Livre - Places et monuments

Voici exactement cinquante ans, les commissaires de l'Exposition Arts et Techniques de 1937 confièrent aux architectes Carlu, Boileau et Azéma la mission quasi impossible, compte tenu des délais et des impératifs économiques, de remettre au goût du jour le vieux palais du Trocadéro, que Davioud avait construit pour l'Exposition Universelle de 1878. Le nouveau Trocadéro semble tellement enraciné dans le paysage parisien qu'on imagine difficilement qu'une rotonde hispano-mauresque encadrée de deux minces ailes l'ait précédé sur la colline de Chaillot, où Percier et Fontaine avaient déjà rêvé à un gigantesque Palais du Roi de Rome. Hormis la Cité des Musées d'Auguste Perret, se souvient-on des dizaines de projets de reconstruction totale ou partielle ou de simple «camouflage» de l'ancien trocadéro? On a également oublié que la suppression de la rotonde et le doublement des ailes du bâtiment de Davioud ont engendré la plus violente polémique architecturale qu'ait connu la France de l'entre-deux-guerres. Les archives de Jacques Carlu ont servi de point de départ à la redécouverte du dernier manifeste monumental et décoratif de la Troisième République, qui possède bien d'autres mérites que celui d'offrir sur son parvis une vue exceptionnelle sur les plus belles fontaines de Paris et sur la Tour Eiffel.