Aventuriers des mers
Méditerranée—océan Indien, VIIe-XVIIe siècle
Mucem, J4—
Niveau 2
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Du mercredi 7 juin 2017 au lundi 9 octobre 2017
De l’Empire perse aux conquêtes d’Alexandre le Grand, de l’expansion de l’islam aux explorations chinoises et des aventures portugaises aux navigations hollandaises, c’est entre Méditerranée et océan Indien que se sont déroulées les grandes aventures maritimes fondatrices du monde d’aujourd’hui.
Riche de plus de 200 œuvres et objets, l’exposition « Aventuriers de mers » conduit le visiteur au croisement de l’or d’Afrique et de l’argent d’Occident, des verreries de Venise, des cotonnades indiennes, des porcelaines et des épices venues des mers de Chine.
Tout au long du Moyen-Âge, l’océan Indien, d’où provenaient les produits les plus recherchés, a été le plus grand marché du monde et le plus convoité. En se déployant, le commerce maritime a permis de brasser non seulement les marchandises, mais aussi les hommes, les religions et les idées. Le monde s’est élargi, révélant peu à peu son immensité.
À l’heure où l’intensification des processus de mondialisation interroge notre avenir immédiat, cette exposition nous propose de prendre le temps de parcourir une histoire de l’Ancien Monde, tel qu’il est apparu aux premiers aventuriers des mers dans sa diversité et sa complexité, riche d’un avenir qui restait à construire.
En partenariat avec l’Institut du monde arabe. Avec le soutien de Groupama Méditerranée et de la Fondation d’entreprise Total.
Commissariat: Vincent Giovannoni, ethnologue, conservateur au Mucem — Nala Aloudat et Agnès Carayon, chargées de collections et d’expositions à l’IMA
Scénographie: atelier Maciej Fiszer
Dans l'élaboration du projet, le Mucem a reçu le concours de l'équipe de recherche MeDIan ("Les sociétés méditerranéennes et l'océan Indien"), réunie par Didier Marcotte.
Pour voir et entendre les hommes et les femmes des villes-ports de Méditerranée et de l’océan Indien—Webdocumentaire réalisé par Christine Coulange / Sisygambis
Entretien avec Vincent Giovannoni, conservateur au Mucem et commissaire de l’exposition
Mucem (M) | Mille ans d’histoire, trois continents… Le propos de cette exposition paraît particulièrement vaste. Comment le résumer ?
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Vincent Giovannoni (VG) | Cette exposition propose de considérer l’histoire depuis la mer. Elle raconte mille ans d’histoire de l’Ancien Monde, à la croisée de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique. Elle débute par la mise en place, au VIIe siècle, d’un empire des deux mers, celui des Omeyyades qui, régnant sur la mer Méditerranée et l’océan Indien, va permettre le développement du commerce maritime entre ces deux mondes. Le marché de l’océan Indien est alors le plus riche du monde, le plus désiré, aussi bien par les chrétiens que par les musulmans. C’est de là que proviennent les belles porcelaines, les plus belles soieries, c’est là que se trouvent les mines du roi Salomon dont parle la Bible… On développe donc diverses stratégies pour accéder à ce marché. Et puis, en commerçant, on rencontre « l’autre ». De l’histoire de ces rencontres, l’exposition n’élude ni l’esclavage, ni les tentatives d’évangélisation entreprises par les Européens. Elle raconte mille ans de projets commerciaux et, au final, de guerres économiques entre l’Orient et l’Occident.
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M | L’exposition se déploie en trois parties. Dans la première, dédiée aux « Peurs de la mer », le visiteur se voit emporté au milieu des tempêtes et monstres marins !
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VG | Dans les temps anciens, la mer faisait peur. Afin d’aider les visiteurs à entrer dans les mentalités des hommes du Moyen Âge, nous avons scénographié cette peur de la mer avec la projection d’une véritable tempête (filmée par l’équipe de Yann Arthus-Bertrand) et la présentation d’une immense mâchoire de plus de deux mètres de haut, celle d’un Carcharodon megalodon, un ancêtre du requin, disparu il y a 1,5 millions d’années. Au Moyen Âge, lorsqu’on trouvait ce type de fossile, on était convaincu qu’il était celui d’un animal vivant encore dans les mers ! On ne doutait pas qu’il existait des animaux de cinquante mètres de long avec des mâchoires gigantesques, capables d’engloutir d’une seule bouchée non seulement un humain, mais un navire entier.
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M | Dans la deuxième partie, « Naviguer, une intelligence du monde », vous accordez une attention particulière à la cartographie…
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VG | Les cartes marines permettent aux marins et à ceux qui financent leur expéditions de se représenter les étendues à parcourir. Vers la fin du Moyen Âge, l’évolution de la cartographie est assez rapide et construit une image fidèle de la planète. Dans l’exposition, on peut par exemple citer la somptueuse carte de Fra Mauro, qui représente l’ensemble de l’Ancien Monde - Afrique, Europe, Asie - en 1459. A côté d’elle, on verra une photo prise en 2016 par la Nasa depuis l’espace : à cinq cents ans de distance, ces deux représentations sont quasiment identiques ! Il est fabuleux de réaliser qu’au XVe siècle, dans un monastère à Venise, des hommes ont eu une vision de la planète presque aussi précise que celle que la Nasa a aujourd’hui…
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M | Dans la dernière partie « Marchandises et convoitises », sont exposées quelques-unes des plus belles richesses de l’Ancien Monde…
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VG | On y découvre en effet les objets parmi les plus somptueux qui, du VIIe au XVIIe siècle, ont motivé les marins à prendre la mer et à risquer leurs vies : verres émaillés, métaux incrustés, pièces en ivoire ou en ébène, diamants, porcelaines, cotonnades… Pour cette exposition, nous avons emprunté près de deux cents pièces dans une cinquantaine de musées à travers le monde, de Lisbonne à Singapour. Des pièces d’exception, de très haute valeur, dont quantité n’ont jamais été exposées en France.
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M | Dans cette exposition, on verra donc de l’or, de l’encens, de la soie, des épices… Mais finalement assez peu de navigateurs !
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VG |
Parmi les œuvres phares de l’exposition, je pourrais citer cette immense tapisserie du début du XVIe siècle sur laquelle est représentée l’arrivée de Vasco de Gama en Inde… Marco Polo, Magellan, Christophe Colomb, par exemple, sont également présents. Mais le Mucem étant un musée de civilisations, plutôt que de valoriser les « héros », nous faisons la part belle aux cultures, aux civilisations et aux échanges.
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Éditions
Aventuriers des mers
VIIe-XVIIe siècle
Catalogue d'exposition en coédition avec l’Institut du Monde Arabe et Hazan.
Sous la direction de Vincent Giovannoni, conservateur au Mucem, Nala Aloudat et Agnès Carayon, chargées de collections et d’expositions à l'IMA.
Parcours de l'exposition
1—La mer au péril de la vie
Cette exposition s’ouvre par une représentation de la mer, ses mouvements impétueux et ses monstres, réels ou fantasmés. S’aventurer en mer, c’est accepter de se risquer vers des horizons incertains, peuplés de créatures étranges, mais c’est aussi s’exposer à des dangers bien réels : tempêtes, récifs et naufrages. Les attaques redoutables des pirates rendaient chaque voyage en mer extrêmement périlleux, et les voyageurs n’étaient jamais bien certains d’y survivre.
2—Naviguer, une intelligence du monde
Dans les périodes anciennes, les marins naviguaient principalement à vue, en longeant le rivage depuis leur port d’attache vers le port de destination. Pour faire voile vers un port plus lointain, l’usage était de recruter un pilote capable de naviguer d’expérience. Les détails du voyage en mer étaient soigneusement notés et décrivaient les routes de navigation, les accès aux ports et les écueils à éviter. Les hommes ont alors pu voyager plus loin, plus sûrement et plus vite. Portés par l’espoir de profits considérables, marins et commerçants ont développé un vif esprit d’initiative et, en ouvrant la voie à de nouvelles aventures, sont partis ensemble à la conquête du monde.
3—Marchandises et convoitises
La route des Indes est convoitée car c’est celle des épices, des textiles et des matériaux précieux dont l’éloignement induit la rareté, et donc la valeur. Les épices, l’ivoire, la porcelaine, les tissus de soie et de coton, les perles et les bois précieux fascinaient marchands, aventuriers et marins, qui organisent pendant des siècles le commerce de ces produits à très haute valeur marchande. Dès les débuts de l’islam, les marchands de la péninsule arabique jouent un rôle central dans les échanges entre Orient et Occident qu’ils vont peu à peu dominer.
4—Expansions : vers un monde globalisé
En 1453, les turcs Ottomans s’emparent de Constantinople et règnent désormais sans partage sur les routes du commerce des produits de l’Orient. Pour bénéficier de ce commerce et pour maintenir leurs pouvoirs, marchands et souverains chrétiens travaillent à contourner les anciens réseaux, et à ouvrir de nouvelles voies. C’est dans ce contexte que les Portugais pénètrent au XVe siècle dans l’océan Indien, qui est alors le plus grand marché du monde. En 1498, Vasco de Gama est le premier européen à remonter les rives de l’Afrique orientale et à atteindre l’Inde. La voie maritime qu’il ouvre va changer définitivement la dynamique des échanges entre Orient et Occident.
5—Conclusion
L’exposition se conclut sur deux évènements clés. Alors qu’à la fin du XVIe siècle la compétition pour les marchés maritimes et pour le pouvoir se mène à l’échelle de la planète, les grandes puissances s’affrontent pour établir un partage de l’espace qui corresponde tant à leurs projets respectifs qu’aux moyens dont ils disposent pour les imposer aux autres. La bataille navale de Lépante, en 1571, permet ainsi à la Ligue chrétienne de freiner l’expansion ottomane sur le commerce maritime en Méditerranée, tandis qu’en 1602 la création de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales marque la fin du monopole méditerranéen sur le commerce avec l’océan Indien.
Espace famille pour les 6-12 ans : Les petits aventuriers
Du 8 juillet au 3 septembre 2017
Suivre les traces des plus célèbres navigateurs à travers la Méditerranée ? En lien avec l’exposition « Aventuriers des mers », le Mucem invite les familles à prolonger leur voyage dans un espace ludique spécialement conçu pour les plus jeunes : les « Petits aventuriers » jettent l’ancre au fort Saint-Jean pendant les grandes vacances !
Bâtiment GHR, fort Saint-Jean
Tous les jours de 11h à 18h (dernière entrée)
Tarifs : Enfants : 4€ - Adultes accompagnateurs : entrée libre sur présentation du billet Mucem
En partenariat avec le service éducatif de l’Institut du Monde Arabe.
Animations pour les 3-7 ans : Petites aventures en mer
Du 08 juillet au 03 septembre 2017
Tous les jours pendant les vacances d’été, les médiateurs du Mucem vous mènent à la découverte des objets les plus incroyables de l’exposition « Aventuriers des mers » à travers de courtes interventions (jeux, contes, récits) : monstres marins, outils de navigation, maquettes de bateaux, cartes, épices, porcelaines, pierres précieuses… À chaque objet sa petite aventure !
Rendez-vous dans l’exposition « Aventuriers des mers ».
Familles avec enfants de 4 à 8 ans
Tarifs : Gratuit sur présentation d’un billet Mucem du jour et sans réservation préalable.
Téléchargements
Journal de l’exposition .pdfPartenaires et mécènes
En partenariat avec l'Institut du monde arabe et avec le mécénat de Groupama Méditerranée et de la Fondation d’entreprise Total.
En partenariat avec : Arte , France Médias Monde, Le Figaro Magazine, France Bleu Provence, France Info