Trésors du Mucem

Janvier 2019

2017 2018

Janvier 2019 Février 2019

Chaque mois, un membre de l’équipe de la conservation du Mucem est désigné pour sélectionner et travailler autour d'objets issus des collections présentés tous les dimanches à nos internautes sur la page Facebook du Mucem.

En janvier, Marina Zveguinzoff, chargée des collections et de recherche, nous propose sa sélection.


Dimanche 27 janvier 2019


Berceau Laponie, Finlande Collection Mucem

Berceau Laponie, Finlande Collection Mucem

Berceau
Laponie, Finlande, anciennement Russie
19e siècle
Bois monolithe, évidé
DMH1890.2.166

Ce berceau lapon est en quelque sorte l’ancêtre de la couche culotte. Sa carcasse en bois creusé est munie de parois très minces, ce qui rend ce type de berceau très léger et commode à transporter. Les parois de cette carcasse sont tendues à l’extérieur de cuir de renne, tandis que d’autres morceaux de cuir sont cousus le long des bords du berceau, et servent à couvrir le lit d’enfant. Le fond du berceau reçoit une couche de mousse sèche très douce, dans laquelle les déjections s’infiltrent facilement. Cette mousse est changée plusieurs fois par jour. Sur la mousse, au chevet, se place un coussin bourré de poils de renne, et sur le reste on étend des fourrures de jeunes rennes. Le berceau étant ainsi préparé, on y couche l’enfant complètement nu, et on le recouvre encore de morceaux de fourrures de rennes. On place encore sur l’enfant quelques chiffons, puis on ferme le tout au moyen des morceaux de cuir cousus le long des côtés du berceau. Des courroies cousues également sur les bords du berceau servent à consolider tout le système sur lequel elles passent dans le sens de la largeur. En outre on coud encore au berceau des courroies un peu plus longues, allant de la tête aux pieds et servant à le suspendre à une perche dans les maisons, ou à une branche dans les champs. Elles servent aux mères pour le porter sur le dos ou la poitrine pendant les voyages, ou à le suspendre aux cornes, au collier ou à la selle des animaux pendant les migrations. On suspend également à ces courroies différents hochets faisant du bruit au moindre mouvement.
 
La série 1890.2 est entrée dans les collections du musée du Trocadéro après l'exposition universelle de 1889 à Paris. Il s’agit d’un don du docteur Egor Pokrovski, médecin pédiatre à Moscou, qui a collecté ce matériel sur l’ensemble du territoire russe pour une exposition d'anthropologie de la société moscovite des sciences naturelles en 1879. Pokrovski fut chargé de la section relative à l'éducation physique de l'enfant chez les différents peuples.
 
Cette collection composée de cent vingt-huit objets liés à l’enfance a été déposée au musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée, en 2005, sous le numéro DMH.1890.2.

Dimanche 20 janvier 2019


Tableau général de l'Empire Ottoman © Mucem

Tableau général de l'Empire Ottoman © Mucem

Tableau général de l'Empire Ottoman
2e moitié du 18e - début du 19e s.
France, Paris
Au 18e siècle, l'Empire Ottoman est pour la plupart des Européens un pays encore mal connu, en dépit des échanges diplomatiques et commerciaux ininterrompus depuis le XVIème siècle. Les récits subjectifs de voyageurs imprégnés d'idées reçues constituent l'unique source de connaissance contemporaine de cet immense empire qui s'étend alors sur trois continents (Europe, Asie, Afrique). C'est pourquoi Ignace Mouradja d'Ohsson, un interprète et diplomate né à Constantinople dans une famille arménienne, se lance en 1788 dans la rédaction d'un Tableau général de l'Empire Ottoman, un livre destiné à présenter -en français s'il vous plaît!- cet empire aux Européens, de manière objective et documentée. En 2018, une édition originale du Tableau général de l'Empire Ottoman est mise en vente : surprise, l'exemplaire a appartenu à l’École des Jeunes de Langues, il comporte de plus des annotations dans ses marges! Ce document exceptionnel a donc été acquis par le Mucem et a rejoint la bibliothèque du musée où il est consultable par tous !
Une proposition de Sylvain Borzillo, documentaliste au Mucem

Dimanche 13 janvier 2019


Costume de mariée juive du Maroc « Keswa el-Kbira » collection Mucem © Fatima Rhazi

Costume de mariée juive du Maroc « Keswa el-Kbira » collection Mucem © Fatima Rhazi

Costume de mariée juive du Maroc « Keswa el-Kbira »
Velours, passementerie en fil d’or, organza
1988, Marseille
Créateur : Fatima Rhazi
Photographie : Fatima Rhazi
2018.92.2.1-3
Ce costume, réalisé par Fatima Razhi en 1988 d’après un modèle illustré dans le livre de Costumes traditionnels marocains de Jean Besancenot, vient de rejoindre les collections du Mucem.
À l’origine, au Maroc, le haut de ce type de costume est à manches courtes. Ici, des manches, indépendantes, longues et larges en mousseline, y sont fixées.
D’après des sources médiévales, un règlement de la communauté juive de la ville de Valladolid de 1432, décrit un costume de femme assez semblable. Ces données suggèrent que ces costumes féminins ont servi de modèle à la keswa el-Kbira, la robe très élaborée en velours de soie que portent les mariées dans les familles séfarades du Maroc. Ce costume comportait de longues manches amovibles en fine gaze.
Ce costume a été utilisé à l’occasion de mariages organisés par Fatima Rhazi à Marseille et dans la région de 1995 à 2012.
Fatima Rhazi est photographe. De 1995 à 2008, elle était negafa, l’habilleuse de la mariée dans un mariage marocain, et créatrice de costumes de mariée.
Durant la cérémonie du mariage, la mariée change, en principe, sept fois de robe. Le rôle de la negafa est de l’aider à s’habiller. Celle-ci
loue robes, parures de bijoux et décors typiques, comme le palanquin où trônent les mariés.
Fatima Rhazi a fait don en 2018 au Mucem de deux palanquins, de sept costumes féminins de mariage, d’un costume masculin marocain et d’une tenture traditionnelle fassi.
Avec son association « Femmes d’ici et d’ailleurs », Fatima Rhazi a formé des jeunes femmes sans emploi à ce métier d’habilleuse. Depuis, ces femmes ont créé leurs micro-entreprises et 1257 femmes ont trouvé un travail.
Fatima Rhazi a été décorée de la légion d’honneur en 2010.

Dimanche 06 janvier 2019


Estampe Raymond Poussielque © Mucem

Estampe Raymond Poussielque © Mucem

Estampe
2ème moitié 19ème siècle, début 20ème siècle.
France
1919.29.398
Cette estampe devait servir de décor à une boîte de confiserie, offerte en guise de gourmandise à l'occasion des étrennes du jour de l'An.
Elle porte une inscription manuscrite : « Raymond », sans doute l’heureux destinataire de cette boîte de bonbons ainsi qu'une inscription imprimée : « Se trouve chez Seugnot à Paris, rue du Bac, 28. »
La scène champêtre en grisaille sur papier vergé présente une jeune femme, probablement une nourrice, assise sur un banc entourée de trois enfants dans un écrin de verdure. Un petit chien, genre de bichon, se glisse sous son cou.
Le plus jeune enfant dort à plat ventre, allongé un petit lit d'appoint recouvert de langes.
Un enfant s'appuie sur les genoux de la jeune femme, qui lui caresse la tête.
Le plus grand, coiffé d'un chapeau verse de l'eau à l'aide d'un petit broc dans un plat en arrosant la main de la jeune femme.
La Maison Seugnot, 28, rue du Bac était une confiserie parisienne renommée dans la 2ème moitié du 19ème siècle et au début du 20ème siècle qui a échappé aux flammes durant la Commune de Paris. La publication « L’itinéraire des ruines de Paris - notice historique sur les monuments incendiés de 1871 » précise que « les croqueuses de bonbons l’ont échappé belle ! ». La maison Seugnot doit tout particulièrement sa notoriété à une pâtisserie : le mille feuilles, superposition d’abaisses de pâte formant un feuilletage croustillant et d’une crème onctueuse et vanillée.
Cette pâtisserie est proposée pour la première fois, en 1867, par Monsieur Dubose, chef Pâtissier de cette maison. Le Tout Paris se précipite chez Seugnot.
Le musée Carnavalet conserve une illustration de périodique datant de 1879 montrant l’intérieur de la maison de confiserie Seugnot, située au 28 rue du Bac à Paris.