Livre - D'une maison l'autre

e dédoublement de la résidence, sa multiplication, est un fait, encore mal connu et pourtant bien réel. Il déjoue les jugements à l'emporte-pièce. L'ubiquité résidentielle n'est ni un fait marginal, ni une affaire de nantis. Elle intéresse ouvriers, provinciaux expatriés, travailleurs migrants autour d'une même pratique. Cet ouvrage propose un éclairage nouveau sur la question. On croyait la population française casanière, accrochée à son clocher ou son café-tabac dont jamais elle ne s'éloignerait. C'est loin d'être le cas. Il faut d'urgence réviser cette image car la réalité est plus complexe. Depuis la fin de l'exode rural, avec la succession des vagues migratoires, avec l'amplification et l'accélération des migrations hebdomadaires et saisonnières, avec l'obligation de la mobilité professionnelle, la quête d'un travail a délocalisé de larges franges de populations. Parallèlement, l'augmentation du temps de loisir, de vacances et de retraite a permis de développer un second espace de vie face à l'existence laborieuse, voire de maintenir et développer les liens avec le lieu d'origine, d'identité première, celui des siens, sa domus. Migrants de l'intérieur ou de l'extérieur, nombreux sont ceux qui vivent une résidence multilocale, qui se déplacent au sein d'un système d'habitat. Camping, hébergement amical, hôtel, couchettes de train ou d'avion... en fait, nous occupons au cours d'une année des lieux multiples et variés - qui échappent généralement à tout recensement officiel. Ces solutions transitoires, qui ne sont pas vraiment des résidences, participent cependant de la vie de chacun et donc de la construction de l'identité de la personne.