomène, qu’il ne mérite pas d’entrer dans un musée… Notre souhait est de faire comprendre que ce sport nous renvoie sans cesse à une réalité sociétale et politique. Comme l’a souligné Florent Molle, le foot est un polaroïd de nos sociétés et sa marchandisation croissante a travesti notre vision de ce sport, elle nous a fait oublier les émotions premières qu’il véhicule. Notre message est qu’il est nécessaire de revenir aux fondamentaux, de percevoir le foot comme un moment de partage. Avec cette idée utopique que le football est un bien commun nécessaire à la construction d’un bien commun des peuples : il faut donc s’élever contre les appropriations marchandes et financières des passions populaires.
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Mucem |
C’est justement pour « revenir aux fondamentaux » que vous êtes allés « sur le terrain », dans plusieurs pays méditerranéens, afin d’effectuer plusieurs campagnes d’enquêtes-collectes et ainsi de rencontrer ceux qui vivent cette passion au quotidien ?
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F.M. |
Il s’agissait en effet de montrer que le supportérisme est un loisir pratiqué par de nombreuses personnes. Il fallait prendre au sérieux cette « culture foot », la considérer comme un fait social, l’investiguer, la documenter, et collecter objets et témoignages. Quatre chercheurs (Abderrahim Bourkia, Christian Bromberger, Sébastien Louis et Ljiljana Zeljkovic) sont donc partis à la rencontre de supporters dans plusieurs pays (Algérie, Tunisie, Israël-Palestine, Bosnie-Herzégovine, Italie, France, Espagne). Nous avons également contacté tous les groupes de Marseille, et puis nous nous sommes très vite rapprochés du Commando Ultra’ (CU 84) et de la « Vieille Garde », les anciens, les premiers à avoir initié ce type de supportérisme en France. Nous avons ainsi pu collecter des écharpes, des drapeaux, des banderoles, des stickers, des fanzines, des T-shirts, des photos… Tout ce qui représente la culture matérielle du supportérisme et du « mouvement ultra ».
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Mucem |
Dans le rapport qu’entretiennent les supporteurs avec leur passion pour le foot, y a-t-il une spécificité méditerranéenne… et marseillaise ?
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F.M. |
Si spécificité méditerranéenne il y a, elle existe sans doute dans le mouvement ultra, ce mouvement de contre-culture qui s’est constitué dans les années 1960 en Italie et qui s’est diffusé très vite dans le reste de l’Europe. En France, la première association voit le jour à Marseille en 1984. Dès la fin des années 1990, le mouvement dépasse les frontières du continent européen pour se développer en Tunisie, au Maroc, en Algérie, en Lybie, en Égypte, en Israël et en Palestine.
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G.P. |
Il est vrai qu’à Marseille, le foot se vit plus intensément qu’ailleurs. Il y a cette fameuse 44e minute, le 26 mai 1993, quand la ville a chaviré dans l’émotion, quand elle a planté son drapeau sur la planète Europe. Marseille la mal aimée accédait enfin à la reconnaissance en atteignant le sommet de l’Europe. L’OM et ses supporteurs resteront quoi qu’il arrive « à jamais les premiers » à avoir remporter la Ligue des champions. L’autre spécificité propre à Marseille, tient aux revendications antifascistes et antiracistes des supporteurs.
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Mucem |
Comment s’organise l’exposition ? Quelles sont ses grandes thématiques ?
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G.P. |
Après le « sas anti-foot » introductif, le visiteur rentre littéralement dans un stade de football, sous les gradins, avec une ambiance scénographique conçu par les directeurs artistiques Democracia. La première partie traite de la « Passion » dans toutes ses dimensions : du point de vue de l’intime, de la ville, de la nation. Nous nous intéressons aux rapports entre football et religion et nous allons jusqu’à comprendre la culture ultra et ce qui la distingue du hooliganisme. La seconde partie est intitulée « Engagement ». Nous y présentons les liens qui unissent football et politique. Nous cherchons à comprendre comment cette culture populaire a été utilisée au cours de l’histoire politique récente et comment, a contrario, des joueurs ont pu se saisir du pouvoir du football pour défendre d’autres idées. Ici, le visiteur rentre dans ce que l’on nomme « le stade agora », un stade reproduit en miniature dans lequel nous espérons voir naître des discussions pour rappeler que le stade est aussi un lieu public.
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F.M. |
« Mercatos » est le titre de la partie suivante. Nous continuons ici notre fil historique pour retracer l’évolution du football, de l’amateurisme à la professionnalisation, jusqu’au marché des transferts. Une salle dans laquelle des affiches de publicités prennent place à côté d’affiches de films et des disques 45 tours pour montrer comment est né le football marchandise, dont l’un des aboutissements réside dans ces objets. L’exposition confronte ensuite le visiteur à la face sombre du football actuel, celle de la corruption et des intérêts financiers. Nous nous demandons ici si le football doit nécessairement gagner à tout prix. La dernière partie propose aux visiteurs une vision plus positive du football en rappelant que celui-ci offre toujours la possibilité d’un monde solidaire et citoyen. Son futur ne dépend que de ce que nous en ferons. |
Éditions
Nous sommes Foot
Catalogue d'exposition en coédition Mucem / Desports – Éditions du sous-sol
Dans le Paris huppé comme dans les cités défavorisées de Marseille, dans les banlieues d’Alger ou sur les plages de Malaga, le football rassemble et fait vibrer les Méditerranéens. Mais ce sport reflète aussi les clivages sociaux, la violence, le racisme et le fanatisme qui gangrènent nos sociétés. Il est miné par l’argent et les cas de fraudes se multiplient devant les enjeux financiers que représente le “foot business”.
Jeu-concours
Jouez avec « Nous sommes Foot » du 10 oct. au 10 nov. 2017
Devenez capitaine et invitez vos amis à rejoindre votre équipe de foot pour tenter de gagner de nombreux cadeaux foot offerts par GO Sport : 1 carte cadeau de 500 €, 100 articles de sport d'une valeur de 20 € à 100 € ainsi que 150 billets d'entrée au Mucem pour découvrir l'expo « Nous sommes Foot » jusqu'au 4 février 2018 !
Trophée de la Ligue des Champions
Du 20 déc. 2017 au 1er janv. 2018
Du 20 décembre 2017 au 1er janvier 2018, l’original de la Coupe de la Ligue des Champions, remportée par l'Olympique de Marseille le 26 mai 1993, est exceptionnellement prêtée au Mucem par l’Union européenne des associations de football (UEFA) pour être présentée dans la section Passions de l'exposition « Nous sommes Foot ».
Trophée de l'UEFA Champions League / Jürg Stadelmann Nyon, Suisse – 1997 © 1996 UEFA TM
Parcours de l'exposition
0 : L’entrée sur la pelouse
Laissez au vestiaire vos idées préconçues sur le football ! et laissez-vous gagner par l’émotion ! Une réelle poésie peut émaner des terrains de football : celle de l’enfance, du jeu, de l’amitié...
Parce qu’il ne nécessite qu’une balle, quelques joueurs et un modeste espace de jeu pour se développer, le football reste incontournable et populaire.
1 : Passions
Ici se juxtapose religion et ballon rond. Le football se joue dans de véritables temples dans lesquels des héros s’affrontent pour la conquête d’un Graal. Cette passion pour le foot naît dans le cercle familial et permet les premières sociabilités. Le club de foot joue aussi un rôle très fort en matière d’éducation. L’amour du foot engage bien vite l’appartenance identitaire, lorsqu’on vibre pour un club, l’équipe d’une ville ou d’un pays. Fidèles parmi les fidèles, les ultras font de leur passion sans limites une mentalité et Marseille en est l’un des exemples emblématiques. Malheureusement, la passion vire parfois au fanatisme : violence et racisme en sont les manifestations extrêmes.
2 : Engagements
Miroir grossissant des valeurs morales et des idéologies politiques de son époque, l’histoire du football raconte les tourments des XXe et XXIe siècles : contre les totalitarismes et la colonisation, le foot a constitué un théâtre de résistances grâce à des joueurs et des passionnés qui ont mis en avant les valeurs humanistes de ce sport. Le stade reste aujourd’hui encore un reflet de la société contemporaine et un lieu privilégié d’expression politique.
3 : Mercatos
Cette dernière séquence met en lumière l’évolution des enjeux économiques du football. Dans les années 1930, la professionnalisation du foot, défendue par le président de la FIFA, accompagne la démocratisation de ce sport et permet aux joueurs des couches populaires de gagner leur vie sur le terrain. Mais avec la montée du libéralisme économique, le foot devient un objet de business aux enjeux financiers colossaux autant qu’un produit médiatique : marché des transferts, starification des joueurs, affaires de corruption éloignent le foot de l’esprit de ses origines.
4 : Prolongations
Pourtant, des initiatives citoyennes continuent d’exister et défendent une vision humaniste de ce sport : actions sociales de proximité, gestion des clubs par les supporters ou encore équipes se constituant autour de valeurs solidaires (migrants, sans-papiers...). Un autre football existe, fédérateur et porte-parole des questions sociales qui se posent à nos sociétés contemporaine.
Téléchargements
Dossier pédagogique .pdfPartenaires et mécènes
Avec le soutien de Mutuelles du Soleil et de la Fédération française de football.
En partenariat avec : France Médias Monde, SO FOOT, France Bleu Provence, France Info, Canal +