Document bilingue
Réserves et collections, un autre Mucem
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Du vendredi 7 juillet 2017 au vendredi 13 avril 2018
Prolongation de l'exposition au Centre de ressources et de conservation jusqu'au 13 avril 2018
À la suite de résidences et d’ateliers préparatoires, artistes et chercheurs proposent une activation inédite des collections du Mucem à travers l’exposition « Document bilingue », présentée au fort Saint-Jean jusqu'au 13 novembre 2017 et prolongée au Centre de conservation et de ressources (CCR) jusqu'au 13 avril 2018.
Le Mucem abrite dans ses réserves les collections de l’ancien Musée national des Arts et Traditions populaires, créé en 1937 par Georges Henri Rivière. Témoins artisanaux ou préindustriels d’un âge lointain, les objets rassemblés constituent les butins raisonnés de collectes méthodiques menées au cours d’enquêtes de terrain, enrichis d’acquisitions nouvelles depuis l’ouverture du musée. La question de la nature bifide de l’objet, partagé entre art populaire et discours scientifique, fut au cœur même du projet de Rivière. Mais qu’en est-il désormais de ces collections aujourd’hui en sommeil dans les réserves du Mucem ? Un sentiment trouble s’empare du visiteur à la vue de ces curieuses et parfois désuètes capsules temporelles. Si quelques objets peuvent être convoqués pour une exposition particulière, comment mobiliser de manière plus générale la collection dans le cadre d’un musée de civilisation ? Comment activer, voire performer, un document en réfléchissant sa nature bilingue : objet au statut esthétique ou poétique, mais aussi témoignage à valeur ethnographique ? L’art saurait-il être, paradoxalement, le terme de réactivation de ces trophées ?
Avec les artistes Yto Barrada, Omar Berrada & M'Barek Bouhchichi, Érik Bullot, Uriel Orlow et Abril Padilla.
Commissariat général: Sabrina Grassi et Érik Bullot, commissaires invités
Commissaire associé: Jean-Roch Bouiller, conservateur, chargé de l’art contemporain au Mucem
Scénographie: Olivier Bedu, Struc’ Archi
Avec le soutien du Cercle entreprises Les amis du Mucem et de la fondation Pro Helvetia
Catalogue bilingue français-anglais en coédition avec Manuella éditions.
Entretien avec Sabrina Grassi et Érik Bullot, commissaires de l’exposition
Mucem (M) |
Qu’est-ce que ce « document bilingue » qui a donné son titre au projet ? |
Sabrina Grassi (SG) |
On trouve l’expression « document bilingue » sous la plume de Freud pour décrire la manière dont un même contenu psychique peut trouver à s’exprimer par deux types de névroses. L’expression nous a semblé qualifier de façon frappante la nature ambivalente des objets des collections du Mucem, à la fois témoins d’enquêtes ethnographiques et fétiches poétiques. |
Érik Bullot (ÉB) |
Nous voulions interroger les collections en observant les protocoles d’acquisition, les principes de classement, les méthodes de classification, l’histoire singulière des objets, bref interroger l’étiologie des collections, d’où le recours à une métaphore analytique. |
M |
Vous avez choisi des artistes aux pratiques très variées : plasticien, cinéaste, écrivain artiste sonore… Une façon d’aborder la collection dans toute sa diversité ? |
ÉB |
Il s’agit de proposer une variété d’approches en choisissant des artistes soucieux des questions muséographiques et ethnographiques, intéressés par les problèmes généalogiques de constitution des collections. D’où le choix d’une compositrice comme Abril Padilla qui explore la nature sonore des objets, d’artistes visuels comme Yto Barrada ou Uriel Orlow qui questionnent la statut des objets au sein des musées. D’où la présence d’un écrivain et traducteur comme Omar Berrada et de l’artiste M’barek Bouhchichi. Il s’agit bien en effet d’un principe de traduction générale. |
M |
Cette exposition est l’aboutissement d’un processus de plusieurs années. Comment s’est déroulé le travail des artistes ? |
SG |
Cette exposition s’inscrit dans le cadre de la recherche en art qui consiste, non pas à proposer des sublimations esthétiques ou de simples détournements d’objets, mais à questionner les collections à travers leurs histoires, leurs méthodes et leurs symptômes. Dès lors, les artistes sont venus en résidences pour travailler sur les collections, en dialogue avec les équipes du Mucem. Des ateliers préparatoires ont permis de confronter, avec d’autres chercheurs en sciences sociales, les enjeux de l’exposition. |
M |
Le projet est aujourd’hui restitué à travers une exposition en deux volets : concrètement, que verra-t-on ? |
SG | Il s’agit d’articuler la salle Georges Henri Rivière du fort Saint-Jean avec l’espace d’exposition du Centre de conservation et de ressources (CCR) pour établir un lien entre le musée et ses collections. Les artistes proposent, à partir des fonds qu’ils ont choisis dans les collections, des œuvres filmiques, des pièces sonores, des installations, proches de l’enquête ou de la fiction, en regard parfois des objets exposés dans des vitrines. Ces travaux restituent des recherches qui se sont déployées bien au-delà des réserves, aux Archives nationales à Pierrefitte, à la Maison centrale de Poissy où sont numérisés des fonds photographiques ou encore au Maroc… Mais l’exposition se décline également par la programmation d’événements, notamment un parcours sonore dans l’espace urbain, et la publication d’un livre de recherche aux Éditions Manuella qui témoigne de ce travail d’enquêtes préalable. |
M |
Érik Bullot, vous participez à cette exposition en tant que co-commissaire mais aussi en tant qu’artiste. Pouvez-vous nous parler plus précisément de cette expérience ? |
ÉB | En questionnant la frontière et la traduction, il nous a semblé pertinent que l’un d’entre nous, cinéaste, particulièrement intéressé par les enjeux de la traduction, s’implique des deux côtés de la ligne de démarcation par la réalisation de films pour l’exposition, questionnant également notre propre position curatoriale. Mais ce fut aussi le cas d’Omar Berrada qui a dédoublé sa position en invitant un artiste, M’barek Bouhchichi, pour une œuvre duelle. |
Éditions
Document bilingue
Catalogue d'exposition en coédition Mucem / Manuella éditions
Sous la direction d’Erik Bullot et Sabrina Grassi Commissaires associés : Marie-Charlotte Calafat et Jean-Roch Bouiller Avec les contributions de : Yto Barrada, Omar Berrada & M'barek Bouhchichi, Jean-Roch Bouiller, Marie-Charlotte Calafat, Érik Bullot, Yaël Kreplak, Franck Leibovici, Uriel Orlow et Abril Padilla. Sous la direction d’Erik Bullot et Sabrina Grassi Commissaires associés : Marie-Charlotte Calafat et Jean-Roch Bouiller Avec les contributions de : Yto Barrada, Omar Berrada & M'barek Bouhchichi, Jean-Roch Bouiller, Marie-Charlotte Calafat, Érik Bullot, Yaël Kreplak, Franck Leibovici, Uriel Orlow et Abril Padilla.
Parcours de l'exposition
Rewind & play, parcours sonores pour smartphones
Dans le souci de relier les lieux habituels d’exposition et les réserves, Abril Padilla a créé un parcours sonore dans la ville qui invite le visiteur à parcourir le chemin de l’objet muséal vers ses réserves, à rebours.
RW & PLAY, composition radiophonique à écouter sur smartphone, part du fort Saint Jean en direction du Centre de Conservation et de Ressources dans le quartier de la Belle de Mai, en passant par une écoute active dans le métro, entre les stations "Vieux Port" et "Gare Saint Charles".
Au Centre de conservation et de ressources (CCR), d'autres pièces prolongent le parcours d’écoute du visiteur par la découverte des trésors matériels et immatériels des archives du MnATP.
Partenaires et mécènes
Avec le soutien du Cercle entreprises Les amis du Mucem et de la fondation Pro Helvetia
En partenariat avec Les Inrockuptibles