Trésors du Mucem

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Chaque mois, un membre de l’équipe de la conservation du Mucem est désigné pour sélectionner et travailler autour d'objets issus des collections présentés tous les dimanches à nos internautes sur la page Facebook du Mucem.

En janvier, Françoise Dallemagne, chargée des collections et de recherche nous propose sa sélection.


Dimanche 28 janvier 2018


Tenue de pom-pom girl pour la Gay Pride de juin 2001 © Mucem

Tenue de pom-pom girl pour la Gay Pride de juin 2001 © Mucem

Tenue de pom-pom girl pour la Gay Pride de juin 2001
Don Act Up Paris.
2002.110.106.1-3
Cette tenue de pom-pom girl fait écho à la performance « TOUCH DOWN (time out) » du samedi 3 février au Mucem.

« Cheerleader » est le terme américain employé pour désigner une pom-pom girl, cette meneuse de claque pratiquant la danse et l’acrobatie avec de gros pompons aux bras pour soutenir les équipes ou animer les temps morts lors des matchs de football américain ou de basketball. Le cheerleading, né au 19e siècle, était à l’origine pratiqué par les hommes blancs dans les universités américaines. Cette activité sportive ne s’est ouverte aux femmes qu’après la première guerre mondiale, en 1923, et elle est de nos jours très majoritairement féminine.

Mais en 1992, pour la première fois, le cortège de la Lesbian & Gay Pride s’ouvre sur le défilé des « pom-pom girls » d’Act Up - Paris. Il est mené par son charismatique président Cleews Vellay, qui décèdera du sida deux ans plus tard, à 30 ans. Le cortège brandit alors le slogan « J’ai envie que tu vives ». Il n’est pas étonnant que les manifestant-e-s d’Act Up se soient emparé-e-s de cette pratique lors de cette marche revendicative pour montrer un visage de la lutte menée face à la tragédie de l’épidémie, plein de vie, battant et réactif. Le film de Robin Campillo 120 Battements par minute, couronné par un Grand Prix cannois en 2017, nous replonge dans cette période et nous montre jusque sur l’affiche de son film ces militants brandissant des pompons roses et noirs aux couleurs du mouvement associatif. Et leur danse pour la vie.

Dimanche 21 janvier 2018


Planche de surf décorée d’objets ramassés sur les plages - Biarritz, France © Mucem

Planche de surf décorée d’objets ramassés sur les plages - Biarritz, France © Mucem

Planche de surf décorée d’objets ramassés sur les plages
Biarritz, France
2006.55.32
Cette planche de surf décorée d’objets ramassés sur les plages fait écho au « Forum des lanceurs d'alertes » du 25 janvier 2018 au Mucem.

En 1990, Surfrider Foundation Europe, association loi 1901 à but non lucratif, voit le jour à Biarritz à l’initiative du triple champion du monde de surf Tom Curren et de surfeurs en colère se mobilisant pour dénoncer la pollution du littoral et des océans. Ils veulent attirer l’attention de l’opinion publique et des décideurs politiques sur ces enjeux environnementaux.

Mais malgré des campagnes de nettoyages de plus en plus fréquentes, la quantité de déchets apportée par la mer sur les plages n’a cessé d’augmenter. Et il a fallu attendre presque 30 ans après la création de la Surfrider Foundation Europe, pour que le Grenelle de la mer, en 2009, à la suite du Grenelle de l’environnement de 2007, dote l’Etat français d’une politique de la mer intégrant enjeux environnementaux, climatiques et biodiversité.

Ce surf détourné en objet pédagogique est composé de déchets récoltés sur la plage (produits ménagers, jouets, aérosols, mégots, ampoule, brique de vin de table, tampons hygiéniques…) lors d’une des premières campagnes de nettoyage menée par l’association Surfrider Foundation. Pour ses membres, ces objets représentent un des moyens d’alerte et de sensibilisation afin de modifier les comportements de chacun vis-à-vis du littoral, mêlant recyclage, environnement, éducation et processus de création. Ce surf a ainsi été présenté lors de nombreuses compétitions, actions pédagogiques et expositions depuis 1990 avant d’intégrer les collections du Mucem.

Dimanche 14 janvier 2018


Maquette originale du ciné-roman - À bout de souffle parue dans Le Parisien libéré © Mucem

Maquette originale du ciné-roman - À bout de souffle parue dans Le Parisien libéré © Mucem

Maquette originale du ciné-roman À bout de souffle parue dans Le Parisien libéré
Raymond Cauchetier (photographie)
Paris, France
1959-1969
Tirages photographiques collés sur carton
Cette maquette originale du ciné-roman À bout de souffle fait écho à l’exposition « Roman-Photo » présentée au Mucem jusqu’au 23 avril 2018.
Le film A bout de souffle de Jean-Luc Godard est tourné à Marseille et à Paris en 1959 et sort en salle en mars 1960. Emblématique du courant de la Nouvelle Vague, le scénario est de Godard et Truffaut ; Claude Chabrol en assure le conseil artistique. Il raconte le retour à Paris de Michel Poiccard, alias Laslo Kovacs, un jeune voyou interprété par Jean-Paul Belmondo, afin de retrouver son ancien amour Patricia Franchini, une jeune étudiante américaine jouée par
Jean Seberg. Le film est considéré à sa sortie comme résolument moderne, grâce notamment à ses innovations stylistiques (faux raccords et plans-séquences). En 1960, il reçoit l’Ours d’argent du meilleur réalisateur au Festival de Berlin, le prix Méliès et le prix Jean-Vigo. Il fut interdit aux moins de 18 ans à sa sortie en France. Le scénario autorise de longs détours qui ne vont pas forcément apporter du sens à la narration. Raoul Coutard a tourné caméra à l’épaule, sans lumière artificielle et en décors naturels. Raymond Cauchetier était le photographe de plateau et ses photographies ont servi à la promotion du film.
Raymond Cauchetier a également adapté le film en ciné-roman sous deux formats. Le premier, en 400 photographies, est publié en 50 épisodes dans le quotidien Le Parisien Libéré à compter du 13 juin 1969. Un autre de 56 pages avec 270 photographies, est paru le 15 janvier 1970 dans le numéro spécial de la revue Chez Nous, Roman-film complet, édité par Dargaud.
Le Mucem a pu faire auprès de Raymond Cauchetier une acquisition importante d’un matériel unique. Les 48 maquettes originales constituées de tirages photographiques et des textes tapuscrits collés sur carton recouvert d’un calque, les 23 plaques d’impression en zinc et les 50 publications du Parisien Libéré du ciné-roman A bout de souffle sont un témoignage rare de la technique de fabrication de ce genre phare de la presse populaire en lien avec le septième art. Les archives et l’entretien réalisé avec Raymond Cauchetier donnent à voir les coulisses de son élaboration et les modalités économique et artisanale de cette production.

Dimanche 7 janvier 2018


Armand de Solignac, Le Gâteau des rois, souvenirs d'enfance - Limoges Barbou frères, (1872) © Mucem

Armand de Solignac, Le Gâteau des rois, souvenirs d'enfance - Limoges Barbou frères, (1872) © Mucem

Armand de Solignac, Le Gâteau des rois, souvenirs d'enfance
Limoges : Barbou frères, (1872)
In-12, 124 p., planche.
Ce livre d’histoires a été donné à la bibliothèque du Département et Musée National des Arts et Traditions Populaires en 1940, par Agnès Humbert, historienne de l’art et résistante française, membre du tout premier mouvement de résistance en zone occupée, le groupe du musée de l'Homme. Ce livre fait partie du fonds très important de contes, d’histoires, traditions et légendes populaires de la Bibliothèque du Mucem.
Extraits de l’Introduction :
«… le jour des Rois, après les offices de la journée, après les prières, après les visites, les convives du curé de Luchapt, fidèles au rendez-vous, se placèrent devant le feu, autour de la table hospitalière, pour le festin de la famille. Bientôt, sur un immense plateau, on servit le gâteau célèbre. Au choc des verres, aux éclats de la joie, on tira au sort cette royauté qui ne coûte ni soupirs ni larmes, on se passa ce sceptre qui ne pèse point dans la main de celui qui le porte. Puis, la soirée se prolongeant, et sur la demande réitérée de la reine, ma plus jeune sœur, il fut convenu que chacun des convives raconterait une histoire pour les enfants.
    Ce sont ces nouvelles, improvisées par les voisins de mon oncle pendant une soirée neigeuse, devant le feu, autour d’une table chrétienne, que l’un des enfants pour qui elles étaient racontées offre aujourd’hui à ses plus jeunes frères. »
Armand de Solignac (pseudonyme d’Armand de la Porte des Vaulx) est un auteur de romans et de biographies historiques, né en 1826 et mort en 1890.