Livre - Au coeur de l'océan

Alexandre Sokourov (1951) après avoir été un cinéaste soviétique « underground », est le cinéaste russe le plus célèbre aujourd’hui, régulièrement sélectionné et plusieurs fois primé depuis 1987 dans les festivals internationaux (Locarno, Cannes, Venise), avec des films comme La Voix solitaire de l’homme, Les Jours de l’éclipse, Voix spirituelles, Mère et fils, Moloch ,L’Arche, Faust et récemment Francofonia parmi une trentaine de titres. Entre 1978 et 1986, il tourne en URSS pour la télévision (à Gorki) et le cinéma (à Leningrad) des films qui sont interdits (documentaires et fiction) mais qui forgent sa réputation auprès de certains cinéastes – comme Tarkovski – et théoriciens – comme Lampolski – qui le soutiennent. En 1987, à la faveur de la « Perestroïka », on découvre d’un coup une œuvre déjà riche, singulière, intrigante. Cinéaste expérimental qui se réclame du classicisme, innovateur qui dénonce la modernité, réalisateur prolifique, inventif qui ne cesse de dénier que le cinéma soit un art, il est un « moderniste réactionnaire ». Cet ouvrage, composé par ses soins, rassemble un ensemble de textes de natures différentes – souvenirs d’enfance, réminiscences, témoignages, expériences de tournage, pages de journal, réflexions philosophiques, nouvelles cinématographiques, portraits de cinéastes (Eisenstein, Bergman, Antonioni, Tarkovski, Proskourina) ou d’hommes politiques (Eltsine, Poutine), tour à tour inspirés par la sensualité, l’humour ou le goût de l’auteur pour le grotesque voire le « gothique ». Des textes fragmentaires qui forment pourtant une chambre d’échos et que traversent une même exigence spirituelle, une même intransigeance et une même angoisse devant la solitude du créateur et devant la finitude humaine. Jeremi Szaniawski, auteur d’une thèse sur Sokourov soutenue à l’Université de Yale, s’est vu confier par le cinéaste le soin de proposer aux lecteurs de langue française cet ouvrage de méditation esthétique et morale auquel il introduit en 26 points de manière éclairante en s’attachant aux figures paradoxales du cinéaste et, désormais, écrivain.