Livre - Perse

Dans la première moitié du Ier millénaire avant J.-C., trois antagonistes s’affrontent : les Sémites assyriens qui possèdent un vaste empire, l’Urartu, puissance d’origine asiatique, et les Iraniens, qui parviendront, après une longue lutte, à dominer les deux autres. Leur protohistoire révèle déjà le goût de l’ornementation plastique basée sur l’image de l’animal. Celle-ci quittera très vite l’échoppe du potier pour passer dans l’atelier du métallurgiste. Quelques objets en bronze, trouvés à Hamadan, permettent de reconnaître l’identité de l’art mède et de celui du Luristan, qui serait médo-cimmérien. La présence des Scythes, en Iran, est attestée par le Trésor du tombeau de l’un de leurs princes, découvert à Ziwiyé. La diversité des courants, qui se croisent sur cet ensemble, annonce la genèse de l’art iranien, sous les Perses achéménides. Les palais de Suse et de Persépolis, leurs Apadanas immenses, montrent la puissance quasi divine des Cyrus et des Darius, dont le rayonnement toucha aussi bien le monde occidental que l’Inde et la lointaine Sibérie. ROMAN CIIIRSHMAN, archéologue, explorateur et historien, né en 1895, a fait ses études à la Sorbonne, à l’École des Hautes Études, et à l’École du Louvre. Sa première expérience d’archéologue remonte à 1930 avec la mission française à Tello en Irak. L’année suivante nommé chef d’une expédition en Iran ; fouilles à Giyan, Luristan, Assadabad et Sialk. En 1935 il commença à travailler sur l’emplacement de Bichâpour, ville sassanide fondée au IlIe siècle après .I.-C. En 1936, il prit part à la première expédition archéologique en Afghanistan. 1941, nommé Chef de la Délégation archéologique française en Afghanistan. Après la guerre, chargé de deux expéditions françaises archéologiques en Iran par le Gouvernement français. 1949, voyage en caravane dans les montagnes des Bakhtiari et, pour la première fois en Iran, fouilles dans une grotte habitée à l’époque néolithique. Depuis 1946, a travaillé à Suse et dirigé une importante série de fouilles à Tchoga Zanbil ; a également fouillé l’île de Kharg dans le golfe Persique. Roman Ghirshman a publié de nombreux travaux d’archéologie, d’histoire, sur les inscriptions et les pièces de monnaie d’Iran et d’Afghanistan. Couronné par l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, il est Correspondant de l’Institut de France, professeur à l’Université d’Aix-en-Provence, docteur honoris causa de l’Université de Téhéran. Haut plateau toujours battu et parfois submergé par le flot des nomades venus, les uns des steppes eurasiatiques, les autres du désert arabique, l’Iran fut entre l’Est et l’Ouest un poste clef depuis qu’au début du Ier millénaire avant notre ère s’y implanta avec les Mèdes et les Perses une culture sédentaire. Comme nous le montre Ghirshman cet Iran sédentaire fut à l’origine, et demeure périodiquement au cours de son histoire, tributaire d’un Iran nomade, scythique, sarmate ou parthe selon les époques. Par les fouilles que depuis trente ans il mène sur le plateau et par les connaissances qu’il a de celles que les savants russes exécutent sur les territoires avoisinants, Ghirshman est à même de nous exposer avec un matériel neuf des vues qui le sont également. GEORGES SALLES